Le fana de l'aviation

Du 11 au 28, les chasseurs sillonnent le ciel d’Europe

Peu après l’entrée en service au front du Nieuport 10 biplace au mois de mai 1915, l’expérience des premiers combats conduisit à modifier cet appareil en monoplace en condamnant la place avant de l’observateur et en adaptant un armement fixe d’une mitrailleuse installée sur l’aile supérieure, tirant vers l’avant au-dessus du champ de l’hélice. Cette modification, d’abord empirique, fut vite officialisée, et les usines Astra-Nieuport d’Issy-les-Moulineaux reçurent la consigne d’écouler leur commande en produisant un monoplace pour deux biplaces sortis de leurs chaînes de montage. Premier appareil de chasse standard en grand nombre de l’aéronautique militaire – le Morane monocoque ne fut commandé qu’à dix exemplaires par la France –, le Nieuport 10 biplace avec son moteur Le Rhône de 80 ch atteignit, selon les essais officiels de la Section technique de l’aéronautique, une vitesse maximale de 148 km/ au niveau du sol.

Le petit Nieuport 11 B face au Ponnier

La maison Nieuport, plutôt que de se contenter de produire son Nieuport 10 monoplace, étudia très rapidement durant l’été 1915 une ver sion monoplace de chasse bien plus adaptée, en développant le fuselage du petit monoplan type 11 de 1913, qui était le plus compact, le plus rigide et le plus léger des Nieuport de l’époque. Sa transformation en sesquiplan amena son constructeur à le désigner sous le nom de 11 B, voire Nieuport “13 mètres”, par référence à la surface de sa voilure – 13,3 m2 contre 18 m2 au Nieuport 10 – par ailleurs assez particulière puisque le plan supérieur trapézoïdal avait plus de corde aux extrémités qu’audessus du fuselage; en Italie, il demeura Nieuport-Macchi 11.000. Il pesait 480 kg en ordre de vol, soit deux quintaux de moins que le 10 B, mais était tiré par le même 80 ch Le Rhône, ce qui lui conférait des performances excellentes pour l’époque.

Le prototype étant très rapidement prêt dès la fin de l’été, le 10 septembre 1915, la commission d’examen des avions et moteurs de la Section technique de l’aéronautique se réunit pour commenter les résultats des essais en vols réalisés conjointement avec un prototype concurrent, le chasseur Ponnier. Le petit Nieuport 11 B, bien plus léger que le 10, était sensiblement plus rapide que le Ponnier puisqu’il atteignit les 162,5 km/h au niveau du sol, vitesse tombant à 160,5 à 1 000 m, 159 à 2 000 m et 149 km/h à 3 000 m. Le Ponnier était légèrement plus rapide de 5 km/h au niveau du sol, mais cet avantage s’estompait et les deux vitesses se rejoignaient à 3 000 m. En revanche, la vitesse ascensionnelle était nettement meilleure pour le Nieuport qui grimpait à 1 000 m en 4 min 05 s (contre 4 min 30 s pour le Ponnier), à 2 000 m en 9 min 15 s (contre 10 min 45 s) et à 3 000 m en 17 minutes (contre 21 minutes). Bien meilleur grimpeur, le petit Nieuport 11 B s’imposa sans difficulté dans le choix des décideurs publics d’autant plus qu’il “a l’avantage d’être assez semblable à un type d’avion de série [Nieuport 10] qui a fait ses preuves au point de vue train d’atterrissage, support de moteur, solidité, manoeuvrabilité”.

Également supérieur au Morane monocoque qui ne vole qu’à 145 km/h au niveau du sol et grimpe à 2 000 m en 10. Une chose est sûre, cependant, preuve photographique aidant: le 14 décembre 1915, l’adj. Charles Nungesser, pilote à l’escadrille N 65 stationnant sur le plateau de Malzéville pour servir d’escorte aux bombardiers Voisin du GB 1, ramena du Bourget un Nieuport 11 (n° 538) le jour même où le cne Brocard ramenait de son côté à son escadrille N 3 un autre exemplaire (n° 546). Nungesser livra deux combats infructueux les 14 et 16 décembre, très probablement sur son Nieuport 11, puis, cherchant à obtenir une meilleure précision de tir, installa sur son appareil une hélice à pales déflectrices “de type Garros” pour tirer à travers le champ de celle-ci avec une mitrailleuse fixée sur le capot. Il nota que les performances de son avion n’étaient pas sensiblement diminuées avec ce système qu’il n’utilisa visiblement au combat qu’une seule fois, le 4 janvier 1916, sur un Fokker poursuivi dans la région de Château-Salins, qui lui fila entre les doigts malgré cinq passes de tir. L’hiver imposa une pause sur le front pour les aviateurs qui n’allaient pas tarder à s’affronter.

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