Vanity Fair France

LE PRIX UNIQUE DU LIVRE

David Ward n’arrive pas à dire autre chose : « Impossible ! C’est impossible ! » L’inspecteur de Scotland Yard lève les yeux. À 15 mètres au-dessus de sa tête, quelqu’un a soigneusement évidé une lucarne dans la toiture de l’entrepôt Frontier Forwarding, dans la banlieue ouest de Londres. Il peut entendre au travers vrombir les réacteurs des avions de l’aéroport voisin de Heathrow. À ses pieds gisent trois grosses malles renforcées en métal, ouvertes et vides. Ou plutôt vidées d’un contenu extrêmement précieux. Quelques heures plus tôt, elles renfermaient des livres inestimables: 240 ouvrages de collection, parmi lesquels on trouvait les premières versions de certains des volumes les plus importants de l’histoire européenne.

Disparu, le Mysterium Cosmographicum de l’astronome Johannes Kepler, dans sa version de 1621 annotée par Albert Einstein; envolée, l’édition de 1777 des Philosophiae Naturalis Principia Mathematica dans laquelle Isaac Newton décrit pour la première fois la gravité et les lois de la physique moderne ; mais aussi la première biographie de femmes célèbres en Occident, De Mulieribus Claris, publiée en 1497, et une Divine Comédie de Dante Alighieri datée de 1569, un étui contenant quatre-vingts gravures de Francisco de Goya et surtout l’édition latine (1566) du fameux De Revolutionibus Orbium Coelestium de Nicolas Copernic, dans lequel il postule que la Terre et les autres planètes tournent autour du Soleil. Le prix de ce seul exemplaire s’élève à 240 000 euros et la valeur totale des livres dérobés au cours de cette nuit du 29 janvier 2017 avoisine les 3 millions d’euros, sans compter leur importance historique et les notes manuscrites laissées par leurs anciens propriétaires, qui les rendent uniques et irremplaçables.

Parmi les ouvrages dérobés, le MYSTÈRE de Kepler annoté par Einstein, les RÉVOLUTIONS de Copernic, pour un total de 3 millions d’euros.

L’inspecteur Ward reste perplexe : de toute sa carrière, il n’a jamais vu de cambriolage de ce genre. Les voleurs ont, selon toute vraisemblance, escaladé la façade de l’entrepôt avec du matériel digne du GIGN, puis parcouru le toit métallique et en pente par cette nuit froide et humide, avant de découper un trou dans la vitre en fibre de verre d’une lucarne et de s’y faufiler sans déclencher les alarmes ni se faire repérer par les caméras de surveillance. « C’est un boulot dangereux, dit le policier. Sûrement pas le genre de choses que tenteraient des cambrioleurs ordinaires. »

Au-delà de la prouesse acrobatique, il y a le butin lui-même. Dans un hangar plein de marchandises attendant de passer le contrôle des

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Vanity Fair France

Vanity Fair France2 min de lecture
ANATOMIE D’un Bracelet
Deux éléments composent ce bracelet élégant d’un poids total de 120,38g : un saphir du Sri Lanka non chauffé, taille coussin, de 118,17 carats, accompagné de 39,70 carats de diamants ronds et baguette, taillés sur mesure. Les saphirs du Sri Lanka, an
Vanity Fair France1 min de lecture
Langage FLEURI
« VOUS ÊTES DE LA MERDE DANS UN BAS DE SOIE ! » Napoléon à Talleyrand, en 1834. « IL N’A PAS PLUS DE COLONNE VERTÉBRALE QU’UN ÉCLAIR AU CHOCOLAT. » Le ministre de la marine Theodore Roosevelt au sujet du président américain William McKinley, en 1897
Vanity Fair France1 min de lecturePopular Culture & Media Studies
MONTÉE Des Marches
En 2001, Nicolas Ghesquière, alors directeur artistique de Balenciaga, a créé le City, souhaitant proposer un sac « léger, familier et efficace ». Le modèle, décliné depuis dans différentes teintes, est à l’origine d’une lignée d’autres iconiques de

Livres et livres audio associés