Les miracles de Bondy
Nous sommes au début du mois de mars 2017, il y a trois ans et des poussières, et un gamin enjoué s’exprime devant les caméras de France 2. La France connaît encore mal ce surdoué de 17 ans à qui le journaliste demande : « Quel est votre rêve le plus fou ? » L’adolescent prend son temps avant de répondre. Il est touchant, hésitant, d’une modestie désarmante. « Mon rêve le plus fou ? Ce serait de gagner la Coupe du monde ! Mais bon, j’en suis très loin… » Seize mois plus tard, le 15 juillet 2018, Kylian Mbappé marque face à la Croatie en finale de la Coupe du monde puis soulève le trophée doré.
Le jeune homme trône désormais en majesté rue Jules-Guesde à Bondy, là où il a grandi, appris à jouer au football, été repéré par les recruteurs de toute l’Europe. Une fresque gigantesque à son image, comme avant lui Zinédine Zidane à Marseille. Sur toute la largeur et surtout la hauteur d’un immeuble de cette commune de 54 000 habitants que le champion du monde et son sponsor Nike ont aidée à se doter d’un « city stade » et à rénover un gymnase. À 8 kilomètres au nord-est de Paris, Bondy se situe au cœur de la Seine-Saint-Denis, cinquième département le plus peuplé du pays. L’un des plus jeunes de métropole, mais aussi le plus pauvre. À Bondy, le taux de chômage dépasse les 20 % (contre 8,1 % en moyenne nationale avant la crise du Covid-19). Dire que l’on vient de Bondy revient souvent à perdre des points. Comme ce jeune entrepreneur, inventeur d’un logiciel, qui s’est entendu dire lors d’un rendez-vous au siège parisien d’une grande entreprise : Ou Youness Bourimech, qui possède trois sociétés (la première créée à 21 ans), un restaurant très élégant en bordure de la nationale 3 et emploie une trentaine de personnes :
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits