Abrégé de l'histoire romaine (Annoté)
Par Florus
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À propos de ce livre électronique
En mettant l'accent sur les guerres et les conquêtes, Florus retrace l'histoire romaine de manière concise. De la fondation de Rome par Romulus au règne d'Auguste, l'auteur nous présente un condensé des évènements qu'il considère comme les plus importants. Nous y
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Avis sur Abrégé de l'histoire romaine (Annoté)
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Aperçu du livre
Abrégé de l'histoire romaine (Annoté) - Florus
ABRÉGÉ DE L’HISTOIRE ROMAINE
FLORUS
Traduction par
THÉOPHILE BAUDEMENT
TABLE DES MATIÈRES
Notice sur Florus
LIVRE PREMIER
LIVRE DEUXIÈME.
LIVRE TROISIÈME.
LIVRE QUATRIÈME.
NOTICE SUR FLORUS
On ne sait rien sur la vie de Florus ; on ne pourrait même assigner le temps où il a vécu, si, dans les premières pages de son Abrégé de l'Histoire romaine, il n'eût dit que, sous le pouvoir de Trajan, la vieillesse de l'empire se ranime, et, contre toute espérance, reprend la vigueur de ses jeunes années. L'éloge d'un prince, en tête d'un ouvrage, est généralement une date assez sûre, et l'on peut croire que Florus a composé son livre, et passé du moins une partie de sa vie sous le règne de Trajan ¹.
C'était encore une époque de belle et ingénieuse littérature, puisque ce fut le temps de Tacite et des deux Plines. Il est a remarquer même que si la sévérité du goût et de l'éloquence s'était affaiblie par la perte de la liberté, la culture des lettres latines s'était étendue par les conquêtes progressives de l'empire. Dans les Gaules et dans les Espagnes, il s'élevait des talents tout romains par la langue et les sentiments. Les libraires de Lyon recevaient avec empressement les ouvrages de Pline le jeune. Plusieurs villes d'Espagne étaient alors plus lettrées peut-être qu'elles ne le sont aujourd'hui.
On a supposé que Florus avait pris naissance hors de l'Italie, et dans l'une de ces provinces civilisées par la domination romaine. Les savants l'ont réclamé sans preuves, les uns pour l'Espagne, les autres pour la Gaule. A l'appui de son origine espagnole, les premiers ont dit, qu'il avait dans son style la grandeur exagérée, l'imagination fastueuse, et quelquefois un peu factice, qui semble héréditaire dans la littérature espagnole, et qu'avaient dès l'origine, sous la toge romaine, les écrivains sortis de cette nation, tels que Lucain et les deux Séneques. Mais rien de plus arbitraire que cette preuve. Le faux goût n'a point de patrie privilégiée : la déclamation et le bel esprit sont le caractère d'une époque encore plus que celui d'un peuple.
Les défauts brillants que l'on remarque dans Florus se rapportent à ce genre de style vide et pompeux qui doit s'introduire chez un peuple où le manque de liberté proscrit la franchise et la simplicité du langage, ou l'éloquence n'a pas d'intérêts sérieux à défendre, où elle n'est pas en action, mais en spectacle. Cette éloquence que Cicéron appelait asiatique, fut même, sous la république, importée dans Rome par des Grecs esclaves ; elle se perfectionna sous l'empire. C'était la seule qu'on apprît dans les écoles des rhéteurs ; elle avait son éclat et ses beautés. Les fragments de déclamation que Sénèque le père nous a conservés, sous les noms de ses élèves, renferment plus d'un trait ingénieux, plus d'une pensée vive, élégamment ornée, qui ressemble assez à la manière de Florus.
