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LUMIÈRES DIVINES

LS’EN SOUVIENT COMME SI C’ÉTAIT HIER. Klaus Voormann, cet éternel gentleman au visage serein et au regard candide d’enfant, aime raconter qu’il n’avait vraiment aucune idée de ce qui l’attendait, en ce jour de la fin mai 1970, quand il a débarqué aux Studios EMI – futurs Abbey Road Studios. La seule chose que sait le jeune bassiste, graphiste (la pochette de Revolver, c’est lui) et ami des Beatles depuis leurs débuts héroïques à Hambourg, c’est que George Harrison est sur le point de se lancer dans un nouveau projet et que c’est Ringo Starr qui y assurera la batterie. Avant même de réaliser ce qui lui arrive, Voormann se retrouve à la basse, en train de répéter une nuée de chansons de George que personne n’a jamais entendues – l’une après l’autre, une quinzaine au total, au nombre desquelles figurent “What Is Life”, “Awaiting on You All” et “My Sweet Lord”. “J’ignorais totalement qu’il avait autant de chansons en réserve, s’émerveille encore aujourd’hui Voormann. C’était stupéfiant. Ringo et moi, on s’amusait à essayer de le suivre plus ou moins tandis qu’il jouait.”

Cette première session va marquer le point de départ de ce qui deviendra All Things Must Pass, le monumental triple LP qui va imposer Harrison en tant qu’artiste solo, quelques mois seulement après l’implosion des Beatles. De l’alchimie entre les chansons d’Harrison et la conception de son coproducteur, Phil Spector, de réaliser des disques avec un maximum de réverb’ et une armée de musiciens, émergera cet album magnifique, à la fois austère et majestueux, mais aussi puissamment mélodique – “All things must pass away”… le titre, tout autant que la photo de pochette montrant Harrison assis dans le jardin de Friar Park, entouré de quatre nains de jardin, pouvait être interprété comme son commentaire sur la fin des Beatles.

“J’IGNORAIS TOTALEMENT QU’IL AVAIT AUTANT DE CHANSONS EN RÉSERVE.” KLAUS VOORMANN

Depuis l’ère du CD, l’album a fait anniversaire – le triple LP est en réalité sorti le 27 novembre 1970 – a été revisité de la façon la somptueuse qui soit. La plus délicate aussi. Remixer un album produit par Phil Spector – soit des strates et des strates d’instruments en tous genres se superposant pour créer le légendaire du petit Wagner de la pop – relevait jusqu’ici d’un défi impossible à relever pour n’importe quel ingénieur du son. Les stupéfiants progrès technologiques réalisés ces dernières années ont notamment permis aux sorciers du son du label Apple Records de réaliser de nouveaux mix, à la fois fidèles aux originaux et très contemporains par leur dynamique, de monuments qu’on disait intouchables tels que , le et des Beatles. C’est avec la même méticulosité, le même respect de l’œuvre originale que a été revampé… et surtout enrichi, dans sa version “Deluxe”, de trois CD entiers de matériel officiellement inédit à ce jour.

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