La mét'(ÂME) orphose du papillon
Par Sophie Bloosom
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À propos de ce livre électronique
Trois fois, j'ai défié la mort, chaque épreuve devenant un tremplin vers une renaissance éclatante.
"La mét'(ÂME) orphose du papillon" est un chant vibrant d'espoir, un récit autobiographique qui célèbre la transformation intérieure. Ces expériences ont éveillé une force lumineuse : l'intuition, étoile guidant mes pas, et une connexion joyeuse aux plans subtils. Avec une prose poétique, ce livre tisse une ode à la vie, invitant chacun à transformer ses défis en élan vital. C'est un rayon de soleil pour ceux qui cherchent à s'épanouir, une promesse que chaque épreuve cache une métamorphose. Ce témoignage vibrant s'adresse à ceux qui croient en la magie de l'âme pour s'envoler. Laissez-vous porter par cette histoire lumineuse, où chaque page éclaire le chemin vers la joie et l'éveil spirituel.
Plongez dans ce voyage et découvrez la beauté d'une vie réinventée !
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Aperçu du livre
La mét'(ÂME) orphose du papillon - Sophie Bloosom
La
mét (ÂME) orphose
du papillon
Sophie BLOOSOM
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Conformément au Code de la propriété intellectuelle, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, et ce, par quelque moyen que ce soit, sans l’autorisation préalable de l’éditeur.
Dépôt légal : Août 2025
Ce roman est inspiré de faits réels. Cependant, les personnages, leurs noms, leurs caractéristiques et les situations ont été modifiés pour préserver l'anonymat des personnes qui ont croisé ma route. Toute ressemblance ne serait que le fruit du hasard.
À mes filles chéries
PROLOGUE
Cinquante-et-un ans... Un simple souffle dans l'immensité du temps cosmique, une poussière d'étoile dans l'éternité, et pourtant, pour l'être humain que je suis, un cap symbolique, une crête depuis laquelle le regard embrasse différemment le paysage de sa propre vie. Et voilà qu'en cet instant précis de mon existence, une vision, aussi claire et fugace qu'un éclair déchirant la nuit de l'âme, me traverse de part en part : ma propre mort. Non pas la peur panique de l'inconnu, non, j'ai appris à l'apprivoiser celle-là, mais une tristesse infinie, une urgence poignante qui me serre le cœur et embue mes yeux. L'urgence de ne pas vous avoir tout dit de l'essentiel, de ne pas vous avoir transmis les clés les plus précieuses que j'ai pu glaner au fil de mon propre cheminement chaotique. La crainte de ne pas vous avoir légué la carte intime, non pas du territoire extérieur, mais de ce paysage intérieur, étrange et merveilleux, qu'est une vie humaine consciente, avec ses trésors cachés dans les replis de l'âme et ses précipices inattendus qui, s'ils nous effraient d'abord, nous forcent aussi à regarder en nous, à découvrir des ressources insoupçonnées.
L'émotion fut si vive ce jour-là, si tangible dans mon corps, qu'elle a ébranlé les fondations mêmes de mon être, remis en question le cours tranquille de mes journées. Ce soir-là, les premiers mots de ce livre ont jailli, comme une source trop longtemps contenue qui trouve enfin une issue, une nécessité impérieuse de laisser une trace, un murmure.
