La loi du jingle
Affaire N°19: Sixième Son Communication contre David Gilmour et Sony Music
CES DEUX-LÀ NE SE SONT JAMAIS BIEN ENTENDUS. Les Francs et les Anglo-Saxons. La France contre la perfide Albion. A croire que ce sont toujours les Anglais qui gagnent. La nouvelle est presque fraîche. Le 15 juin dernier, David Gilmour a gagné sa bataille, en appel. Quelques jours en vacances en France ne lui auront jamais été aussi favorables.
Tout commence à Aix-en-Provence en août 2013. David Gilmour visite des amis dans le sud de la France. Lorsqu’il sort du wagon de première classe, il est happé par le jingle que les voyageurs hexagonaux connaissent désormais presque tous (94% selon un sondage) depuis mars 2005. Quatre notes: do, sol, la bémol et mi bémol. Ou Boumendil est honoré. Gilmour lui propose de coécrire le titre. La SNCF est d’accord pour permettre au guitariste star d’utiliser la mélodie à titre gracieux. Pour la SNCF, c’est une belle reconnaissance. Gilmour met dans les pattes de Boumendil son manager, Paul Loasby. Loasby fait écouter une première version d’un enregistrement composé par David Gilmour et enregistré avec ses musiciens, et intégrant un extrait de la composition musicale “Le Lien SNCF” (soit le petit jingle de gare). Ça discute entre avocats. Il faut rédiger des accords qui tiennent la route. Fin 2014, un contrat est conclu entre la société David Gilmour Music Limited (agissant pour le compte de David Gilmour), Michaël Boumendil, coauteur, et la société Sixième Son Edition, éditeur, relatif au partage des revenus, à la titularité des droits d’auteur, à la licence du droit de reproduction mécanique et aux droits moraux de ” Un contrat est également signé avec la SNCF qui autorise Sixième Son Communication à collaborer avec David Gilmour. Tout roule. Boumendil est invité aux studios Astoria, la mythique péniche enregistreuse du directeur général (DG) de Pink Floyd. C’est le 23 juin 2015. Gilmour lui fait écouter la version finale de “Rattle That Lock”. Cela fait un moment que l’album est tenu au secret. Il paraîtra dans moins d’un mois. Quelques semaines avant, Boumendil est invité sur le plateau de RTL. Il raconte, avec humilité, son sentiment de contentement. L’entrepreneur se bat pour créer des marques plus belles. Il explique avoir refusé plusieurs propositions, et même de gens connus, pour exploiter son oeuvre. Avec Gilmour, c’est différent. Et il sera considéré comme coauteur. Aux côtés d’un monstre sacré. L’animateur fait passer (en avant-première) la bande de l’enregistrement. Le son est mauvais. C’est une prise pirate. Boumendil, fort surpris de cette trouvaille, fait la moue. L’interview s’achève, tout le monde sourit. Dans quelques jours paraîtra l’oeuvre du génial guitariste.
