À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ahcène Hédir est ingénieur de formation et passionné de littérature. Sa plume mêle subtilement science et logique, apportant à ses récits une profondeur intellectuelle et émotionnelle. Avec "La Capricieuse", il signe une histoire troublante, élégante et dangereusement lucide.
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Aperçu du livre
La capricieuse - Ahcène Hédir
Ahcène Hédir
La Capricieuse
CHARLOTTE : Mais qu’est-ce qu’il te faut ? Que veux-tu ?
PIERROT : Je veux que tu m’aimes.
CHARLOTTE : Est-ce que je ne t’aime pas ?
PIERROT : Non, tu ne m’aimes pas.
CHARLOTTE : Comment veux-tu donc qu’on fasse ?
PIERROT : Je veux qu’on fasse comme on fait quand on aime comme il faut.
Dom Juan – Molière – ACTE II, SCÈNE 1
Il s’agit d’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que pure coïncidence.
-1-
Capucine voulait revoir Pierre.
Ce n’était pas un caprice, mais un vertige. Un élan muet, revenu chaque matin comme un écho obstiné. Et Pierre n’avait rien dit. C’était peut-être ça, le pire.
Depuis des semaines, elle pensait à lui. Pas à ses yeux. Pas à sa voix. Pas même à ce jour de neige. Non. Elle pensait aux billets. Ceux qu’il n’avait jamais pris.
Et pourtant, tout avait commencé là. Un jour de décembre. Les trottoirs s’étaient couverts de neige à deux reprises, comme souvent dans cette ville du nord. Dans l’air brumeux et glacial flottait une mélancolie sourde, cette tristesse insalissable que seuls ceux qui y avaient grandi peuvent reconnaître. Une atmosphère familière, presque irréelle, effleurait ses sens et ravivait un trouble ancien ; face à cette phrase surgie au réveil et accrochée à elle comme une rengaine obsédante : « Bien souvent, le bonheur se cache dans les méandres de l’inconnu. »
Elle y repensait en refermant la porte de la librairie où elle travaillait depuis trois ans. L’odeur mêlée du papier et du café refroidi s’accrochait encore à ses vêtements. Le regard vague, laissant ses pensées flotter autour de cette phrase tenace. D’un pas presque mécanique, elle prit la direction de la banque, fidèle à son rituel immuable : vérifier ses comptes et retirer juste assez pour la semaine.
Chaque geste, chaque pas semblait plus lourd, comme si un fil invisible l’attachait au sol. Pourtant, une petite lumière persistait en elle, fragile : s’asseoir à sa table habituelle dans la brasserie Le Bonbon, où l’attendait le réconfort de son sandwich préféré, le Gaston – tartare de saumon. Une douce attente, presque un refuge.
À quelques rues de là, Pierre quitta son poste plus tôt que prévu. La maison de retraite – leur principal client – avait annulé sa commande à cause d’une épidémie. Les résidents étaient confinés. Un simple appel au directeur de l’école hôtelière avait suffi pour libérer les élèves du service.
Si Capucine était arrivée quelques minutes plus tard, Pierre aurait pris ses billets et serait parti. Et s’il n’était pas sorti dix minutes avant l’heure habituelle, leurs regards ne se seraient jamais croisés.
Seule dans le hall, grande, mince, légèrement voûtée, Capucine semblait absorbée par l’écran muet du distributeur automatique – ce maudit écran qui refusait de lui obéir. Le bruit feutré de la porte la fit sursauter. Elle tourna instinctivement la tête. Elle croisa le regard d’un grand jeune homme aux traits fins. Ses cheveux, noués en arrière, accentuaient l’élégance discrète de son allure tranquille. Une seconde de trop. Puis elle détourna les yeux, comme si rien ne s’était passé, comme si la présence de cet inconnu n’avait aucune importance.
Et pourtant, Pierre ne bougea pas. Il resta là, à quelques mètres, observant Capucine sans la brusquer. Il y avait dans son hésitation quelque chose d’intrigant, une main qui se crispa brièvement sur la lanière de son sac, une inspiration retenue à peine perceptible, ce mélange d’assurance et de doute, comme si elle-même ne savait pas si elle devait rester ou s’enfuir.
Le temps s’étira, suspendu. Une tension subtile flottait dans l’air. Capucine, elle, attendait. Attendait quoi, exactement ? Elle n’aurait su le dire.
Puis, enfin, Pierre s’approcha, rompant doucement le silence :
– Vous en avez encore pour un moment ?