A l'appui de l'opinion qui suppose à Florus une origine espagnole, on allègue encore son surnom d'Annæus, qui lui est commun avec Sénèque ; on ajoute que, dans quelques manuscrits, le nom même de Sénèque est inscrit en tête de l'Epitome de l'Histoire romaine. Remarquons de plus que Lactance a cité, sous le nom de Sénèque, la belle comparaison qu'on lit dans le prologue de Florus : « Sénèque, dit-il, divise ingénieusement les époques de Rome en âges successifs. Il place ses premières années sous le règne de Romulus, par qui Rome fut en quelque sorte mise au monde et nourrie ; le reste de son enfance, sous les autres rois, qui l'agrandissent et la forment par les institutions et les lois. Il ajoute que, sous Tarquin, commençant à devenir adulte, elle ne supporta pas l'esclavage, et, rejetant le joug d'une domination superbe, elle aima mieux obéir à des lois qu'à des souverains ; que son adolescence se prolongea jusqu'à la fin de la guerre punique, et qu'alors, ayant acquis toute sa vigueur, elle entra dans la jeunesse. Ce fut en effet après la ruine de Carthage, si longtemps rivale de son empire, qu'elle étendit ses mains sur tout l'univers, jusqu'au moment où tous les rois, tous les peuples étant soumis, et la guerre venant à manquer, elle abusa de ses forces pour se perdre elle-même. Ce fut le commencement de sa vieillesse, alors que, déchirée par les guerres civiles, et tourmentée par un mal intérieur, elle retomba, sous un pouvoir unique, comme dans une seconde enfance. En effet , après la perte de cette liberté que, sur les pas, et à la voix de Brutus, elle avait défendue, elle vieillit; et il semblait qu'elle ne pouvait plus se soutenir, sans s'appuyer sur le bras de ses guides. »
A quelques différences près, ce morceau semble le même que celui de Florus : seulement Florus a déplacé quelque peu les âges, et a nommé jeunesse et virilité de l'empire le règne d'Auguste, où Sénèque, suivant Lactance, faisait commencer la vieillesse et le déclin de Rome. Mais que faut-il conclure, sinon que l'auteur de l'Abrégé de l'Histoire romaine, qui paraît souvent imiter les formes brillantes des grands écrivains qui l'ont précédé, avait emprunté cette comparaison, soit qu'il l'ait prise dans l'école de Sénèque le rhéteur, ou dans les écrits de Sénèque le philosophe ².
On trouve encore dans Quintilien un Julius Florus, désigné comme grand orateur. Un autre personnage du même nom adressait à l'empereur Adrien des vers familiers assez médiocres :
Ego nolo Caesar esse,
Ambulare per Britannos,
Scythicas pati pruinas.
Et Adrien lui répondait avec une raillerie de prince, et à peu près du même ton que prenait Frédéric pour plaisanter les savants de sa suite :
Ego nolo Florus esse,
Ambulare per tabernas,
Latitare per popinas,
Calices pati rotundos.
Mais nous ne savons pas si le personnage ainsi désigné est l'historien Florus.
Quoi qu'il en soit, son livre a traversé les âges. Cité dans le douzième siècle par Vincent de Beauvais, il a été dans le dix-huitième fort admiré par Montesquieu. On peut même dire que le grand et spirituel Montesquieu a pris parfois quelque chose des tours vifs et de la concision brillante de Florus. Tel est en effet le mérite de cet écrivain : un tour d'imagination hyperbolique semble dominer en lui : les expressions brillantes lui sont naturelles ; mais en même temps le cadre étroit de son ouvrage le force à la précision. Il a donc quelque chose de rapide et de pompeux à la fois, qui plaît à l'esprit : c'est un panégyriste concis. Ses pensées sont mises en saillie par la vivacité de ses paroles. Toutefois, il faut observer que parmi quelques phrases détachées de cet auteur et citées par Montesquieu comme des modèles d'une expressive brièveté, il en est une littéralement copiée de Tite-Live. Ce grand historien, avant Florus, avait peint Annibal fugitif, cherchant au peuple romain des ennemis par tout l'univers, toto orbe terrarum quærens aliquos Romanis hostes.
