Eurobashing ?
COMMENT PEUT-ON être européen ? À écouter le choeur des détracteurs de l’Union européenne, on en vient à se poser la question, un peu comme Montesquieu faisait mine de se demander, en son temps, comment ses contemporains pouvaient être persans…
Oui, comment peut-on être européen quand on entend une armée de procureurs vilipender sans relâche le déroulement de la campagne de vaccination anti-Covid sur le Vieux Continent ? Pas assez de doses, des livraisons trop lentes, des contrats opaques passés avec Les États-Unis redressent la tête, fiers de la célérité de leur campagne. Et même l’impayable Xi Jinping croit bon pouvoir donner des leçons en matière d’efficacité sanitaire. L’Europe au banc des accusés ? Selon le mot de De Gaule, elle faisait le bonheur des cabris, elle est devenue un bouc émissaire, celui de tous nos maux et infortunes. On connaît la cruelle boutade d’Henry Kissinger lorsque, du haut de la puissance de l’Oncle Sam, l’ancien secrétaire d’État américain moquait les divisions et l’impuissance de l’Europe. Un demi-siècle plus tard, l’Europe a enfin un numéro de téléphone, celui de son SAV qui croule sous les appels courroucés de ses clients mécontents. Avec le lancement de la campagne de vaccination, l’Eurobashing a atteint de nouveaux sommets. L’horreur a un nom, on l’appelle “commission”, un QG, sis à Bruxelles, et même un visage, celui un rien austère d’Ursula von der Leyen. Il est vrai qu’un passé de ministre de la Défense de l’Allemagne pendant six longues années n’offre pas vraiment le CV le plus glamour qui soit. Mais le mal est ancien. Cela fait des décennies que l’Europe est devenue le cache-sexe des impuissances des gouvernements nationaux. Le chômage, la désindustrialisation, les inégalités qui se creusent, tout est de la faute à l’Europe ! Une sale réputation qui fait songer à la complainte de Cloclo:
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