Voir, mesurer et reproduire
En pointant sa lunette vers le ciel en 1609, Galilée a porté un coup fatal à l’ancien « système du monde » géocentrique. Il a aussi brillamment démontré le rôle majeur de l’instrumentation dans l’émergence d’une pensée scientifique en partie émancipée de la philosophie et de la théologie. « Le pari galiléen, c’est de trouver des fondements mathématiques aux phénomènes naturels, explique l’historien des sciences Hugues Chabot (université Lyon-1). Le raisonnement mathématique s’articule complètement à la pratique expérimentale, qui nourrit la modélisation du réel. » Pour objectiver la chute des corps, les phénomènes optiques, etc., Galilée et ses pairs conçoivent de nouveaux instruments. «Après de premiers succès en astronomie et en mécanique, la démarche expérimentale s’étend progressivement à la chaleur, à l’électricité, au magnétisme, à la lumière…, souligne Hugues Chabot. À force d’observations et de mesures, des classifications et des généralisations vont se mettre en place. » Pour formuler des lois universelles, cette nouvelle physique encore balbutiante cherche à transformer des informations fournies par les sens en données chiffrées.
Longtemps, la technique a été considérée comme un art subalterne. Désormais, ses progrès servent à perfectionner les instruments, et alimentent
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