WILLIAM « ROJ », VOLONTAIRE FRANÇAIS PARMI LES KURDES
G&H: Pourquoi prendre les armes en 2015, en Syrie ?
William « Roj » : J’ai pris ma décision vers l’automne 2014, peu de temps après que l’État islamique ait proclamé son califat (29 juin). Les médias expliquaient alors que Daech annonçait qu’il voulait combattre l’Occident et notre mode de vie. Et que par ailleurs, plus d’un millier de Français avaient rejoint ses rangs. Puis j’ai vu un documentaire de la BBC où était présenté l’Américain Jordan Madson, un des rares volontaires étrangers qui combattaient avec les Kurdes. C’était le monde à l’envers : des milliers chez Daech et personne avec les Kurdes ! Alors, comme je ne suis pas marié, je n’ai pas d’enfants et j’ai été réserviste, je me suis dit : c’est le moment de faire quelque chose, c’est le moment d’aider les Kurdes qui sont les seuls à s’opposer à nos ennemis, et qui viennent d’être massacrés à Kobané.
Comment se fait-on recruter par les Kurdes ?
Je commence par contacter les Kurdes du YPG via la page Facebook « Les lions de Rojava ». Je dialogue d’abord pendant quelques jours avec Jordan Madson avant qu’il ne reparte au front. Puis, je passe par divers interlocuteurs kurdes, pendant des semaines, jusqu’à ce qu’une Kurde d’Allemagne m’envoie un questionnaire du genre « As-tu déjà assassiné des gens ? Est-ce que tu es trafiquant de drogue ? Est-ce que tu as déjà fait de la taule ? » Bref, une dizaine de questions pour lesquelles la réponse doit être non. Ensuite, il faut expliquer ses motivations de départ. Les Kurdes ont surtout peur d’avoir affaire à des islamistes infiltrés. Ils ne me donnent le feu vert pour partir qu’à la fin de janvier 2015. Lorsque l’attentat de Charlie Hebdo a lieu, je suis en train de préparer mon paquetage. J’entends même les coups de feu puisque je n’habite pas loin... Finalement, je pars au tout début de février 2015.
Pour quelle destination ?
Souleymaniye, au Kurdistan irakien, car on ne peut évidemment pas aller directement en Syrie. J’arrive vers 4 heures du matin à l’aéroport. À la sortie, un barbu m’attend. Il me montre la photo que j’avais envoyée par mail et me dit : « » C’est le nom que j’avais donné []. J’acquiesce, et. Il y a des volontaires en partance pour la Syrie, d’autres de retour, des blessés.
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