Car une question brûlante, essentielle, s'est imposée à ma conscience avec la force d'une évidence longtemps refoulée, une question qui palpite au cœur même de ces pages que j'entreprends d'écrire pour vous :
« Mes filles adorées, comment trouver les mots justes pour vous murmurer à l'oreille, pour déposer délicatement au plus profond de votre cœur, non pas des réponses toutes faites qui enferment et limitent, mais les quelques clés que j'ai moi-même forgées, souvent dans la douleur et la solitude, au feu ardent de mes propres expériences transformatrices ? Comment vous offrir les armes véritables – non pas celles de la guerre contre le monde ou contre vous-mêmes, mais celles de la lumière intérieure qui éclaire les zones d'ombre, celles de la résilience qui prend racine dans la vulnérabilité acceptée, celles du discernement qui naît d'une écoute attentive de votre propre vérité – pour que vous puissiez, le moment venu, affronter vos propres tempêtes, non comme des victimes impuissantes ballottées par les flots, mais comme des navigatrices conscientes et responsables de leur cap ? Comment vous transmettre l'art subtil de voir vos blessures inévitables non comme des stigmates de honte ou de fatalité, mais comme des portails sacrés s'ouvrant sur une compréhension plus vaste de vous-mêmes et de la vie ? Comment vous apprendre à danser avec la même grâce et la même acceptation avec vos ombres qu'avec votre lumière éclatante ? Comment, enfin, vous aider à devenir non pas celles que mes désirs ou mes peurs voudraient que vous soyez, mais pleinement, joyeusement, celles que votre Âme unique et magnifique vous appelle à Être, dans toute votre singularité ? »
Voyez-vous, mes amours, je n'ai jamais vraiment abordé la mort comme une finitude absolue, comme un mur infranchissable, bien qu'elle m'ait frôlée de très près, qu'elle m'ait même happée dans son vortex silencieux, par trois fois déjà au cours de mon existence. Trois moments suspendus où le fil ténu et précieux de la vie a semblé se rompre, où mon souffle s'est littéralement arrêté entre deux mondes, entre deux dimensions de la réalité, me laissant flotter dans un entre-deux étrange et indescriptible. Pour moi, désormais, ce n'est pas une fin, mais un passage. Une porte, parfois dérobée et douce, parfois brutale et effrayante, qui s'ouvre sur... quoi exactement ? Le vide angoissant du néant ? Le silence éternel et froid ? Ou, comme mon intuition me le souffle avec une force tranquille, une autre forme de présence, une conscience élargie, libérée des contraintes de la forme ? J'ai fait l'expérience intime de la tristesse poignante du détachement forcé, du désespoir face à l'impuissance de la volonté, de la morsure cruelle du temps qui semblait s'arrêter ou s'accélérer follement, puis de ce vide étrange, ce flottement lucide où le temps n'existe plus, avant de renaître à la vie ordinaire, surprise par cette nouvelle chance inespérée, curieuse de ce nouveau regard sur le monde, avide de cette compréhension affinée qui germe toujours après la traversée de la nuit.
Ce livre, c'est donc le récit intime de ces trois morts
symboliques et des renaissances multiples, physiques et spirituelles, qui en ont découlé. C'est la cartographie de l'itinéraire initiatique de mon âme, cette « mét(AME)orphose» lente, parfois douloureuse, mais toujours porteuse de sens, qui transforme la chenille rampante en papillon prêt à prendre son envol. Un chemin qui m'a souvent conduite dans l'ombre la plus dense de moi-même, là où résident les peurs ancestrales et les blessures non guéries, et où j'ai dû apprendre, pas à pas, à chercher la lumière non pas à l'extérieur, dans la reconnaissance ou l'amour des autres, mais au plus profond de mon propre cœur. Apprendre à décrypter le langage subtil des synchronicités comme des clins d'œil bienveillants de l'Univers. Apprendre à transformer la simple volonté égotique de réussir, de prouver ma valeur, en un amour vibrant, gratuit et inconditionnel pour la vie elle-même, pour les autres êtres qui croisent ma route, et surtout, pour cette part de moi longtemps négligée ou jugée.
Je vous dédie ces mots, ces fragments de vie, ces expériences vécues dans ma chair et dans mon esprit, ces cicatrices qui, loin d'être des marques de faiblesse, sont devenues pour moi des portails sacrés vers l'enseignement essentiel de la vie. Non pas comme un guide dogmatique à suivre aveuglément – car votre chemin, je le répète, est unique et sacré –, mais comme une boussole intérieure possible, une source d'inspiration peut-être, pour éclairer votre propre voyage lorsque vous traverserez des zones de turbulence ou de brouillard. Pour que vous n'ayez jamais peur de tomber, car c'est en apprivoisant la chute, en acceptant notre vulnérabilité, que l'on découvre la force de se relever et d'apprendre à voler de ses propres ailes. Pour que vous sachiez, avec de plus en plus de clarté, reconnaître les illusions du monde extérieur – les mirages du succès facile, les promesses vides de l'ego, les masques sociaux – et écouter avec confiance la voix subtile mais infaillible de votre intuition, ce GPS de l'âme logé au cœur de votre être. Pour que vous cultiviez avec soin et dévotion cet amour inconditionnel qui est, j'en suis convaincue, la plus grande force créatrice et guérisseuse de l'univers, en commençant toujours et encore par l'amour sacré, patient et bienveillant de vous-mêmes, avec vos forces et vos fragilités.
