“Ce morceau est en rouge”
MICHEL PETEAU, GUITARISTE ET ÂME DE CHEVAL FOU, rescapé de ces folles années psychédéliques, est toujours aussi allumé. Il parle doucement, avec une intensité calme, comme ceux qui sont allés de l’autre côté et en sont revenus, pour nous conter des histoires mythiques de la légende du rock seventies. Sa vie est un trip…
Un Touareg sur une autruche
ROCK&FOLK: Tout a commencé en 1971…
J’avais dix-sept ans. Le déclic, ça a été un concert mythique: “Tommy” des Who au Théâtre des Champs-Elysées… J’en suis sorti complètement” Et toute la famille a changé de vie. Il a créé “Le Pop”, puis la “Tribu du Pop”, du nom de ce journal devenu itinérant. On arrivait dans une ville et il utilisait les moyens locaux pour créer le journal. On était entre trente et quatre-vingts… Quand on croisait les autres communautés, ça faisait cent cinquante personnes sur la place du village. Comme Gong, que j’ai connu à Dieulefit, avec Kevin Ayers, Robert Wyatt, Jacques Higelin, Valérie Lagrange, Pierre Clémenti, Jean-Pierre Kalfon, tout le monde était là… On était des freaks, le mot hippie m’a toujours un peu emmerdé. On avait une énergie incroyable, on créait, on bougeait, on était complètement autonomes, avec un groupe électrogène, un chapiteau, un camion de light shows, un autre pour la musique, et tout le monde suivait en bus Volkswagen. Un concert qui nous a vraiment marqués, c’était aux Baux-de-Provence, où Jean Cocteau a tourné “Orphée”. On s’est installé d’une manière un peu sauvage, on a mis le light show sur les façades pharaoniques, avec des gélatines qui fondent, très Floyd du début, et on a joué pendant une semaine, c’était magnifique…
