KÉPIS ROUGES CONTRE CASQUES À POINTE
L’armée française pouvait-elle gagner ? « Bien sûr, ironisait récemment en un tweet et en français l’historien allemand Tobias Arand : avec des dépôts remplis, un plan réaliste, des cartes de l’Alsace et de la Lorraine, des canons de Krupp et une idée pour l’utilisation tactique des mitrailleuses... ». Sur le papier, qui accepte tout, les potentiels militaires des deux camps semblent globalement comparables, avec une force théorique supérieure à un million de soldats (voir infographie p. 38). L’outil militaire impérial n’est pas intrinsèquement mauvais, mais inadapté aux circonstances et on ne peut plus mal commandé, mis face à un adversaire ayant su bâtir le sien sur des principes d’efficacité expérimentés au cours de la guerre de 1866 contre l’Autriche. Les structures et l’organisation très différentes induisent surtout, au moins pour la campagne d’août 1870, un déséquilibre systémique en faveur des Allemands qui se retrouvera à tous les échelons, des premiers engagements aux frontières jusqu’à la bataille de Sedan.
1 La loi des gros bataillons : parité théorique, avantage systémique à l’Allemagne
Il n’y a pas en 1870 une « armée allemande » mais l’amalgame de plusieurs composantes autour d’un noyau prussien perfectionné dans les années 1860 autour de trois piliers : commandement professionnel centralisé, conscription universelle, mobilisation régionale. Le dynamisme démographique prussien permet en outre de constituer un volant de cadres de réserve instruits en limitant
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits