Caroline Tissier, déco de chefs
krame Benallal, David Toutain, Christophe Hay, Jacky Ribault, Yohann Chapuis, Guillaume Sanchez, Thibault Sombardier… Pour la plupart étoilés, tous ces chefs ont un point commun qui n’est pas anodin : avoir confié la décoration de leur restaurant à Caroline Tissier. Cette architecte d’intérieur s’est, en à peine dix ans d’activité, forgé une solide réputation dans l’aménagement de tables pour des cuisiniers en pleine ascension. Pourtant, le explique-t-elle. C’est à la trentaine que l’évidence du métier lui revient comme un boomerang. Elle retourne pendant deux ans sur les bancs de l’école, cette fois-ci pour y suivre une formation en architecture d’intérieur. Diplômée de l’école Boulle, elle démarre chez Ligne Roset sur des projets d’aménagements pour des particuliers, puis rejoint son mari au sein d’un bureau d’études spécialisé en café-hôtellerie-restauration (CHR). Après une demi-douzaine d’années à développer des concepts, elle éprouve le besoin de monter sa propre structure afin d’être au plus près du métier d’architecte, tout en continuant de travailler avec son mari sur certains chantiers. L’un d’eux, plutôt singulier, témoigne de cet attachement à l’univers de la restauration que Caroline Tissier nourrit. Peu de temps avant, c’est surtout un projet pour un chef parisien très attendu par la critique qui va amorcer son activité en nom propre. En 2011, elle signe ainsi le « décor » de la table parisienne d’Akrame Benallal, rue Lauriston. expliquet-elle. Si cette table-là joue la carte d’un XVI arrondissement chic, mais qui ose, avec notamment une galerie de portraits de femmes tatouées accrochés au mur, celle d’un David Toutain propose une ambiance plus épurée, entre élégance scandinave et loft new-yorkais. Du côté de L’Ours, à Vincennes (94), de Jacky Ribault, il s’incarne dans une atmosphère de maison de campagne contemporaine. Car il n’y a pas une « griffe » Caroline Tissier, comme certains décorateurs la revendiquent par des jeux stylistiques très reconnaissables. décrypte Caroline. Pour autant, l’architecte sait parfaitement qu’il y a des codes à respecter, notamment un certain confort et parfois ceux dictés par le guide Michelin. avoue-t-elle. Mais quel que soit le projet, elle porte une grande attention au traitement de la lumière: Même si, d’une manière générale, elle admet volontiers qu’un restaurant réussi est surtout le fruit d’un juste équilibre entre la cuisine, la déco et le service. L’approche semble satisfaire ceux qui l’ont sollicitée une première fois, puisqu’ils sont quelques-uns à refaire appel à elle. À l’image de Jacky Ribault, qui lui a confié la réalisation, à Noisy-le-Grand (93), d’une brasserie associée à des commerces de bouche, ou bien encore de Christophe Hay, pour qui elle a déjà signé La Maison d’à côté, en 2015, à Montlivault (41). Il lui a donné de quoi phosphorer pour les dix-huit mois à venir, sur la reconversion d’une bâtisse monumentale du XVII siècle, située en bord de Loire, en un établissement comprenant un hôtel 5 étoiles de 44 chambres, une table gastronomique, une brasserie, une pâtisserie et un spa. On en a d’ores et déjà l’eau à la bouche.
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