Autos portraits
Les artistes ont désacralisé l’objet fétiche associé aux excès de la société moderne.
Que reste-t-il de l’esthétique de l’accélération permanente des futuristes qui ont vu dans la voiture l’emblème d’un nouvel idéal de beauté mobile, en réaction contre les formes figées de la statuaire classique ? Dans les années 10, les peintures de Giacomo Balla et de Luigi Russolo sanctifient, par la dynamique du trait, l’ivresse de la vitesse. Au même moment, Jacques Henri Lartigue ne se lasse pas de photographier son Hispano de luxe lancée à plein régime sur les routes de la Côte d’Azur. Pour donner l’illusion que son bolide «décolle », il n’hésite pas à recadrer ses images et à les incliner afin que la ligne d’horizon devienne ligne de fuite. Quelques années plus tard, André Citroën lance sa Croisière noire, puis jaune, dans les déserts d’Afrique et d’Asie, les autochenilles traversant les déserts avec un bataillon d’ethnologues, de géologues, d’anthropologues, de écrit Jack Kerouac, dans son odyssée qui devint le bréviaire de toute une génération. Le roadtrip des écrivains est très vite suivi par celui des photographes. Robert Frank d’abord, puis Stephen Shore et Joel Meyerowitz font à leur tour la traversée de l’Amérique. Ils inventent une nouvelle photographie qui s’attarde plus sur les bas-côtés, les drive-in et les parkings que sur les gratte-ciel new-yorkais. Stephen Shore se souvient: La voiture est le nouveau propulseur des artistes en rupture de ban. raconte Joel Meyerowitz.
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