LA PHOTO D’ENFANCE Omar Sy
“J’ai 10-11 ans sur cette photo de classe, qui date du CM2 ou CM1. Sur laquelle j’aime bien ma tête… On voit que je commence à faire un peu le malin !”
réveillé le matin par un réveil mais paravec un de mes parents. Et alors – étonnamment – il existe des photos de mes frères et sœurs, enfants, à la maison, mais la plupart des miennes sont des photos de classe, comme celle-ci, qui date du CM2 ou CM1. Sur laquelle j’aime bien ma tête… On voit que je commence à faire un peu le malin . Mais sur laquelle on ne voit pas du tout mon pull. Tout neuf ! Enfin, quand j’ai demandé pourquoi je n’étais pas sur les photos, personne n’a su me répondre… On peut imaginer que je n’étais pas là le jour où elles ont été prises ? C’est possible. Car mon truc, les mercredis et les week-ends, c’était de traîner dehors, avec des adultes… “Papa Saad”, un ami très proche de mon père, qui me coupait les cheveux. Ce n’était pas son métier mais il était toujours partant pour m’accompagner dans mes recherches capillaires ! Il avait un potager, une petite parcelle municipale, à côté de la gare de Trappes. J’allais le regarder planter ses tomates, ses salades… Tout ce que j’ai appris à faire de mes mains vient de lui et de Matthieu, notre voisin du dessus, qui était mécanicien et réparait, devant moi, sa voiture, mon vélo, mes jouets et, plus tard, ma mobylette. Et puis, il y avait Zohra, qui m’a enseigné l’arabe et toutes les saveurs de la cuisine maghrébine. Je n’étais pas pote avec ses fils mais on s’adorait. Je lui faisais ses courses. Et dans le quartier, on n’était pas beaucoup, je pense même que j’étais le seul, à avoir cette relation avec les adultes. Adultes que j’ai continué à aller voir – ceux-là et bien d’autres –, de manière plus espacée dans le temps, évidemment – j’avais ma vie d’ado et d’autres préoccupations –, mais à peu près jusqu’à mes 18-19 ans. Parce qu’ils ont tous participé à mon éducation. Et parce que je les aimais, tout simplement. »
