Côté Paris

VISAGES PÂLES

Il y a là, entreposés, deux mille plâtres originaux qui ont servi à la réalisation des sculptures de plein air disséminées dans Paris ! , se réjouit Anne-Charlotte Cathelineau, qui veille sur ce Conservatoire des oeuvres d’art religieuses et civiles ou COARC. . Depuis 1888, cet ensemble dormait dans un dépôt à Auteuil. Au cours des années 1970, la Ville de Parisla grandeur de la France, ses écrivains, ses peintres, ses tragédiennes. Elles exaltent les vertus traditionnelles : la famille, la patrie, le travail. Une surgit derrière une pile de caisses en bois, tandis qu’au détour des allées on croise quantité de et autres délicates maternités. L’époque chérit les allégories symbolisant les arts, les sciences, l’héroïsme de nos soldats en 1870 ou 1914-1918. Ces effigies ont souffert ; certaines ont perdu leur tête, ou laissé un pied, au cours de déménagements. Elles arborent, parfois, une couleur grisâtre, une surface desquamée. , explique Anne-Charlotte Cathelineau. Qu’importe. Ces modèles sont d’autant plus précieux que certaines sculptures définitives ont disparu, détruites durant l’Occupation. Il s’agissait de récupérer des matériaux non ferreux, nécessaires à l’armement ou bien, leur sujet ne correspondait pas à l’idéologie du gouvernement de Vichy… Un exemple ? Le bronze de Maria Deraismes, journaliste, engagée dans l’émancipation des femmes, première franc-maçonne, qui fut démoli en 1943. Une oeuvre de Louis-Ernest Barrias. Quarante ans plus tard, c’est une association féministe qui s’offrit une nouvelle fonte. Maria Deraismes, fière, a regagné son piédestal, square des Épinettes, dans le xviie arrondissement. Vingt-quatre des figures se sont refait une beauté. Après avoir été rafraîchies par une équipe de restaurateurs, un an durant, elles ont quitté la réserve pour rejoindre le Petit Palais. Rappelons-le, ce bâtiment édifié pour l’Exposition universelle en 1900 et converti deux ans plus tard en musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, abritait deux vastes galeries de sculpture. Les voici reconstituées (et visitables à partir du 7 novembre). L’âme du lieu nous est revenue.

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