Mais Florus, il faut l'avouer, est assez riche en traits semblables, et qui paraissent lui appartenir. Il n'est pas un abréviateur de Tite-Live ; il a conçu, il a résumé l'histoire romaine à sa manière ; et, malgré quelques hyperboles de rhéteur, cette manière semble généralement bien assortie aux évènements qu'elle décrit, et à la marche rapide de la grandeur romaine. Il ne faut à la vérité chercher dans Florus aucune critique ; il n'a pas le temps, et son imagination est trop éblouie. Mais il rend avec de vives couleurs l'impression générale du spectacle qu'il a devant les yeux, et il caractérise avec énergie les principaux événements. Il ne distingue pas les moeurs des diverses époques ; il peint tout à peu près avec la même pompe. Il y a quelque chose d'un peu déclamatoire dans son enthousiasme : on sent que c'est un Romain de l'empire qui fait de la poésie sur les beaux temps de la république. Il est à la fois vague et concis. Son livre fait connaître les Romains, comme une oraison funèbre fait connaître un héros. Les exclamations, les sentences admiratives occupent la place qui serait mieux employée par des détails de moeurs et des traits de vérité ; mais enfin il a de la chaleur et de l'imagination, deux choses qui demandent grâce pour les défauts, et qu'on ne trouve guère dans un abrégé.
M. VILLEMAIN, de l’académie française
In Abrégé de l’histoire romaine, traduit par F. Ragon, coll. Panckoucke, Paris, 1836
1 Cette supposition semble contredite par le nombre de près de deux cents ans (cc annos), que Florus compte depuis l'empire d'Auguste jusqu'au moment où il écrit; mais plusieurs commentateurs ont vu dans ce chiffre une erreur, et l'ont rectifié par le nombre CL.
2 On retrouve cette comparaison dans Ammien Marcellin, liv. XVI, chap. 6.
LIVRE PREMIER
Avant-propos.
Le peuple romain, depuis le roi Romulus jusqu’à César Auguste, a, pendant sept cents ans, accompli tant de choses dans la paix et dans la guerre, que, si l’on compare la grandeur de son empire avec sa durée, on le croira plus ancien. Il a porté ses armes si avant dans l’univers, qu’en lisant ses annales ce n’est pas l’histoire d’un seul peuple que l’on apprend, mais celle du genre humain. Il a été en butte à tant d’agitations et de périls, que, pour établir sa puissance, le courage et la fortune semblent avoir réuni leurs efforts.
Aussi ce sont principalement ses progrès qu’il importe de connaître : cependant, comme le plus grand obstacle à une entreprise est son étendue, et que la diversité des objets émousse l’attention, j’imiterai l’art de ceux qui peignent les contrées de la terre ; j’embrasserai, comme dans un cadre étroit, le tableau entier de l’empire ; et j’ajouterai, je l’espère, à l’admiration qu’inspire le peuple roi, si je parviens à retracer dans ses proportions et dans son ensemble son universelle grandeur.
Si donc l’on considère le peuple romain comme un seul homme, si l’on envisage toute la suite de son âge, sa naissance, son adolescence, la fleur, pour ainsi dire, de sa jeunesse, et enfin l’espèce de vieillesse où il est arrivé, on trouvera son existence partagée en quatre phases et périodes.
Son premier âge se passa sous les rois, dans l’espace de près de deux cent cinquante années, pendant lesquelles il lutta, autour de son berceau, contre les nations voisines. Ce sera là son enfance.
L’âge suivant, depuis le consulat de Brutus et de Collatin jusqu’à celui d’Appius Claudius et de Quinctus Fulvius, embrasse deux cent cinquante ans, durant lesquels il subjugua l’Italie. Cette période agitée fut féconde en guerriers, en combats ; aussi peut-on l’appeler son adolescence.
De là, jusqu’à César Auguste, s’écoulèrent deux cents années, qu’il employa à pacifier tout l’univers. C’est alors la jeunesse de l’empire et sa robuste maturité.
