Bibendum dans le ciel de guerre
Al’aube de la Première Guerre mondiale, la société anonyme des aéroplanes Louis Breguet, fondée en 1911, compte parmi la dizaine de constructeurs aéronautiques qui ont dépassé le stade artisanal au point de bénéfi- cier de commandes publiques de la toute jeune aéronautique militaire. Son fondateur, Louis Charles Breguet (1880 -1957), est un jeune ingénieur diplômé de l’École supérieure d’électricité, issu d’une grande famille de scient i fiques et d’industriels. Louis devient un des pionniers de l’aviation en réalisant avec son frère polytechnicien Jacques (1881-1939) un “Gyroplane” à quatre rotors en 1907, ancêtre de l’hélicoptère. Passant ensuite à la réalisation d’avions, il réalise une quinzaine de modèles expérimentaux avant que n’émerge en 1912 le Breguet G2bis militaire, premier modèle d’une famille d’appareils biplans à ailes souples et train tricycle qui vont être construits en petite série et même connaître quelques débouchés à l’exportation, notamment en Angleterre. Quand débute la Première Guerre mondiale, les Breguet U1, aboutissement ultime de cette famille d’appareils, équipent une des escadrilles de l’aéronautique militaire, la BR 17, qui sert sur le front des Vosges à Épinal. Plutôt fragile, l’appareil est loin d’être un succès opérationnel; il est mis au rebut dès le mois d’octobre 1914 à la faveur de la première standardisation du matériel opéré par l’aéronautique militaire sur ordre du général Hirschauer, chef de la direction de l’aéronautique militaire du ministère de la guerre – l’aviation dite “de l’arrière”.
Conçu par Breguet
La guerre amène bien d’autres soucis à Louis Breguet, qui est lui-même mobilisé par l’armée et voit son usine de Douai occupée par les troupes allemandes qui déferlent sur le Nord de la France. Il en fait évacuer ce qu’il peut vers la région parisienne à Vélizy- Villacoublay où il avait édifié avant-guerre un second atelier. Dans celui-ci sont achevés deux prototypes, à commencer par le Breguet AG.4, un gros biplan à hélice tractive dont les deux exemplaires produits recevront les numéros de série militaire 52 et 53, qui sont employés par l’aviation du Camp retranché de Paris. Le n° 52, piloté par Louis Breguet lui-même, effectue même quelques vols opérationnels à l’aube de la bataille de la Marne. Peu apprécié des pilotes, l’AG.4 ne connaîtra aucune suite. Il en sera autrement du Breguet BU.3, un appareil à l’hélice propulsive et au moteur situé dans une nacelle derrière le pilote. Initialement conçu selon un programme initié par le chef de l’aéronautique militaire en 1913, il est finalement développé par Louis Breguet pour en faire un avion de chasse grâce au champ de tir dégagé vers l’avant à une époque où la synchronisation du tir à travers l’hélice n’existe pas. Son gros moteur Canton-Unné 2M7 de 200 ch lui donne toute la puissance nécessaire pour soulever une nacelle blindée mais, du fait de la grande hélice qu’il brasse, oblige à surélever cette nacelle sur un train d’atterrissage quadricycle assez haut perché. Ceci en fait un appareil de dimensions impressionnantes pour l’époque, le plus haut (3,65 m) et le plus large (18,60 m) des appareils monomoteurs en
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