The Good Life

Sharan Pasricha

poussez la porte vitrée, et vous voilà dans l’ambiance. Au bar, ça discute autour d’un MacBook. Sofas de cuir capitonnés et parquet brut miment un lobby d’hôtel, dans un style loft new-yorkais qui a fait ses preuves. Plus loin, dans l’open space, la ruche attendue bourdonne. A droite sont regroupés les graphistes. A gauche, les designers. Sharan Pasricha, 37 ans, paraît le plus âgé de cette tribu. Barbe de trois jours, jean et baskets, le patron du groupe hôtelier Ennismore a l’air de partir en week-end. Qu’on ne s’y trompe pas : décontraction et story-telling étayent une success-story des plus sérieuses. En 2017, le classait Ennismore, le groupe fondé et dirigé par Sharan Pasricha, au 10 rang des entreprises enregistrant la croissance la plus rapide. Les baskets et le style cachent aussi un CV en or massif : sorti de la Doon tempère l’entrepreneur. L’aventure commence avec un premier hôtel déniché à Shoreditch qui s’appelle The Hoxton. Après lui avoir fait subir un lifting, Sharan Pasricha lui trouve un petit frère à Holborn. Une collection est née. Elle s’enrichit d’une adresse à Amsterdam, puis d’une autre à Paris qui fait le buzz en septembre 2017, avec trois anciens bâtiments classés du quartier du Sentier convertis en épicentre branché. Et le rythme s’accélère, avec trois ouvertures prévues aux Etats-Unis. L’éventail s’étoffe aussi : le Gleneagles, resort golfique majestueux acquis en 2015 en Ecosse, dans les Highlands, a inauguré un segment haut de gamme ; un segment économique devrait s’ajouter en 2019 avec les premiers NoCo, hôtels design à prix juste. Et après les chambres, viennent les assiettes. Sharan Pasricha a d’abord confié la restauration à un ténor du secteur, Soho House, mais il le développe maintenant en son nom propre. Le groupe se teste sur un concept de restaurant indien chic, le Tandoor Chop House, ouvert à Londres près de Covent Garden. Il prend aussi la main sur les lieux de dégustation au sein des hôtels. Qu’y a-t-il de vraiment neuf sous le soleil de la City ? Surfant sur la tendance de l’hôtel expérientiel où dormir n’est que l’une des facettes du séjour, les Hoxton constituent-ils simplement une variation sur le thème de l’hôtel cool-chic-sans chichis, dans la lignée des Ace, Standard et autres Soho Hotels ? Interrogé sur le sujet de ses illustres précurseurs, Sharan Pasricha botte en touche et met l’accent sur les designers qui ont inspiré les projets de la maison. Ces partitions sont surtout signées par des bureaux de design locaux dynamiques, comme Nicemakers à Amsterdam, Humbert & Poyet à Paris, et quelques grosses pointures, comme le bureau David Collins pour le Gleneagles. Mais l’essentiel du travail de création s’effectue dans l’open space d’Ennismore. Quatorze designers et architectes d’intérieur y conçoivent presque tous les éléments des décors, des peintures jusqu’aux appliques. La conception des signalétiques (panneaux, documents, lettrages) revient aux douze designers graphiques. Sur les murs s’étalent, comme dans une salle de rédaction, les visuels des ambiances des nouveaux projets. rit Sharan Pasricha. Il parle aussi d’éviter l’effet de mode qui, forcément, se démode, de viser l’intemporel, le bon rapport qualité-prix et le confort dans les plus petits détails. Le chiffre d’affaires ? Difficile aussi d’en savoir davantage sur la rentabilité du groupe, mais le type de stratégie, basé sur l’acquisition d’immeubles ou d’hôtels dans des quartiers en devenir, puis upgradés en hôtels branchés, laisse deviner les ambitions financières. Et en somme, de quoi est-il le plus fier ? La main sur la poignée de la porte, il hésite, puis ose la confession.

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de The Good Life

The Good Life1 min de lecture
L'avenger Attaque L'europe
Le premier SUV 100 % électrique de Jeep arrivera sur le marché européen au cours de la première partie de l'année 2023. L'Avenger, un modèle compact plus petit que le Renegade, sera produit dans l'usine polonaise de Tychy où est déjà assemblée la lég
The Good Life1 min de lecture
PARIS Viva L'arte Povera
Fruit de la collaboration de deux institutions parisiennes vouées à l'image, le Bal et le Jeu de paume, l'exposition Autour de l'arte povera ouvre de nouvelles pistes sur ce mouvement des années 60, en explorant la façon dont les trublions de l'avant
The Good Life10 min de lecture
Gema Igual Ortiz Reçoit the Good Life
Gema Igual Ortiz a toujours été dans l'action. Au début de la vingtaine, lassée de s'ennuyer sur les bancs de la fac de droit de Cantabrie, elle avait pris le parti de filer à Madrid pour travailler dans une agence de voyages. De là, l'art de la prom

Livres et livres audio associés