ŒUVRE EN FUSION
ax Ernst, Chaïm Soutine, mais aussi Loulou de la Falaise avaient leurs habitudes dans cet immeuble des années 1930. Un vaisseau blanc percé de verrières, où l’art a conservé ses repères. Sous la nef de l’atelier, la lumière pénètre – détournement de de Léonard de Vinci – un coin repas aux allures de réfectoire et la cuisine à carreaux blancs qui semble être un clin d’œil à Jean-Pierre Raynaud. Ici, le jeu est une religion. Sabine brouille les pistes, superpose les lectures et navigue en zone libre. Son atelier, tour à tour studio photo, bureau, showroom et galerie, mélange les genres à l’image de son travail. Une œuvre qui fusionne les époques et les styles, entre peinture et photographie. Les plus célèbres portraits classiques des XV et XVI siècles sont truqués minutieusement par la créatrice, qui superpose peintures anciennes et photos contemporaines. Aux vêtements et à la pose d’origine des personnages extraits de tableaux anciens, celle-ci greffe des visages photographiés qui se fondent dans une illusion parfaite. Trouble, décalée, entre fiction et réalité, l’image fixe « un vrai-faux souvenir » témoin du fil fragile de nos mémoires. La forme diffère mais le fond est le même, au sol une marelle composée de plaques de marbre gravées: la série «Sloganus » fustige les citations de la sagesse populaire latine, pied de nez aux vérités universelles. Humour et impertinence, peuplent cette galerie de portraits d’un troisième type dans un jeu de télescopages qui façonne les lieux en une œuvre totale.
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