RÉFUGIÉS ROHINGYAS AU BANGLADESH LES DAMNÉS DE L’ASIE
Amassés comme du bétail à l’intérieur du camp de Kutupalong, dans le sud-est du Bangladesh, ils sont 630 000 réfugiés musulmans, chassés par les massacres de l’armée birmane. Affamés, désœuvrés, dépressifs, malades, négligés, ils tentent de fuir à grands frais via des passeurs véreux ou sombrent dans les trafics de drogue. Quand ils ne sont pas exploités clandestinement par des employeurs sans scrupules. Beaucoup de Bangladais les haïssent et veulent les renvoyer au plus vite en Birmanie. Une situation désespérée qui semble sans issue. Notre reporter est allé à leur rencontre.
Le mariage était arrangé. Un jeune garçon l’attendait en Malaisie, une bonne famille. Il avait même envoyé sa photo. Nur Kalima, 18 ans, devait prendre le large, quitter le Bangladesh et ses camps de réfugiés surpeuplés pour ne plus jamais revenir. Son père avait cramé 25 000 takas (280 euros), ses dernières économies, le prix d’une place sur un bateau clandestin. Mais le mariage n’a pas eu lieu et le rêve a sombré en pleine nuit dans l’eau tiède du golfe du Bengale. Affrété par des trafiquants d’êtres humains, le rafiot de sa fille, chargé d’une centaine de femmes et d’enfants rohingyas, a failli chavirer. « Sautez ! Sautez ! » a ordonné un matelot, poussant des passagers pour alléger le navire. « On ne peut pas sauter au milieu de la mer ! » a hurlé Nur Kalima, avant d’attraper une bouée et de se jeter à l’eau.
La jeune fille s’agrippe au plastique de toutes ses forces. Elle pleure, elle nage maladroitement mais réussit à atteindre la rive, une plage de sable du Bangladesh. La lune éclaire un paysage familier. Les camps
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