Alors, je vous invite à lire ces pages le cœur grand ouvert, l'esprit curieux, sans jugement préconçu. Accueillez ce qui résonne avec la musique unique de votre âme en cet instant. Questionnez, explorez, remettez en cause ce qui vous interpelle, ce qui vous dérange peut-être, car c'est souvent là que se cachent les plus belles opportunités de croissance. Car la question ultime que je vous pose à travers ce récit, celle qui restera vibrante et ouverte bien après la dernière page tournée, celle qui est l'invitation fondamentale de la vie elle-même à chaque instant, c'est bien celle-ci :
« Comment allez-vous choisir, vous, mes précieux papillons, mes âmes lumineuses, d'utiliser les vents parfois contraires de l'existence, non pour vous laisser briser ou dévier de votre cap, mais pour apprendre à déployer avec toujours plus de grâce, de force tranquille et d'authenticité vos propres ailes uniques et colorées, et créer ainsi la symphonie singulière, la danse sacrée et joyeuse de votre propre existence consciente ? »
PREMIÈRE PARTIE
Chapitre 1 : L'Éveil Blanc
Ce n'est pas la lumière qui manque à notre regard, c'est notre regard qui manque à la lumière.
- Gustave Thibon
J'ouvre les yeux. Ou plutôt, mes paupières semblent se soulever d'elles-mêmes, lourdes, comme des pierres tombales miniatures que l'on écarterait avec effort, révélant un plafond. Blanc. D'un blanc absolu, mat, d'une infinité déconcertante qui semble avaler toute pensée naissante, toute couleur, toute trace de vie antérieure. Pas la moindre fissure où accrocher le regard fuyant, pas l'ombre d'un relief, juste cette étendue lisse, aveuglante, qui aspire l'esprit dans un vide cotonneux et angoissant.
Où suis-je ? La question flotte, informe et lourde, dans le brouillard épais de mon mental, une ouate sale qui étouffe les contours de la réalité. Mes yeux clignent difficilement, tentant de s'ajuster à cette clarté crue, presque chirurgicale, une lumière agressive qui brûle la rétine et semble nier le droit à l'ombre, au repos. C'est un blanc clinique, un blanc qui hurle l'absence – l'absence de couleur, l'absence de vie tangible, et plus profondément, l'absence de moi, ou du moins de celle que je croyais être. Mon âme se sent aussi nue et exposée que mon corps sous cette lumière implacable.
Mon regard dérive lentement, traversé par une panique sourde mais retenue par une étrange léthargie, cherchant désespérément une prise, une aspérité familière dans cette perfection aseptisée qui m'entoure. Il commence à cartographier l'espace confiné qui m'emprisonne, comme un animal blessé reconnaît les limites de sa cage. Une fenêtre. Mais une fenêtre qui n'offre aucune échappatoire : elle est striée de barreaux sombres, épais, définitifs, dessinant des ombres implacables sur le sol, comme les doigts squelettiques d'une geôle. Dehors, une autre lumière palpite, plus douce, celle du monde réel peut-être, mais elle est filtrée, déformée, rendue inaccessible par ces lignes de fer froid qui symbolisent si bien mon propre enfermement intérieur. Un lit. Est-ce le mien ? Je ne le reconnais pas. Simple, étroit, métallique, recouvert de draps rêches qui crissent sous mes doigts lorsque j'esquisse un mouvement timide, un son qui déchire le silence oppressant de la pièce et me fait sursauter. Un petit placard métallique, gris souris, d'une froideur que je devine sans même le toucher, probablement aussi vide que ma mémoire amputée. Et ce blanc. Partout. Obsédant. Sur les murs nus qui semblent se refermer sur moi, sur le sol lisse et froid sous mes pieds nus que j'ose enfin poser à terre, provoquant un contact glacial qui remonte le long de mes jambes et me fait frissonner jusqu'à l'âme. Le mobilier est minimaliste, fonctionnel jusqu'à la nausée, niant toute trace d'humanité, de chaleur, d'histoire personnelle. Un blanc qui efface, qui neutralise, qui me renvoie à un vide intérieur terrifiant, à la page blanche de mon esprit amnésique.
