GQ France

EN TOUTE SINCÉRITÉ

JE ME TROUVE ATTABLÉ AU FOND du Malibu Seafood Fresh Fish Market & Patio’s Café, en compagnie d’un homme qui, comme moi, porte un masque. Personne autour de nous ne semble le reconnaître. Et encore moins prêter attention à notre conversation, emportée par la douce brise californienne et couverte à la fois par le bourdonnement des voitures sur la Pacific Coast Highway et le fracas des vagues au loin. Elle pourrait pourtant en intéresser plus d’un : ce quinquagénaire me parle de Bono, de son statut d’ex-jeune premier, ou d’un tournage en France interrompu pour cause de confinement. Mais nous ne serons jamais dérangés durant ces deux heures d’entretien, au cours desquelles Matt Damon, que j’imaginais comme l’une de ces stars un peu lisses qui débitent des anecdotes soigneusement préparées, va au contraire se montrer beaucoup moins dans le contrôle que ce que l’on pourrait croire.

Si l’acteur est aujourd’hui masqué, c’est que sa fille de 12 ans, Gia, vient juste de contracter le Covid. Le reste de la famille a été testé négatif mais il préfère rester prudent. Les Damon ne sont de retour aux États-Unis que depuis trois semaines, après un séjour prolongé en Australie – nous y reviendrons – et un passage en juillet à Cannes pour la présentation de Stillwater, sorti en salles en septembre, dont il partage l’affche avec Camille Cottin. Ce mois-ci, il est dans Le Dernier duel de Ridley Scott, dont l’action se déroule pendant la guerre de Cent Ans et qu’il décrit comme un « anti-film de capes et d’épées ».

À la fin de la projection de au Palais des festivals, l’assistance a offert une standing-ovation et les caméras ont montré quelques larmes couler sur les joues de Matt Damon. « Je ne m’étais pas aperçu que je pleurais, sincèrement ! Mais, ouais, c’est vrai, j’ai été agréablement submergé par l’émotion, raconte-t-il. Je ne suis pas non plus du genre à avoir la larme facile. Mais je n’ai pas de problème avec ça. D’ailleurs, j’ai remarqué que beaucoup d’hommes pleuraient plus facilement en vieillissant. » L’acteur nous confie néanmoins avoir été ému aux larmes, le film qui l’a révélé lui et son ami de Boston, Ben Affeck, en 1997. « C’est le genre de moment qui vous cueille. Ben et moi, on s’était retrouvés à regarder des acteurs, et quels acteurs , jouer les répliques que nous avions écrites… c’était un mélange de joie et d’incrédulité, de soulagement, de gratitude. C’était magique. Je n’ai pas honte de le dire. »

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