Un bon dimanche de retrouvailles
imanche 28 mars, circuit Paul-Ricard. 9h30 heure d’été, il fait déjà doux, c’est mon premier tour. Elle a sa 6 bien verrouillée, j’ai sa poignée dans la main, celle que je tiens bien calée dans le coin. Nous sommes dans la ligne droite du Mistral, la piste se présentant dans sa configuration « 5,8 », soit le long tracé (5,8 km), celui du Bol d’Or (parce que pour la F1, il y a aussi la chicane dans la ligne droite). D’où je parle, j’ai le pif à rien de la clé de contact, celle-ci m’occultant la vue de l’indicateur de rapport engagé. Pas grave, je sais qu’en cet instant précis, elle et moi tirons un vrai boulet de six. Dans le genre « limande», je pense être bien. J’ai les fesses parfaitement calées contre le dosseret de selle (une option à 206 €), les coudes archi-rentrés, les côtelettes collées au réservoir et le à souhait. Instant T: l’indicateur analogique de gauche poursuit sa douce progression. Le cap des 10000 tr/min est franchi et ça continue de grimper, doucement parce qu’il faut lutter fort contre les éléments: la masse à bouger, l’air qu’il faut fendre, la résistance au roulement à convaincre, pas si simple… À droite, un autre gros cercle, analogique lui aussi, mais gradué en kilomètres/heure. En bas, pile à la verticale, le zéro de la vitesse d’une vie au dodo. Quelque 350° plus loin, c’est elle: la barre des 300 km/h. Le chiffre n’est pas inscrit, simplement suggéré. Juste avant, la dernière indication revendique 280 km/h et, à ce fameux instant T dont il est question, la voilà derrière nous. Maintenant, l’aiguille ne va plus tarder à s’aligner sur ce fameux dernier curseur, c'est une question de petites secondes. Je soulève légèrement mes fesses pour améliorer encore notre Cx (pas l’auto, hein?) déjà lancée à toute berzingue, il paraît que ça marche. Rabattre les rétroviseurs aurait sans doute été plus productif mais le truc vraiment excitant, c’est de se dire que nous pourrions être sur la route et à part une vitesse certes un peu excessive (!), rien ne peut nous être réprimandé. D’ailleurs, j’apprécie tellement le silence dans lequel nous traçons ensemble qu’il me semble presque revivre la quiétude de mon salon. Bon, d’accord, à cause d’Euro5, ce sont jusqu’à sept représentants du cheptel moteur qui ont disparu mais à l’inverse, ce même « Euro-machin» en vigueur a permis d’abaisser le niveau sonore de la turbine. Un constat encore plus flagrant depuis le bord de piste d’où le son du faucon lancé en piqué horizontal (oui, c’est étrange mais c’est sa spécialité) se fait particulièrement discret. Ça brasse de l’air au passage, ça, c’est net, mais sans nous déchirer la trompe d’Eustache. On apprécie. Moins lourde, moins énergivore, plus silencieuse, recyclant quand même pas mal de trucs construits dans le passé, l’Hayabusa se plante « à ça » du statut d’égérie écologique. N’en déplaise aux militants verts…
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