Le constat est sans appel, et les comptes vite fait : en un an, trois saisons, sept sessions et vingt-deux destinations (haute couture incluse), ces grand-messes ont vu leurs défilés en physique quasiment disparaitre, tombant les uns après les autres comme un château de cartes, souvent à la dernière minute, face aux contraintes sanitaires imposées par la pandémie mondiale de Covid-19. Pour les dernières sessions courant de mi-février à mi-mars, de New York à Londres et de Milan à Paris, on ne parlait déjà plus que de “digital only”, et c’est tout le secteur de l’industrie du luxe qui a dû une nouvelle fois composer avec de drastiques impératifs. Mais dire que ces semaines de la mode ont perdu tout leur sens serait bien mal en connaître les différents acteurs, œuvrant en coulisses à la renommée d’un secteur qui repose en grande partie sur leur créativité sans limites! Juste retour des choses, face à l’adversité, la nature humaine est pleine de surprises et la résistance s’organise. Sortie de zone de confort, remise en question, contournement du problème, système D… Imagination et innovation se sont révélées de formidables palliatifs à une catastrophe annoncée. Un paysage inédit s’installe, fait de nouveaux moyens d’expression, de nouveaux vecteurs de communication et surtout de nouveaux outils de production, car tous s’accordent à dire que s’il y a bien une chose dont on soit sûr face à l’inconnu c’est que la digitalisation des fashion weeks est bien en marche et que l’on ne reviendra plus jamais en arrière. À un paradoxe près, et il a son importance : le défilé “d’antan” n’est pas mort pour autant.
L’OFFICIEL HOMMES : Il y a tout juste un an, les fashion weeks femmes étaient rattrapées par les prémices de ce qui allait devenir la pandémie mondiale que l’on sait, avec un premier confinement signant l’arrêt de l’économie, et la remise en question d’un système de défilés bien rodé depuis des décennies. Dans quel état d’esprit étiez-vous alors?
Je ne me rappelle pas avoir eu de réaction soudaine, sans doute parce que, contrairement à d’autres évènements dramatiques de l’actualité, celui-ci n’a pas été daté précisément. Au contraire, je me souviens de quelque chose qui est monté lentement, à New York d’abord, où de vagues rumeurs venaient troubler la fashion week, puis plus sérieusement à Milan avec cette annulation dernière minute du défilé Armani qui clôturait la semaine. En revanche, Paris se disait qu’elle avait finalement la chance d’être relativement épargnée, avec ce sentiment de passer entre les gouttes. Tous les shows avaient été maintenus, sauf quelques évènements annexes, mais sans plus. Ceci étant, j’ai rapidement compris ! Bureau Betak a une antenne en Chine, et les nouvelles n’étaient pas bonnes. J’ai vite été rattrapé par ce sentiment d’être au