Tueurs nés ?
LA NUIT DU 8 MARS 1995, Sarah Edmondson et Benjamin Darras, deux adolescents de l’Oklahoma de 19 et 18 ans, regardent Natural Born Killers d’Oliver Stone en boucle, en prenant du LSD. Sur un coup de tête, ils décident d’assister à un concert des Grateful Dead à Memphis, dans le Tennessee. Le projet se transforme en une randonnée meurtrière entre Oklahoma, Mississipi, et Ponchatoula, Louisiane, qui laissa un mort et une tétraplégique derrière eux : William Savage et Patsy Byers. Edmonson prétendra vaguement que le couple a voulu suivre la trace des anti-héros incarnés par Woody Harrelson et Juliette Lewis, duo enchaînant les meurtres au point de devenir des stars de la télé. Cette déclaration floue et ses effets réels peu étayés déclencheront une ire procédurale à l’encontre de Stone, de ses producteurs et distributeur (Warner).
En mars 1996, ils sont en effet l’objet d’une requête en responsabilité civile pour la tentative de […], un film glorifiant des actes de violence similaires à celui qui allait être commis contre elle [et dépeignant] les auteurs de tels actes violents comme des célébrités et des héros »(1). Tel s’écrit en peu de mots le malentendu qu’entretien l’Amérique avec ses fictions et ses réalités. L’aboutissement d’un processus complexe dans le cadre duquel s’est forgé, dans la presse ou l’imaginaire collectif, celui d’un binôme fascinant et morbide : le couple criminel itinérant, maléfique, avec ses répliques et ses . Sans qu’il soit interdit au passage de remonter le sillage d’une série de road movies symptomatiques, porteurs d’une esthétique white trash :
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