« Je suis au paradis ? » La question m'échappe à nouveau, un murmure rauque, presque inaudible dans ce silence de mort qui pèse sur la pièce. Mais si c'est le paradis, il a l'apparence glaçante d'une cellule de haute sécurité, d'une antichambre aseptisée de l'enfer blanc, un lieu de non-vie où l'âme est mise en suspens. Mon cœur, lui, semble bien vivant. Il cogne sourdement, lourdement contre mes côtes, comme un oiseau affolé, pris au piège dans une cage thoracique soudain trop étroite, ses battements désordonnés et puissants résonnant jusque dans mes tempes, seul signe tangible de vie dans cet univers stérile.
Mes yeux refont le tour de la pièce, plus lentement cette fois, avec une application désespérée, cherchant le moindre indice, la plus petite explication logique à cette situation absurde, flottante, qui échappe à toute compréhension. Le lit étroit. Cette table de chevet métallique, sinistrement vide. Et à ma gauche, une porte. Massive. Pleine. Sans judas. Lisse comme les murs. Fermée. Verrouillée, sans aucun doute. Je n'ose même pas essayer de vérifier tout de suite, repoussant l'inévitable confirmation de mon enfermement. La poignée en métal chromé semble froide, hostile, comme une bouche close et scellée, refusant obstinément de livrer le moindre secret sur ce qui se trouve derrière, sur ce qui m'attend.
À cet instant précis, mon esprit est une page blanche, aussi vierge et terrifiante que ces murs immaculés qui m'enserrent et semblent m'étouffer. Qu'est-ce qui a bien pu me conduire ici ? Quelle faute impardonnable ai-je commise, quelle limite ai-je franchie pour mériter cette cage aseptisée, ce purgatoire blanc ? Ou plutôt, quelle douleur intérieure, quelle blessure de l'âme est devenue si insupportable que mon être tout entier a choisi, inconsciemment peut-être, ce retrait radical du monde, cet effacement temporaire ? Cet endroit... qu'est-ce que c'est réellement ? Un hôpital psychiatrique ? Une prison déguisée en lieu de soins ? Un laboratoire étrange où l'on expérimente l'oubli ? La panique menace de me submerger à nouveau, une vague glacée qui monte des profondeurs de mes entrailles, accompagnée d'un sentiment d'irréalité totale.
Je me traîne avec une lenteur infinie jusqu'à la fenêtre, mes jambes flageolantes peinant à me soutenir, et je m'agrippe aux barreaux froids et lisses comme aux barreaux d'une véritable prison, cherchant un contact tangible avec la réalité extérieure. Dehors, contre toute attente, contre toute logique apparente, s'étend un jardin. Un jardin magnifique, luxuriant, presque trop parfait pour être réel, accentuant par contraste la stérilité de ma cellule. Des pelouses d'un vert insolent, fraîchement tondues, méticuleusement entretenues. Des parterres de fleurs aux couleurs vives, éclatantes – rouge sang, jaune criard, bleu électrique – presque agressives dans leur gaieté artificielle et silencieuse. Des arbres majestueux, aux troncs solides et aux feuilles qui bruissent doucement sous une brise invisible, un murmure léger qui semble se moquer de mon immobilité forcée. C'est une image de paix idyllique, de sérénité parfaite, qui jure violemment avec la blancheur glaciale et la réclusion de ma chambre. Est-ce un mirage destiné à me torturer ? Une hallucination née de la privation sensorielle et de l'isolement ? Ou une provocation cruelle, un décor de théâtre destiné à souligner l'absurdité de ma situation ? Je contemple ce tableau inaccessible, cette nature vibrante de vie dont je suis coupée, et le vide dans ma mémoire reste béant, vertigineux, effrayant. Toujours rien. Pas le moindre flash de lumière dans l'obscurité de mon passé immédiat. Pas la plus petite bribe de souvenir cohérent qui pourrait m'éclairer. Juste le silence assourdissant de l'amnésie, écho parfait du silence de l'âme mise en veille forcée.
