Le fana de l'aviation

La tortueuse quête du bombardier rapide

Ce 16 janvier 1941, emmené par ses deux “Merlin” 21, le “Mosquito” immatriculé W4050 décolla pour un vol comparatif avec un “Spitfire” Mk II, le chasseur le plus performant de la RAF avant l’arrivée du Mark V à la fin du printemps. Comme espéré, le “Mosquito” largua le monomoteur et parvint à atteindre 631 km/h à 22 000 pieds (6 705 m), tandis que le “Spit fire” plafonnait à moins de 580 km/h quelque 2 000 pieds (610 m) plus bas. Ce n’était qu’un prototype, encore dénué de tout équipement opérationnel, mais la différence était énorme et la performance impressionna. Un bombardier bimoteur pouvait se défaire avec facilité du meilleur chasseur de la RAF. Quelques mois plus tard, remotorisé avec des “Merlin” 61 alimentés en air par un compresseur à double étage et deux vitesses, l’appareil frôla même la barre des 700 km/h.

Ce prototype volait depuis le 25 novembre 1940. Le chemin pour y arriver avait été à la fois fastidieux et rapide. Le concept du bombardier rapide n’était certes pas nouveau, mais De Havilland l’avait poussé à l’extrême, en abandonnant notamment tout armement défensif. D’ailleurs, les DH 4 et DH 9 de la Première Guerre mondiale pouvaient se référer à cette philosophie avec leur vitesse élevée.

La RAF, budget famélique

Avec la fin du conflit, les améliorations furent plus timides et les innovations rares. En outre, le ministère de l’Air était particulièrement conservateur… et l’industrie, en général, préférait se plier aux cahiers des charges publiés afin de minimiser les risques et optimiser les chances de sélection, sans devoir investir dans de nouvelles techniques gourmandes en recherches et essais. La RAF ne pouvait de toutes les façons pas s’équiper ni en nombre ni en qualité, disposant d’un budget famélique. La politique consista alors à saupoudrer les contrats pour des prototypes afin de maintenir à flot les constructeurs et leur bureau d’études.

Convaincus qu’aucune guerre ne pouvait éclater avant plus d’une décennie, les gouvernements britanniques successifs repoussèrent sans cesse le rééquipement et l’expansion de la RAF. La force aérienne, indépendante depuis avril 1918, voyait même son existence contestée par les deux autres armes (Navy et Army). Elle ne dut sa survie qu’à ses missions de police dans les colonies qui permettaient de réaliser de grandes économies en hommes et matériels. Néanmoins, ces opérations exigeaient d’abord des avions robustes, peu importaient les performances. Dans un premier temps, les DH 9 et Bristol F2B “Fighter” assurèrent le travail.

Sur le sol national, le bombardement reposait principalement sur des monomoteurs. Pourtant, la doctrine d’une force stratégique afin de répondre par une attaque à toute attaque était affirmée. L’expérience du précédent conflit, qui avait vu la Grande-Bretagne bombardée par des Zeppelin et des bombardiers lourds, laissait penser que la défense aérienne des villes était illusoire et qu’il fallait miser sur l’offensive.

Dès le début des années 1920, la doctrine britannique du bombardement aérien reposait donc sur une force stratégique afin de porter la destruction en territoire ennemi. Et ce dernier, en l’occurrence la France, suite à des tensions politiques et étant alors la seule puissance qui disposait d’une force aérienne tangible, était par chance assez proche. Comme les budgets étaient extrêmement maigres, la RAF

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