Roisin Pierce
Roisin Pierce fait tout par deux. Deux chapeaux. Deux prix. Deux travaux réalisés, à une année d’intervalle, dans l’intimité des maisons d’art. Palme du public au dernier festival d’Hyères, mais aussi lauréate du premier prix des Métiers d’Art Chanel de l’histoire, elle avait alorsusinier et harassant. Avec Women Bloom, sa collection de prêt-à-porter fleuve, Roisin Pierce s’oppose à l’aliénation du travail à la chaîne et met en lumière des créativités en sourdine. La jeune femme offre de nouvelles perspectives à des techniques clefs de l’artisanat textile du XIX siècle, les zoomant, dé-zoomant, déstructurant puis restructurant… S’il soulève bien des symboles, le blanc monochrome, lui, sert surtout de révélateur : racontait ainsi Roisin Pierce à en marge du festival en avril dernier. Défi plus ou moins relevé, l’œil fasciné dévie sur l’allure, de la minirobe à smocks devenue armure de fronces, cotte de mailles presque, à porter sur un pantalon sans-culotte. La facture est celle d’un trousseau expérimental, brodé hier pour demain à base de chutes de tissus, à la manière d’une Simone Rocha. Flattée de la comparaison, Roisin Pierce se réjouit chez ses contemporains seniors-millennials aka “sellennials” d’un même élan vers l’artisanat, histoire d’abstraire la mode de sa cadence infernale. Créer de la nouveauté pour la nouveauté ? Tous crient au has-been. Parmi ses projets, l’exposition de pièces de tissus en plein air, à marée basse ou dans les landes, replace d’ailleurs la main de l’homme au cœur du propos. Elle s’y appliquera une nouvelle fois aux côtés de Maison Michel, mais aussi des Ateliers de Verneuil et de Paloma pour un projet à huit bras récompensant son prix des Métiers d’Art. Roisin Pierce ne fait pas tout par deux.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits