L’Okhrana (section de la Sécurité en russe) est la police secrète du tsarisme tardif. Créée en 1881 après l’assassinat du tsar Alexandre II, elle ne recrute que des militaires, pratique volontiers l’infiltration et la provocation. Elle ouvre un bureau à Paris en 1883 pour suivre l’activité des groupes révolutionnaires à l’étranger.
Polonais né à Minsk, Felix Dzerjinski (1877-1926) est un bolchevik de la première heure, et un véritable croisé ascétique de la révolution. Clandestin dès l’âge de 20 ans, il passe par tous les bagnes et prisons tsaristes avant de créer l’appareil policier du parti de Lénine puis de l’URSS. À la mort de Lénine, il se range derrière Staline.
Le NKVD – tout comme les organisations dont il est issu et celles qui lui succéderont (voir encadré p. 41) – est sans conteste une troupe d’élite du régime soviétique. Elle l’est à peu près au même titre que la SS pour le IIIe Reich, activités « raciales » en moins. Ce corps est l’objet de tous les soins du régime. Les soldes sont élevées, l’ordinaire meilleur que dans l’Armée rouge, l’uniforme est soigné, les hommes et leurs familles ont droit à divers avantages précieux dans une société pauvre: hôpitaux, centres de vacances… Cette position privilégiée, et sans doute la complicité née de l’exécution des pires besognes, ont créé un fort esprit de corps, indissociable d’une troupe d’élite.
Rien d’étonnant à ce traitement de faveur: la fonction du NKVD est de défendre le régime soviétique directement en protégeant ses chefs, en gardant ses frontières et en combattant ses ennemis intérieurs. On peut lui trouver des ancêtres directs parmi les diverses officines policières du régime tsariste – dont l’Okhrana, fondée sous Alexandre III – mais avec une différence de taille: le NKVD a aussi joué, guerre oblige, un rôle pour lequel il n’a pas été conçu, celui d’une quatrième armée, aux côtés de l’armée de terre, de l’aviation et de la