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Michel Onfray et Manuel Valls: la grande explication

Il y a quelques années, ils s’étaient échangé des amabilités par médias interposés: « Onfray perd les repères », « Valls est un crétin »… Une passe d’armes aussi révélatrice des déchirures idéologiques au sein de la gauche que de la qualité du débat au temps des « clashs

Coïncidence éditoriale, Manuel Valls et Michel Onfray publient tous les deux des livres sur la France. Avec Pas une goutte de sang français (éd. Grasset), l’ancien Premier ministre raconte dans un texte très personnel son parcours de fils d’immigrés devenu le chantre de la gauche républicaine, puis « l’un des hommes les plus détestés de son époque » (voir page 28). C’est sa « lettre à France » après l’exil en Catalogne. Dans L’Art d’être français (éd. Bouquins), l’intellectuel normand adresse, lui, des lettres à de jeunes Français, un manuel destiné à résister à ce qu’il estime être une époque nihiliste (voir les extraits page 26). On retrouve dans leurs ouvrages des détestations communes (Assa Traoré, Edwy Plenel) et des admirations pour des icônes nationales qui se ressemblent presque, à quelques siècles près – Rabelais et Voltaire chez le philosophe, Gérard Depardieu et Blanche Gardin pour le politique…

A L’Express, on s’est dit qu’il fallait réunir ces deux hommes apparemment irréconciliables. Surprise, ils ont dit oui. Non seulement aucun nom d’oiseau n’a été lâché durant deux heures, mais l’échange a volé haut et loin, jusqu’à l’avenir de notre civilisation. En costume, Manuel Valls avait studieusement pris des notes, preuve d’une lecture attentive – et en partie admirative – de L’Art d’être français. En baskets, Michel Onfray a failli se fendre d’un compliment sur son interlocuteur. La gauche de l’un est libérale et européenne, celle de l’autre, old school et souverainiste. Mais les deux ne rechignent pas à défendre l’autorité ou à s’en prendre à « l’islamogauchisme ». Le gagnant de cette grande explication? Le débat, par K.-O.

Commençons par solder les comptes. En 2015, Manuel Valls, vous vous en étiez pris à Michel Onfray après qu’il eut affirmé qu’il préférait « une idée juste d’Alain de Benoist à une idée fausse de BHL »…

Michel Onfray Attendez! Il manque la fin de ma phrase: « Je préfère une idée juste d’Alain de Benoist à une idée fausse de BHL et une idée juste de BHL à une idée fausse de BHL. » Ce qui n’est tout de même pas la même chose, convenez-en…

Un Premier ministre n’est pas obligé de réagir à toute intervention d’un philosophe ou d’un intellectuel. Et il vaut mieux lire les phrases dans leur ensemble. Mais Michel Onfray m’a répondu. Et j’en fais encore des cauchemars aujourd’hui! Je me réveille entouré de jeunes conseillers gominés qui me préparent des notes, moi qui ne lirais jamais et serais « un crétin » [NDLR: le philosophe avait accusé Manuel Valls de « n’avoir rien lu » et de s’être appuyé

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