Sa question, anodine en apparence, portait une attente discrète, un fil tendu entre l’ordinaire et l’inattendu. Capucine releva le menton, comme ramenée brusquement à la réalité.
– Oh… je ne sais pas trop, murmura-t-elle, les sourcils froncés, oscillant entre gêne et amusement.
Pierre esquissa un sourire incertain, à mi-chemin entre la gêne et la curiosité. Peut-être aurait-il dû s’éclipser, mais quelque chose le retenait. Une sensation diffuse, difficile à définir.
Capucine releva les yeux, troublée. D’un geste furtif, elle rejeta ses cheveux décoiffés par-dessus son épaule.
– Je n’en sais rien, dit-elle, la voix neutre, presque agacée.
Sous cette réplique sèche perçait la fatigue d’espérer. Puis, adoucissant un peu son ton :
– Je n’arrive plus à récupérer ma carte. Le distributeur a buggé.
Un petit livre tomba de son manteau. Capucine le regarda, immobile, comme si elle attendait un geste de Pierre. Mais ce dernier resta figé, empreint d’une timide réserve. Capucine se pencha, ramassa le livre et le rangea, le souffle légèrement court.
Cette timidité lui plut. Pour elle, ce n’était pas une faiblesse, mais une prudence. Une façon douce d’évoluer dans un monde trop bruyant.
« Au-delà de vivre, il faut aimer. Mais qui ? », pensait souvent Capucine. Sa réponse à elle, jusqu’ici, c’était : personne.
Un jour pourtant, un homme avait appelé la librairie. Sa voix, chaude, troublante, semblait sortie d’un roman. Elle était tombée sous le charme. Mais l’homme s’était révélé volage. Leur histoire, brève et intense, l’avait laissée déçue.
Depuis, la peur de la solitude ne la quittait plus. Elle redoutait l’abandon, le rejet, même la plus légère désapprobation. Longtemps bercée par les contes de fées qu’elle récitait par cœur, Capucine ne trouvait plus en eux le moindre réconfort : ils creusaient davantage le vide en elle. Le prince charmant, lui, semblait s’éloigner un peu plus chaque jour.
Pierre, lui, aurait aimé l’aider. Mais une incertitude l’envahissait. Et si elle refusait ? Il hésita, fixa l’écran. Capucine, en coin, lui adressa un sourire discret. Une invitation muette.
Quand il finit par s’approcher, Pierre sut qu’il prenait un risque. Elle, n’avait aucune idée de ce qui se jouait.
Il toucha l’écran. Il s’illumina. Un clic, un bruit sec : trois billets sortirent.
– Ah, voilà ! souffla Capucine, soulagée.
Elle s’empara des billets, mais en se retournant, Pierre avait disparu. Comme s’il fuyait son propre geste.
– Et ma carte ? appela-t-elle, mi-amusée, mi-agacée.
Pierre, un instant figé, finit par revenir. Il toucha à nouveau l’écran. Sa réaction fut vive, presque dérangée, comme si le distributeur lui rendait un choc.
L’écran se ralluma.
– Allez-y, dit-il trop fort.
Capucine plissa les yeux.
– Que dois-je faire ?
Il appuya sur une touche. L’écran vibra, s’illumina, gronda. Et soudain, un flot de billets. Dix, vingt, cinquante euros, en pluie folle autour d’eux. Certains tombaient au sol, d’autres voltigeaient.
Capucine tenta d’en saisir. D’autres glissaient. Elle s’agenouilla, des billets accrochés à ses cheveux, son manteau. Impossible de compter. Elle leva les yeux, déroutée, puis sourit, les sourcils froncés.
– Je ne comprends pas…
Pierre recula, troublé. Capucine le vit. Et, sans comprendre pourquoi, elle sentit quelque chose se nouer en elle – un pressentiment doux-amer, comme une mémoire qu’on n’a pas encore vécue.
– Beaucoup de billets ! Si seulement c’était vrai…
Pierre la regardait. Elle était belle, malgré le chignon défait, le vernis écaillé. Une beauté naturelle. Lui, croyait que toute chose devait se mériter. Solitaire, anxieux, il n’osait montrer ce qu’il ressentait.
Capucine rangea les billets dans son sac, d’un geste rapide, presque nerveux et fila sans un mot.
Dehors, elle souriait. Ravie, troublée. Il y avait de la magie dans ce garçon. Comment avait-il détraqué la machine ? Sans vraiment réfléchir, elle le suivit jusqu’à l’école hôtelière. « Quoi qu’il en soit, se dit Capucine, je sais où le trouver ! »
Ce soir-là, en rentrant chez elle, Capucine n’avait qu’une pensée : elle voulait revoir Pierre. Et cette fois, elle n’attendrait pas que le hasard décide à sa place.
