Descente
Un village se profile au loin. La route principale, la seule à relier les plaines du sud aux contrées nord, n’est qu’une piste de terre rouge ravinée par les pluies. Le minibus avance lentement, balloté par les creux et les bosses du terrain. Les fenêtres ouvertes font danser la poussière à l’intérieur de l’habitacle dans un vent chaud qui dessèche la gorge. Valentine a perdu la notion du temps. Combien de jours, combien d’heures, combien encore jusqu’au but visé, tout au nord de ce pays allongé comme un lézard paresseux, avant de traverser la frontière et d’amorcer le retour vers Cotonou et ses rivages bleus ? Irréelle capitale béninoise, aussi lointaine qu’une étoile. Concentrés comme elle pour résister à la nausée, à la chaleur, ses compagnons de route regardent silencieux défiler la savane et ses baobabs dressés comme de massives sentinelles. Valentine se tourne à nouveau vers l’horizon brûlant. N’auraient-ils pas mieux fait de rester à Badougbé ? Elle se revoit traverser à l’aube ses rues encore calmes pour aller travailler sur le chantier de l’école avant les grandes chaleurs, Diane à ses côtés, les autres toujours quelques mètres derrière. Elle entend les salutations quotidiennes au passage de leur petit groupe et le Yovos Yovos bon-jour, ça va bien mer-ci, Yovos Yovos bon-jour, ça va bien mer-ci, scandé inlassablement par les enfants rieurs. Les premiers jours, les villageois se moquaient de leur pas pressé. Ils avaient fini par se couler dans le rythme
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