Rock and Folk

DUSTY SPRINGFIELD

“J’ai utilisé tant de laque que je me sens personnellement responsable du trou dans la couche d’ozone”
En Afrique du Sud, elle exige de jouer devant des salles mixtes. Les autorités refusent, elle rentre chez elle

LLE EST, ÉVIDEMMENT L’IMPÉRATRICE ABSOLUE DE LA BLUE EYED SOUL. Mais l’appellation est trop réductrice. Elle a été, tout simplement, l’une des plus grandes chanteuses de son temps et, pour beaucoup, elle est la plus grande. Inégalable, insurpassable. Dusty avait tout pour elle. Les chansons, qu’elle choisissait avec un goût exquis, de grands producteurs, arrangeurs, musiciens et choristes (dont la grande Madeline Bell, qui a sorti en solo dans les sixties des albums très impressionnants), ce look avec cette choucroute blonde et beaucoup de mascara — — dira-t-elle plus tard — et puis, il y a cette voix. Le timbre, le phrasé, ce chant hyper sensuel mais très expressif, aussi génial lorsqu’elle susurre que lorsqu’elle ouvre le coffre. Jeff Barry, cador du Brill Building, auteur de dizaines de tubes avec sa femme Ellie Greenwich, a dit Il suffit de comparer ses interprétations des merveilles de Burt Bacharach et Hal David avec celles de Dionne Warwick. Dionne est impeccable, chic mais lisse, parfaitement juste, mais on a l’impression qu’elle est en pilotage automatique sur une autoroute spécialement construite pour elle. Lorsque Dusty s’y met, c’est tout autre chose: chaque phrase gagne en profondeur, le chant est tout en nuances. Sa version de “The Look Of Love” écrase toutes les autres. Idem pour “This Girl’s In Love With You”, qui hérisse les poils. “Wishin’ And Hopin’”, l’un de ses premiers tubes, également signé Bacharach et David, est du même niveau. La Warwick, qui se sentait attaquée sur son propre terrain, la détestait. Nina Simone — notoirement cintrée — lui a un soir lancé un verre alors que Dusty était sur scène. Cliff Richard, indélicat, la traitait de Nous y sommes: Dusty adorait la musique noire, a fait venir en Angleterre les groupes de Tamla Motown qu’elle aimait tant (et repris certains de leurs titres comme “Needle In A Haystack”), et Berry Gordy l’a publiquement remerciée pour avoir plus que contribué au succès des artistes de sa maison en Angleterre.

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