Serge Weinberg, ou la main invisible de l’État
anofi, c’est un peu le château de Versailles du capitalisme tricolore. Pendant longtemps, l’entreprise a été la première capitalisation boursière française, un élément clef du du pays. L’Etat peut-il être indifférent à ce qui se trame en interne ? C’est bien pour calmer les, comme on le surnomme dans les couloirs. Weinberg a fait ses armes dans le cabinet de Fabius à Matignon au début des années 1980 avant de s’encanailler dans la finance. En 2007, au sein de la commission Attali, il rencontre un certain Emmanuel Macron, à qui il ouvre les portes de la banque d’affaires Rothschild. Sa mission à Sanofi ? « Défendre les intérêts de l’entreprise, c’est défendre les intérêts de la France. Je n’ai jamais été un citoyen du monde », explique-t-il. Comprendre : protéger l’activité et l’emploi en France en dépit des velléités de restructurations de la direction générale et des actionnaires, majoritairement étrangers. L’opposition entre Weinberg et Viehbacher est frontale et déchire l’entreprise. « Il y avait un problème de loyauté », affirme sobrement le premier. « Il nous mentait, on apprenait ses projets par la bande. Il a même voulu vendre les parts de L’Oréal à des fonds chinois pour desserrer l’empreinte des actionnaires français », raconte un membre du conseil. Dans le clan d’en face, on dénonce à travers Weinberg, la main invisible de l’Etat. « Impossible de faire bouger les choses avec lui », explique un proche de Viehbacher. Le sera viré en un quart d’heure un matin de 2014. La tâche n’est guère plus facile pour celui qui lui succède, Olivier Brandicourt, transfuge du laboratoire Bayer. « L’homme était loyal, mais le costume était trop grand. Il était incapable d’accoucher d’une stratégie claire », souffle un autre membre du conseil. Lui aussi sera remercié, en 2019. Pendant plus d’une décennie, cette valse dans la gouvernance va plomber Sanofi. L’arrivée de Paul Hudson, en septembre 2019, va-t-elle changer la donne ? Weinberg l’a soigneusement choisi. Et l’entreprise a sorti son carnet de chèques. « En langage de financier, le Britannique a reçu un qui pourrait atteindre 3,6 millions d’euros », estime Loïc Dessaint, du cabinet Proxinvest. « Hudson a compris la personnalité française de l’entreprise, le poids de l’environnement politique et social », explique Serge Weinberg. Si ce n’était pas encore le cas, le voilà désormais prévenu.
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