Le vertige du cancel
ANCEL: ANNULATION, en bon français. Fait, lorsqu’elle devient “culture”, de dénoncer voire d’effacer une oeuvre ou un artiste au comportement jugé “problématique” pour cause de racisme, de misogynie, de transphobie et, plus généralement, de conduite moralement répréhensible. Une “culture de l’annulation” encore largement inconnue dans nos contrées mais déclenchant, outre-Atlantique, un débat houleux, clivant, dressant front contre front la nouvelle gauche américaine et son pendant de droite le plus réactionnaire, le plus trumpiste. De quelque bord qu’ils soient, nos interlocuteurs évoquent unanimement C’est que la notion, initialement issue des rangs progressistes et partant d’une intention louable – ne plus laisser le champ libre au camp de la réaction – est devenue totalement minée, clivante et sujette à des dérapages préoccupants. En témoigne l’incroyable quiproquo qui s’est noué, il y a quelques mois, autour du film s, de la réalisatrice Maïmouna Doucouré. Résumons l’affaire. Sorti le 19 août dernier, le film raconte – en la dénonçant! – l’hypersexualisation de préadolescentes prises en étau entre force de tradition religieuse musulmane et fascination pour la danse twerk, popularisée par les réseaux sociaux. Avec , Doucouré analyse la tension contraire exercée par un cadre conservateur au sein d’une société qui pousse, dès le plus jeune âge, à faire de son corps un objet, même lorsque celui-ci résume Karelle Fitoussi, journaliste cinéma à Mignonnes.” Or, quiconque a vu le film ne peut que lever les yeux au ciel devant les accusations d’exploitation pédopornographique dont il a fait l’objet. reprend Fitoussi. ‘Don’t judge a book by its cover’
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits