Nikolaus Harnoncourt Le baiser des muses
Votre affinité avec le répertoire viennois, dont Schubert, est avérée depuis longtemps. Mais qu’en est-il des compositeurs “tchèques”, Smetana, Dvorak et Janacek?
Nikolaus Harnoncourt : J’ai l’impression, peut-être illusoire, de très bien comprendre cette musique. Pour moi, elle est tout simplement de la musique autrichienne! A son sujet, on peut parler d’une sorte de miracle, comme celui de la Pentecôte, ce phénomène par lequel on parle des langues différentes tout en se comprenant les uns les autres. Avec mon père, nous avions pour habitude de jouer les Trios de Dvorak à la maison, au même titre que ceux de Schubert. Plus tard, au Symphonique de Vienne, j’ai très souvent donné sa musique, notamment la Symphonie du nouveau monde. Je n’oublie pas non plus que c’est avec le Concerto pour violoncelle de Dvorak que j’ai auditionné devant Karajan au moment de mon engagement au Symphonique de Vienne…
Dvorak, compositeur “autrichien”, dites-vous?
Ma famille a des origines tchèques et au Symphonique de Vienne, encore après la guerre, une large proportion des musiciens étaient également d’origine tchèque. Vienne et Prague, c’était le de la . Je parle d’un “aspect national” car Dvorak – et avant lui Smetana – avait bien conscience de la richesse musicale de son pays, que l’on retrouvait dans le répertoire populaire, très vivace, comme dans la qualité bien connue en Europe des instrumentistes. Il existe une magnifique tradition, très ancienne, en Bohème et en Tchéquie. Smetana, Dvorak et plus tard Janacek ont su, à partir de cette tradition locale, créer une musique universelle.
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