À la poursuite des bourreaux syriens
GARANCE LE CAISNE Envoyée spéciale Berlin et Bonn (Allemagne)
Le message est tombé un soir sur sa messagerie cryptée. Lapidaire. « J’ai des informations sur un milicien, responsable des enquêtes au sein des Forces de défense nationale en Syrie. Il a kidnappé et torturé des civils. On l’a aperçu en Grèce. » Ce matin de décembre, Anwar Al-Bunni montre le mot au jeune homme qui travaille avec lui. L’avocat vient d’arriver dans son bureau du Centre syrien d’études et de recherches juridiques, dans le quartier de Mitte à Berlin. Dans une ancienne usine transformée, la pièce est spartiate, meublée d’une table et d’un bureau en pin bon marché. Des notifications comme celle-ci, Anwar Al-Bunni, opposant au régime de Damas âgé de 60 ans, en reçoit des dizaines chaque mois, sur Facebook ou sur ses messageries WhatsApp et Signal.
Les Forces de défense nationale mentionnées dans le message rassemblent des milices et des groupes paramilitaires, armés et payés par le régime, autorisés à piller, torturer, arrêter sans raison. Anwar Al-Bunni téléphone à l’expéditeur. Réfugié en Belgique, ce dernier lui précise que cinq victimes présumées de l’ancien milicien vivent aujourd’hui en Europe. Trois en Allemagne, une aux Pays-Bas et une en France. « La personne installée en France, qui dit avoir été torturée, est prête à témoigner à visage découvert, se félicite l’avocat après avoir raccroché. C’est rare. Souvent, les victimes veulent rester anonymes pour ne pas mettre en danger les membres de leur famille restés en Syrie. Je vais envoyer quelqu’un enregistrer son témoignage. »
Recueillir des récits, pister les suspects. C’est une traque d’ombre et de lumière qui se déroule à des milliers de kilomètres de la guerre qui balafre la
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