DEUX ARMÉES DE BRIC ET DE BROC
La guerre soviéto-polonaise ne ressemble pas à la phase finale de la Première Guerre mondiale. Celle-ci avait été remarquable par la densité du feu et des troupes, la variété et la modernité des matériels aériens et terrestres. C’était une guerre de riches menée par des armées quasiment professionnalisées et dépositaires d’anciennes traditions.
Rien de tel à l’Est en 1919-1920, où une guerre de pauvres se joue entre deux appareils militaires nouveaux, l’Armée rouge et l’armée polonaise. Sur des territoires vingt fois plus vastes que le Nord et l’Est de la France, des armées cinq à six fois plus réduites se livrent à d’amples mouvements. Pour elles, percer n’est jamais un problème. À des avances rapides dans la profondeur succèdent des retraites encore plus rapides. Le soutien de la population, et donc la propagande, sont des éléments à part entière de l’affrontement.
Les officiers du tsar dans l’Armée rouge
L’Armée rouge, créée en février 1918 par Trotski () pour gagner la guerre civile et conçue comme l’instrument du pouvoir bolchevique, manque cruellement de cadres. Malgré sa répugnance initiale, elle doit réembaucher d’anciens officiers du tsar, les flanquant alors de commissaires politiques qui les surveillent. Cette nécessité d’avoir à l’œil ceux, les « spécialistes militaires », mais aussi la peur du bonapartisme expliquent l’organigramme compliqué du système militaire rouge. Par l’entremise des , qui occupent la plupart des hauts commandements, survit la vieille tradition militaire russe. « , précise Andrey Ganin, historien militaire à l’Institut d’études slaves de l’Académie des sciences de Russie. ».
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