Rolling Stone France

Loquillo ROCK’N’ROLL ATTITUDE

UN ARTISTE À PART, un personnage, une figure même. De son quasi double mètre, Loquillo regarde sans toiser. De sa voix de stentor, il parle en réfléchissant à chaque mot, à chaque phrase. “Je me considère comme un artiste rock espagnol, car je mêle toutes mes références à ma langue maternelle et je mets le tout en mouvement”, explique d’emblée celui qui a débuté dans les bistrots de Las Ramblas de Barcelone, en chantant des standards de Chuck Berry et de Gene Vincent en “spanglish” devant des marins américains.

C’est dans un Parador, à quelques kilomètres de Ciudad Real, une ville située au sud de Madrid, que Loquillo reçoit Rolling Stone, en cette mi-août outrageusement ensoleillée. À 39° à l’ombre, Loquillo parle et pense en même temps. Il pense à ce concert qu’il doit donner le soir même dans une salle de 5000 places, mais avec seulement un petit millier de fans en raison du manque d’un dispositif sanitaire efficace: “Contrairement à la France, nous n’avons aucun moyen permettant aux artistes de jouer dans les meilleures conditions possibles, signalet-il, amer. Ce soir, je vais donner un concert d’une heure et quarante-cinq minutes au lieu de deux heures trente, et comme on n’a pas de “pass” ici, la jauge est divisée par quatre!” Pourtant, malgré les conditions draconiennes imposées par les mesures sanitaires, le show a soulevé l’enthousiasme du public masqué cloué sur sa chaise, saluant la performance de ce chanteur, ancien joueur professionnel de basket, unique en son genre, rappelant par certains côtés la puissance des sets de Bruce Springsteen ou de Bob Seger, avec le lyrisme de Jacques Brel et une gestuelle à la Johnny Hallyday. Loquillo sera d’ailleurs à Madrid à la mi-novembre, au WiZink Center – l’équivalent de Bercy –, après avoir rempli jusqu’au dernier rang la Plaza de Toros Monumental, les arènes de la capitale espagnole, lors de sa précédente tournée.

Toutefois, le Covid a, pour le siècle. Le rock est, à son sens, devenu la musique classique du XXI siècle, et son pouvoir en tant que bande originale des grands changements du monde a été balayé et n’intéresse pas les nouvelles générations, mais il garde espoir: “ Pour contrer l’épidémie, lors du premier déconfinement et pour ne pas devenir fou, il a mis de côté le rock – fermeture des grandes salles oblige – pour proposer un spectacle original autour de la poésie contemporaine, accompagné par des musiciens de jazz: s’amuse-t-il. Une autre planète, en somme, pour celui qui, jeune punk, s’est fait signer par un label alors qu’il n’avait ni groupe, ni répertoire, juste une rock’n’roll attitude.   A por ellos…! que son pocos y cobardes [À l’attaque, ils sont aussi lâches que peu nombreux’, ndlr]

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