ET DIEU CRÉA LE CHAMPAGNE
“Le champagne est le seul vin qui rend les femmes belles même après qu’elles l’ont bu”, disait la marquise de Pompadour, favorite de Louis XV. Elle en était si folle, dit-on, que la toute première coupe à champagne fut moulée sur son sein. Légende peut-être; il n’en demeure: à partir du XVIIIe siècle, pas une fête ni un banquet à la cour sans que l’on sabre ce vin effervescent qui rend si gai et si volubile. Le Régent le sert à ses soirées libertines, les aristocrates avant de monter sur la guillotine en portent un verre à leurs lèvres. Mais quel est le secret de cette boisson qui rend si léger et console de tous les maux comme le prétendait Wagner? Comment expliquer que ces bulles, qu’on tenait pour un défaut de fabrication et qui faisaient exploser les bouteilles en cave, procurent cette douce euphorie et donnent l’impression de tutoyer les cieux? C’est pour essayer de le comprendre que j’ai pris la route de ces terres légendaires sises à l’est de Paris.
Première étape de ce périple: Reims et ses crayères, ces anciennes carrières de craie que les moines du Moyen-Âge utilisaient pour conserver leurs vins. “Tu ne peux pas rater ça”, m’avait soufflé un ami, siècle avec leur coule noire et leur torche à la main arpentant ces espèces de catacombes aux murs humides et friables, percés de portes en bois sur lesquelles on reconnaît encore la croix, le marteau et les clous de la passion du Christ. Frissons. Deux millions de bouteilles y sont entreposées aujourd’hui, et pourtant, aucune révélation au moment d’en goûter le nectar. Un vin élégant, féminin, avec cette belle acidité propre aux chardonnays. Mais point de divine surprise. Ces crayères sont peut-être une magnifique sépulture, la véritable vie de ces vins se déroule ailleurs.
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