MAS MLE 40 CONTRE MAUSER KAR98K, UN FACE-À-FACE MANQUÉ
D’un côté, nous avons le MAS 40 (manufacture d’armes de Saint-Étienne, modèle 1940). Un fusil d’infanterie français quasiment inconnu, même des générations de conscrits qui « trimbalèrent » son cousin le MAS 36 et son petit frère le MAS 49-56, de l’immédiat après-guerre à l’aube des années 1980. De l’autre, le Karabiner 98 Kurz ou plus simplement « Kar98k », fusil de la Wehrmacht produit à 14 millions d’exemplaires entre 1934 et 1945. Conçu par la firme allemande Mauser, aussi connue pour ses fusils que Colt pour ses revolvers, il est la version la plus aboutie du modèle 1898 qui totalise sans doute plus de 60 millions d’exemplaires produits, un record dans sa catégorie. Il s’en est pourtant fallu de très peu, de quelques mois, de quelques semaines, pour voir s’affronter lors de la campagne de mai-juin 1940 ces deux armes qu’un demi-siècle de technologie séparait. Leur postérité, et au-delà, l’issue des combats, en auraient-elles été changées?
Les deux fusils ont paradoxalement des racines communes, remontant à l’adoption par la France du « Lebel » modèle 1886, à la fois technologique à l’échelle mondiale et péché originel de l’armement français du XXe siècle. Premier fusil tirant une munition de petit calibre (8 mm) chargée avec la révolutionnaire poudre B, le Lebel voit sa portée utile doublée par rapport à ses concurrents et ne produit plus la lourde fumée blanche qui aveuglait le tireur et est l’adoption par l’Allemagne, dès 1888, d’un fusil à poudre « sans fumée ». Mécaniquement supérieur au Lebel, il n’est toutefois pas exempt de défauts. La propension à exploser d’une poignée d’exemplaires précoces lui vaut une détestable réputation. Le mouvement est pourtant lancé. En une décennie, la majorité des pays qui en ont les moyens développent une arme nouvelle ou font appel à des fabricants étrangers. La firme Mauser, boudée en 1888 par l’état-major allemand qui a tenu à concevoir son nouveau fusil, croule sous les commandes. De la Suède à l’Amérique latine en passant par la Turquie, l’Espagne ou la Belgique, on s’équipe à grands frais de ses fusils. Afflux de capitaux, retours d’expérience et politique commerciale agressive poussent à l’amélioration constante d’une arme ébauchée en 1889 et dont la réputation va croissant.
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