Depuis César Auguste jusqu’à nos jours, on ne compte pas beaucoup moins de deux cents ans, pendant lesquels l’inertie des Césars l’a en quelque sorte fait vieillir et décroître entièrement. Mais, sous le règne de Trajan, il retrouve ses forces, et, contre toute espérance, ce vieil empire, comme rendu à la jeunesse, reprend sa vigueur.
I. — De Romulus. — (An de Rome 1-38.)
Le premier fondateur et de Rome et de l’empire fut Romulus, né de Mars et de Rhéa Sylvia. Cette vestale en fit l’aveu pendant sa grossesse ; et l’on n’en douta bientôt plus, lorsqu’ayant été, par l’ordre d’Amulius, jeté dans le fleuve avec Rémus, son frère, il ne put y trouver la mort : le Tibre arrêta son cours ; et une louve, abandonnant ses petits, accourut aux cris de ces enfants, leur présenta ses mamelles, et leur servit de mère. C’est ainsi que Faustulus, berger du roi, les trouva auprès d’un arbre ; il les emporta dans sa cabane, et les éleva. Albe était alors la capitale du Latium. Iule l’avait bâtie, dédaignant Lavinium, fondée par son père Énée. Amulius, quatorzième descendant de ces rois, régnait, après avoir chassé soit frère Numitor, dont la fille était mère de Romulus. Celui-ci, dans le premier feu de sa jeunesse, renverse du trône son oncle Amulius, et y replace son aïeul. Chérissant le fleuve et les montagnes qui l’avaient vu élever, il y méditait la fondation d’une nouvelle ville. Rémus et lui étaient jumeaux ; pour savoir lequel des deux lui donnerait son nom et ses lois, ils convinrent d’avoir recours aux dieux. Rémus se place sur le mont Aventin, son frère sur le mont Palatin. Rémus, le premier, aperçoit six vautours ; mais Romulus en voit ensuite douze. Vainqueur par cet augure, il presse les travaux de sa ville, plein de l’espoir qu’elle sera belliqueuse : ainsi le lui promettaient ces oiseaux habitués au sang et au carnage.
Pour la défense de la nouvelle ville, un retranchement semblait suffire ; Rémus se moque de cette étroite barrière, et la franchit d’un saut par dérision ; on le tua, et on ne sait si ce fut sur l’ordre de son frère. Il fut du moins la première victime qui consacra de son sang les murailles de la ville naissante.
C’était plutôt l’image d’une ville qu’une ville véritable que Romulus avait créée ; les habitants manquaient. Dans le voisinage était un bois sacré ; il en fait un asile ; et soudain accourent une multitude prodigieuse d’hommes, des pâtres latins et toscans, quelques étrangers d’outre-mer, des Phrygiens qui, sous la conduite d’Énée, et des Arcadiens qui, sous celle d’Évandre, s’étaient répandus dans le pays. De ces éléments divers il composa un seul corps, et il en fit le peuple romain.
La cité se bornait à une seule génération, un peuple d’hommes. Il demanda donc des épouses à ses voisins ; et, ne les ayant pas obtenues, il les enleva de vive force. On feignit, dans ce dessein, de célébrer des jeux équestres : les jeunes filles, qui étaient venues à ce spectacle, devinrent la proie des Romains, et en même temps une cause de guerre. Les Véiens furent battus et mis en fuite. On prit et on ruina la ville des Céniniens ¹. De plus, les dépouilles de leur roi ² furent rapportées à Jupiter Férétrien par les mains du roi de Rome. Une jeune fille ³ livra les portes de la ville aux Sabins : ce n’était pas par trahison ; seulement, elle leur avait demandé, pour prix de son action, ce qu’ils portaient à leur bras gauche, sans désigner leurs boucliers ou leurs bracelets, Les Sabins, pour dégager leur parole et punir en même temps sa perfidie, l’accablèrent sous leurs boucliers. Quand, par ce moyen, ils eurent été introduits dans les murs, il se livra, sur la place publique, un combat si sanglant que Romulus pria Jupiter « d’arrêter la fuite honteuse des
