La finesse des mots contre les fanatismes
a mission à laquelle Samuel Paty avait voué sa vie était de faire que l’Agora ne devînt pas un champ de bataille. Il s’assurait que la parole libre admette son corollaire, le contradictoire. Le langage est un outil de paix civile. Son appauvrissement est au contraire promesse de violence. La campagne présidentielle américaine est là pour nous le rappeler. Peu de que propagent les réseaux sociaux furent recyclées sans vergogne. Mais il y eut plus encore. Lors du débat du 30 septembre, il fut question des bandes armées qui offrent en pleine campagne le spectacle d’une intense guérilla urbaine. Chaque candidat imputa à l’autre la responsabilité de ces exactions. Trump accusa Biden de téléguider les « antifa »; Biden accusa Trump de piloter les milices paramilitaires. Trump demanda à l’une de ces factions, les Proud Boys: (« reculez et tenez-vous prêts »). L’appel fut perçu comme un aveu. Il fut très commenté, puis on passa l’éponge: après tout, les milices sont un phénomène connu aux Etats-Unis, quasiment un folklore favorisé par l’autorisation dans maints Etats du port d’armes visible.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits