Un Barbier en talons aiguilles
Le Barbier de Séville de Rossini.
Montpellier, Opéra Berlioz, le 30 septembre.
Le jeune Rafael R. Villalobos met à l’heure de la Movida, au moment de la mort de Franco, quand cohabitent une Espagne d’hier, de Rossini devient un opéra , avec une Rosina aux airs de Carmen ou de Concepcion, faisant claquer ses pendant la leçon de chant, un Almaviva toréro ou maître de musique travesti en bonne sœur. Les deux mondes peuvent d’ailleurs se rejoindre, dans une impayable séance SM entre Figaro et Bartolo. Très marqué par Almodovar, le metteur en scène a émaillé son de références complices, le relevant de quelques clins d’œil à l’actualité covidienne. Un personnage, ainsi, prend du galon : Berta, rebelle et malheureuse, bonne à la Jean Genet, trans et contre-ténor, qui remplace son air par le célèbre Tango de la Menegilda tiré de la zarzuela de Chueca et Valverde. C’est allègre, inventif, jouissif, ici ou là vulgaire dans la drôlerie, mené de main de maître grâce à une virevoltante direction d’acteurs. Assistant de Michael Schønwandt (retenu au Danemark à cause du virus), Magnus Fryklund sauve honnêtement la production, offre souvent de jolies nuances, mais ne fait guère mousser la musique de Rossini, parfois décalée par rapport au plateau. Timbre mordant, aigu crâne, le très sonore Figaro, punk et gouailleur, un peu brut vocalement, de Paolo Bordogna brûle littéralement les planches.
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