« Mais qu'est-ce que je fais là ?» Le cri monte à nouveau, silencieux mais brûlant d'angoisse et d'incompréhension, dans ma gorge serrée.
Une soif nouvelle m'assaille, plus précise cette fois. Une soif primaire, animale, mais orientée. Pas seulement d'eau fraîche pour hydrater ma gorge sèche, mais de café. Un besoin irrépressible, presque absurde dans ce contexte d'enfermement et d'incertitude, mais impérieux, vital. Un café noir, fort, brûlant. Pour tenter de dissiper ce brouillard mental épais qui embrume mes pensées, pour me reconnecter à une forme de normalité perdue, à la vie d'avant, quelle qu'elle ait pu être. L'idée même de ce goût amer et familier me donne une impulsion électrique, une raison de bouger, d'agir, de défier les limites de cette pièce.
Je me dirige d'un pas mal assuré vers la porte, la main tremblante comme une feuille prise dans le vent, et je tourne la poignée métallique, attendant le blocage inévitable. Contre toute attente, elle cède dans un déclic sec qui résonne étrangement dans le silence. Je me retrouve nez à nez avec un couloir. Long, étroit, rectiligne, tout aussi blanc et impersonnel que ma chambre, semblant s'étirer à l'infini comme une perspective angoissante. L'odeur âcre et entêtante de désinfectant flotte lourdement dans l'air, me pique les narines, agresse mes sens déjà en alerte. Cela ressemble terriblement à un hôpital, ou pire encore, à une institution où l'on perd son identité, où l'on devient un numéro de dossier, une pathologie, un corps à soigner ou à contenir.
J'avance à petits pas hésitants sur le linoléum froid et usé, mes pieds nus produisant un léger claquement qui me semble assourdissant dans le silence ambiant. Ce silence n'est rompu que par le bourdonnement lointain et agressif d'un néon blafard au plafond, lumière artificielle qui ne réchauffe rien, et par le battement affolé de mon propre cœur qui résonne dans ma poitrine comme un tambour de guerre annonçant une bataille intérieure. Au bout de ce corridor sans fin, une autre porte. Massive, grise cette fois, sans poignée apparente. Une issue ? Une sortie ? L'espoir, cette chose fragile et ténue comme un fil d'araignée, me pique douloureusement le cœur, me donnant une bouffée d'énergie.
Alors que j'allonge la main, incertaine, tremblante, vers cette promesse de liberté, une voix neutre, posée, professionnelle mais dénuée de toute chaleur humaine, me fige sur place, me glace le sang. « Cette porte ne sera ouverte qu'à partir de 13 heures. » Une infirmière. Surgie de nulle part, silencieuse comme une ombre dans sa blouse impeccable, bleu pâle, trop amidonnée. Son visage est lisse, insondable, fermé comme une forteresse. Elle se tenait là, gardienne impassible de mon enfermement, incarnation de l'autorité médicale froide et distante, rempart infranchissable entre moi et le monde extérieur.
« Où suis-je ? » La question jaillit enfin de mes lèvres sèches, chargée d'une angoisse palpable, d'une supplique muette que mon regard seul pouvait exprimer.
