Le village de Pourgues
Ici, les adultes ne décident pas à la place des enfants. Ils considèrent les mini-êtres comme des individus libres et capables d’apprendre ce qu’ils veulent.
éclat blond file entre les plants de tomates. Des éclats de rire remplissent le potager. Il est 9 heures. Pendant que les écoliers de France entament leur journée de cours, Gaïa et Zeÿa, eux, jouent. Les petits de 3 ans s’arrêtent le temps d’observer Dora, la maman de la fillette, prendre soin de jeunes pousses. Plus loin, Mia, 8 ans, dessine des licornes. Ici, au village de Pourgues, en Ariège, les enfants ne sont pas scolarisés. « », résume Dora. Une alternative qui pousse au maximum l’expérience de la démocratie directe et partagée. Une sorte de grande famille plurinucléaire où la liberté individuelle est érigée en valeur suprême. Dans ce petit coin d’utopie collectiviste, les huit enfants de la communauté, âgés de 3 à », lance Ramïn Farhangi, cofondateur des lieux et papa de Zeÿa. Pieds nus, jean retroussé, tee-shirt blanc et large paire de bretelles, Ramïn clôt la réunion hebdomadaire de « ». Un rendez-vous où les villageois discutent des soucis et des tâches (entretien du potager, réparation de la maison, courses…) et décident ensemble des solutions. Leur choix de vie fait débat, même parmi leurs familles. À l’instar du père de Ramïn. Avant d’adopter le look de Huckleberry Finn, son fils était adepte du costume cravate. Dans une autre vie, Ramïn était consultant. Un parcours exemplaire dans les meilleurs établissements du 16 arrondissement de Paris, diplômé de Centrale, un salaire annuel à 6 chiffres. « . » Ramïn plaque tout. Il enseigne, un temps, au collège. « », se souvient-il dans un sourire amère. Il cofonde alors l’École dynamique, à Paris, sur le modèle de Sudbury. Un établissement sans programme prédéterminé, sans évaluations ni enseignement classique. Le processus d’apprentissage y relève de l’autogestion. Les étudiants décident eux-mêmes de la gestion de leur temps, et acquièrent des savoirs à travers leur expérience du quotidien plutôt que par le biais d’un enseignement formel. Ce modèle a largement inspiré la création de Pourgues, en 2016. Ici, les adultes ne décident pas à la place des enfants. Jamais. Ils considèrent les mini-êtres comme des individus libres et capables d’apprendre ce qu’ils veulent. Quel que soit leur âge et dans toutes les situations. Même quand l’un des ados lance, lors du dîner que, plus tard, il fumera. Assises à ses côtés, Xenia Hadjigeorgiou – ancienne consultante quadrilingue – et Elfi Reboulleau – ancienne psychothérapeute – engagent la conversation, avec maintes précautions. Elles rappellent les méfaits du tabac, les stratégies des fabricants de cigarettes pour rendre accro. Elfi définit le principe d’addiction. Tout en répétant, du bout des lèvres, qu’il sera bien libre de fumer s’il le souhaite… Pas toujours facile de ne pas se faire obéir.
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