-2-
Capucine Rujelle était une jeune fille attirée naturellement par les secrets – à l’image de ce carnet à serrure qu’elle gardait depuis l’enfance, rempli de petits faits anodins observés ici et là, comme autant de mystères à élucider –, se nourrissant d’une fascination pour les contes de fées qu’elle maîtrisait presque de bout en bout. Elle avait l’esprit curieux et les yeux partout, toujours à l’affût de conversations captées dans le métro ou de lettres abandonnées sur une table de café, sans jamais confondre la curiosité avec de l’amour. Elle consacrait beaucoup de temps au travail, mais ce n’était jamais pour gagner davantage. Sa nature la poussait plutôt vers la lecture et les livres, sans jamais vraiment oublier qu’elle avait toujours cru aux contes de fées. On ne pouvait pas la qualifier de paresseuse, mais la cupidité n’était jamais son moteur. Au fond d’elle, cependant, elle savait que pour être heureuse, elle devait gagner beaucoup d’argent. Elle refusait simplement de concentrer tous ses efforts sur les gains et la richesse.
Par conséquent, l’idée d’être riche avait été reléguée au second plan, jusqu’à ce jour, où elle avait aperçu ces billets jaillir à une vitesse vertigineuse d’un distributeur détraqué, attirée par le comportement étrange du jeune homme, qui demeurait tapi dans le silence sans proférer un mot de plus.
Capucine se rendit à l’école hôtelière, quelques jours après l’incident des billets de banque, en s’arrangeant pour que sa présence paraisse tout à fait naturelle et spontanée. Pierre était surpris de la revoir. Son corps se crispa légèrement, ses épaules se tendirent et il inspira plus brièvement, comme si l’air lui manquait. Capucine s’attendait à retrouver un jeune homme sûr de lui, mais elle fut surprise de découvrir Pierre, que la timidité rendait profondément touchant. « Ce n’était pas une timidité ordinaire, songea-t-elle, de celles qui empêchent les mots de sortir, qui font rougir et bafouiller. » Non, non, ce n’était pas cela. C’était une timidité qui semblait être un bouclier, une protection que Pierre érigeait autour de lui. Il avait l’air gêné, c’est vrai, mais ce qui était le plus remarquable, c’était son regard. Il fixa Capucine avec une intensité captivante, comme si ses yeux cherchaient à déchiffrer un poème écrit à l’encre invisible sur son visage, passant d’un œil à l’autre puis se posant sur ses lèvres. Ce regard avait le pouvoir de pénétrer au plus profond de Capucine, mettant à nu ses désirs les plus enfouis. Jamais encore un homme ne l’avait regardée de cette manière.
Cet échange de regards bouleversa Capucine, la laissant déstabilisée, dans un état de trouble. Elle sentit que derrière cette timidité se cachait un homme dont les émotions seraient puissantes et profondes, et cela la fascina davantage.
Après quelques mots sans importance, Capucine lui posa la question qui trottait sans cesse dans sa tête.
– Comment avez-vous fait ? lui dit-elle avec un léger sourire.
Pierre découvrait de si près la beauté de cette jeune fille qui, finalement, avait donné à ses yeux un nouveau regard, et à ses lèvres un éclat bouleversant. Il était évident qu’elle avait fait un effort conscient pour ces retrouvailles, et cela renversa totalement la première impression qu’il avait eue d’elle, le jour où il l’avait vue pour la première fois. Pas besoin d’autres explications. Pierre était conscient que Capucine faisait référence aux billets qui étaient sortis inopinément du distributeur.
– Un pur hasard, lui répondit-il mollement.
La jeune fille se rendit immédiatement compte du mensonge : « il y a un secret, se dit-elle, dans ce visage qui rougit ». D’audace sans doute. Car Capucine n’y voyait aucune faiblesse. « Il me cache la vérité », se dit-elle. Et c’était précisément ce qu’il ne fallait pas faire avec Capucine. Pierre avait franchi le cap des vingt-sept ans sans avoir connu l’amour. Il se souvenait encore de cette soirée d’été, quelques années plus tôt, où une collègue lui avait proposé de prolonger un dîner. Il avait décliné, incapable de décoder les signes, prisonnier d’une pudeur qu’il n’avait jamais su dépasser. Depuis, il n’avait plus vraiment essayé. Cependant, il n’était pas particulièrement malheureux. Ce qui lui manquait, ce n’était pas le sexe,