Elle ne répond pas directement. Son regard professionnel, presque clinique, me jauge de haut en bas, avec une distance étudiée, comme si j'étais un spécimen curieux sous une lame de microscope, un cas intéressant mais dénué d'individualité. Puis, avec une douceur artificielle, une fausse compassion qui me glace le sang plus sûrement qu'une insulte ou une parole dure, elle me prend fermement par le bras et me raccompagne sans ménagement vers ma chambre, ma cellule. Sa main sur mon avant-bras est une pression qui se veut douce en apparence, mais qui est inflexible, une poigne de fer dans un gant de velours, ne tolérant aucune résistance.
Elle m'explique, d'une voix monocorde et détachée, que je serai vue bientôt par un médecin. Qui m'expliquera. Peut-être. Son ton suggère que l'explication n'est pas une priorité, que ma compréhension n'est pas nécessaire à leur processus. C'est seulement alors, comme si elle me jetait un os à ronger pour calmer mon agitation, qu'elle lâche l'information capitale, presque en passant, sans me regarder dans les yeux, comme si cela n'avait que peu d'importance : « Vous êtes dans une maison de repos à Saint-Rémy de Provence. »
Saint-Rémy... Le nom résonne étrangement dans le vide sidéral de ma mémoire. Une vague familiarité, mais sans contexte. Puis, comme un éclair brutal dans la nuit de mon amnésie, le déclic se fait. Van Gogh. L'oreille coupée. L'asile. La folie. L'ironie noire de la situation me frappe avec la violence d'un coup de poing en pleine poitrine, me coupe le souffle. Glaciale et absurde. Moi, ici. Dans l'antre même de la folie artistique et torturée, sans détenir le moindre souvenir, la moindre bribe d'explication sur ce qui a bien pu me mener à échouer sur ce rivage désolé de la conscience.
Le personnel – ces blouses blanches anonymes aux sourires forcés et aux regards fuyants qui semblent glisser sur moi sans jamais vraiment me voir – m'apprend plus tard, bribes par bribes, comme si mon esprit fragmenté n'était pas capable de tout entendre d'un coup, que je sors d'une cure de sommeil. Presque dix jours complets. Dix jours effacés de ma vie, aspirés dans un trou noir insondable, un vide abyssal dans le continuum de mon existence. Et pendant ce néant artificiel, pendant que je dérivais, inconsciente, dans les limbes chimiques d'un sommeil sans rêves, le monde extérieur, lui, avait continué de tourner sans moi, indifférent à ma disparition temporaire. Nous sommes passés en 2015. Une nouvelle année a commencé sans mon consentement, sans ma présence consciente, pendant que j'étais endormie, effacée du livre de la vie.
« Mais que s'est-il donc passé ? Pourquoi ? Comment ? » La question tourne en boucle dans mon esprit vide, lancinante, obsédante, marteau-piqueur contre les parois de mon crâne, sans trouver la moindre prise, la moindre bribe de réponse cohérente. Je flotte dans ce blanc cotonneux, mon esprit émergeant avec une lenteur douloureuse, comme un noyé reprenant souffle après une trop longue apnée, désorienté par la lumière après l'obscurité des profondeurs. Mais la raison fondamentale de ma présence ici, la cause de cet effondrement, reste une énigme absolue, une porte blindée sans serrure, une serrure dont la clé est perdue dans les méandres de mon inconscient.
Étrangement, fugitivement, une partie infime de moi, la plus lasse peut-être, se sent presque... soulagée. Libérée momentanément du fardeau écrasant de la mémoire, de la conscience aiguë de la douleur qui me rongeait avant... avant le noir total. Une trêve paradoxale dans la souffrance. Mais cette pseudo-paix, ce calme artificiel induit par les molécules chimiques, est aussitôt anéanti par la réalité brutale de ma situation présente : privée de liberté de mouvement, confinée à cet étage où tous les accès sont verrouillés comme dans une prison de luxe, surveillée en permanence par des yeux invisibles derrière des caméras discrètes ou par les regards professionnels et distants du personnel soignant.
La douleur, oui, maintenant que le brouillard se lève un peu, je me souviens vaguement, à travers les lambeaux de ma mémoire, d'une douleur psychique insoutenable, écrasante, intolérable, qui m'avait submergée comme une vague dévastatrice juste avant... juste avant le trou noir, le grand effacement. Cette douleur-là, celle de l'âme à vif, a disparu, comme effacée par magie, anesthésiée par les médicaments qui ont court-circuité mes circuits neuronaux et émotionnels. Mon cerveau a fait un « reset », un redémarrage forcé, brutal, sans mon consentement. C'est étourdissant, presque terrifiant, de réaliser cette capacité insoupçonnée de l'esprit humain à tirer le rideau de fer, à provoquer un « Blackout » total pour protéger son hôte d'une souffrance jugée trop grande, insupportable, menaçant l'intégrité même de l'être. Une anesthésie de l'âme. Un disjoncteur psychique automatique. Mais à quel prix ce mécanisme de survie ultime se met-il en place ? Quel est le coût de cet oubli forcé ? Qu'ai-je perdu dans ce formatage radical de ma conscience ?
Trente-huit ans. L'âge où l'on est censé être au sommet de sa vie active, sociale, familiale. Épanouie. Accomplie. Sereine. Et moi, j'ai fait quoi ? Je me suis laissée mourir. Littéralement. Consciemment. Par un acte de volonté désespéré ou par un abandon total face à la vague. Dévastée par un chagrin d'une profondeur abyssale, d'une noirceur telle qu'il m'a engloutie toute entière, corps et âme confondus. Et je me réveille ici, après dix jours d'oubli chimique orchestré, dans une maison de repos psychiatrique, ce lieu qui symbolise pour beaucoup l'échec ultime, la perte de contrôle totale. Moi, qui avais passé une grande partie de ma vie à prendre soin des autres, à tenter de sauver ce qui pouvait l'être chez eux, à jouer les infirmières dévouées, les sauveuses auto-proclamées, les mères Teresa de pacotille. Ironie suprême, j'avais été sauvée à mon tour. Mais par qui ? Qui a pris cette décision à ma place ? Qui a jugé que je ne méritais pas de sombrer définitivement dans l'abîme que j'avais moi-même creusé ? Qui m'a arrachée de force à mon propre désir d'anéantissement programmé ? Qui a osé intervenir dans mon choix ultime de disparaître ?
Aucun souvenir tangible de ce voyage vers l'abîme, juste ce trou noir terrifiant, ce vide absolu qui débouche sans transition sur cette lumière blanche, clinique, artificielle, agressivement neutre. Est-ce un signe du destin ? Une seconde chance offerte par une force invisible ? Une mauvaise blague cosmique ? Un signe de quoi, au juste ? Mon esprit, encore engourdi mais commençant à s'emballer, cherche désespérément un sens, une explication métaphysique, une grille de lecture qui pourrait donner une cohérence à ce réveil improbable dans ce lieu improbable. Mais rien ne se matérialise dans ma réalité immédiate, rien d'autre que la froideur tangible de ces murs blancs, l'obstacle concret de cette fenêtre à barreaux, la finalité muette de cette porte fermée à clé. Je balaie d'un revers de pensée lasse ces questionnements métaphysiques absurdes et délirants. Reprendre le contrôle. Oui, voilà l'urgence immédiate. Il faut reprendre le contrôle. D'abord de mes pensées qui partent en vrille dans le vide. Puis, pas à pas, de ma vie éclatée. Il le faut. C'est une question de survie maintenant.
Avant... Avant le trou noir, avant la chute vertigineuse dans les abîmes de la dépression, j'étais, ou du moins je m'efforçais d'être, le parfait modèle social. Celui que la société attend et valorise, celui qu'on montre en exemple dans les magazines féminins comme une icône de réussite. Une façade impeccable sur toute la ligne. Un job prestigieux et très bien payé dans le monde exigeant de la mode. Un mari aimant et dévoué, du moins en apparence, image parfaite du bonheur conjugal. Des enfants adorables et bien élevés, reflet de mes compétences maternelles supposées. Une jolie maison avec un jardin fleuri et bien entretenu en banlieue chic, symbole ultime de la réussite matérielle et familiale. La panoplie complète du bonheur standardisé, clés en main, prêt-à-porter, sans âme peut-être mais socialement validé. Tout était parfait en surface. Lisse. Contrôlé. Millimétré. Calculé. Jusqu'à ce qu'un maudit grain de sable, minuscule mais dévastateur, invisible à l'œil nu mais au pouvoir corrosif immense, ne vienne gripper les rouages impeccables de la machine bien huilée de ma vie parfaite.
Perdue dans le labyrinthe de mes réflexions confuses et fragmentées, ici, dans cette maison de repos où l'on est censé se reconstruire mais où je me sens plus perdue que jamais, je peine à trouver un chemin clair, une issue tangible. Chaque pensée qui émerge du brouillard est une impasse, un cul-de-sac angoissant qui me renvoie à mon impuissance présente. Il faut que je reprenne le dessus. Il le faut. Absolument. Je convoque les fantômes de mes anciennes identités. Moi, la battante infatigable. Moi, la guerrière qui ne renonce jamais. Moi, la parfaite contrôlante qui ne laissait jamais rien au hasard dans sa vie si bien organisée, si méticuleusement planifiée. Comment ai-je pu en arriver là ? Comment ai-je pu perdre le contrôle à ce point, moi qui en avais fait ma raison d'être ? Comment ai-je pu me laisser sombrer si bas, toucher le fond de cette manière ? La question résonne lugubrement contre les murs blancs de ma cellule capitonnée de silence, sans écho, sans réponse. Juste le vide. Et le blanc. Partout. Infiniment. La toile blanche de ma renaissance forcée.
Chapitre 2 : L'Enfance Rebelle
L'enfance, c'est le sol sur lequel nous marcherons toute notre vie.
- Lya Luft
Comment, mais comment donc, avais-je pu échouer ici, dans cette chambre blanche et anonyme, épave flottante sur l'océan de ma propre détresse, après un naufrage dont les détails mêmes m'échappaient encore ? Moi, la battante auto-proclamée, celle qui s'était toujours définie par sa lutte acharnée pour s'extraire des difficultés, pour réussir aux yeux du monde, pour prouver une valeur que je ne me reconnaissais pas intimement ? Moi, la contrôlante obsessionnelle, érigeant des murailles de planification autour de mon existence, convaincue que la maîtrise absolue était le seul rempart contre le chaos de la vie et de mes propres émotions ? La réponse, je le pressentais avec une clarté douloureuse qui commençait à percer le brouillard de l'amnésie, ne se trouvait pas dans l'événement déclencheur immédiat de mon effondrement, mais bien plus loin, enfouie dans les strates profondes et les brumes épaisses d'un passé que j'avais passé une vie entière à fuir, à nier farouchement, ou peut-être simplement à recouvrir d'un vernis de normalité. L'état initial de la chenille, avant toute métamorphose, devait être exploré non seulement dans ses contingences externes, mais surtout dans la complexité de son paysage intérieur.
Car d'aussi loin que ma mémoire incertaine et sélective consent à remonter, ce sentiment lancinant, omniprésent, d'être... différente, m'a accompagnée comme une ombre fidèle. Pas à ma place. Toujours un peu décalée par rapport aux autres, par rapport à ce qui semblait être la norme
tacite. Comme une pièce de puzzle aux contours étranges, unique et solitaire, qui n'appartiendrait à aucune boîte connue, cherchant désespérément, mais sans le savoir encore, non pas à s'adapter à une image préexistante, mais à créer son propre tableau. J'observais les autres enfants dans la cour de récréation, leurs jeux bruyants, leurs rires faciles, leurs interactions qui semblaient couler de source avec une aisance déconcertante, une évidence sociale qui me paraissait presque surnaturelle, et je me sentais irrémédiablement à l'écart, séparée par une vitre invisible mais infranchissable. Spectatrice silencieuse, souvent mélancolique, d'une pièce de théâtre dont je ne comprenais ni les codes implicites, ni les enjeux superficiels, ni l'intrigue générale, et dont mon âme pressentait confusément la vanité.
Pendant des années, des années interminables d'efforts conscients et inconscients, j'ai tenté désespérément de me fondre dans cette masse informe et rassurante qu'est le
