L'Inventeur de Rien - Une conversation douce et déjantée avec le brillant concepteur cosmique

Par Thejendra Sreenivas

Dieu… Rien qu'à la mention de ce mot, il se déchaîne dans le cœur de nombreux mortels des sentiments mêlés d'admiration, de respect, de joie, de confiance, de cynisme, de mystère et même de terreur. Pourtant, presque tout le monde pense qu'être un dieu, c'est fabuleux. Pourquoi ? Parce que nous, Terriens, grandissons nourris de récits ensorcelants sur ses grands miracles, sa bienveillance, ses pouvoirs magiques, etc. Chaque croyant affirme avec véhémence que Dieu possède un pouvoir infini, une richesse illimitée et qu'il peut tout faire. Après tout, avec de tels pouvoirs suprêmes et l'immortalité, tout devrait être facile, n'est-ce pas ? Mais est-ce vraiment le cas ? Être Dieu est-il un métier si fascinant ?

S'il est une telle superstar, alors pourquoi ne résout-il pas tous les problèmes et tout le chaos du monde ? Pourquoi les mauvais gagnent-ils et les bons perdent-ils ? Pourquoi reste-t-il assis tranquillement, sans jamais répondre à nos supplications pitoyables ? Qu'est-ce qui l'empêche de démêler ce désordre planétaire ? Pourquoi ne vivons-nous pas au quotidien de grands prodiges divins ? Pourquoi ne semble-t-il pas se soucier des rationalistes de choc, des scientifiques et des athées qui montent dans les aigus avec leurs discours épuisants sur les raisons d'attaquer et d'interdire Dieu ? Nos questions brûlantes peuvent être infinies. Cependant, toutes nos interrogations et arguments sophistiqués sont à sens unique, car nous n'entendons jamais sa version de l'histoire.

Imagine maintenant rencontrer un Dieu franc et branché, qui t'explique ses immenses difficultés et ses dilemmes pour faire tourner notre univers complexe. Et s'il te révélait pourquoi il fait ce qu'il fait ? Ne serait-ce pas palpitant ? Dans ce livre résolument hors norme, un écrivain désabusé tombe par hasard sur un Dieu jovial et entame avec lui une conversation débridée, sans tabous. Démarrant par une discussion anodine, ponctuée de chamailleries amicales, de réponses illogiques et de comparaisons farfelues, le dialogue atteint bientôt un point de fièvre : Dieu y soutient que la Terre ne peut être mieux gérée qu'elle ne l'est actuellement et qu'il n'est ni un ange ni un salaud.

Rempli de mensonges crédibles, de sagesse intemporelle et de réponses percutantes, ce livre fascinant explique pourquoi les actions de Dieu échappent à la logique et à la rationalité humaines, quelle que soit la religion que suivent les hommes ; pourquoi la Terre est déjà parfaite d'une manière imparfaite ; pourquoi il s'adonne à des méthodes machiavéliques ; pourquoi il n'hésite pas à écraser des géants de l'industrie tout en aidant des individus ; et pourquoi il aime les athées malgré leurs provocations… le tout d'une façon drôle, sérieuse et qui pousse à réfléchir.

Ce livre transformera complètement ta manière de voir le monde, car il t'éclairera sur les justifications techniques, politiques et économiques de l'éternelle danse du festin et de la famine, de la joie et du chaos, du bien et du mal, de la paix et du désordre, de la richesse et de la pauvreté, etc., qui nous entourent. Enfin, il te permettra de mieux comprendre les manières douces et folles de nos semblables – présidents, premiers ministres, politiciens, trafiquants d'armes, va-t-en-guerre, détectives, agences antiterroristes, athées, rationalistes, scientifiques, terroristes, parrains de la mafia, etc. – et aussi de saisir qui les pousse à faire ce qu'ils font.

En résumé, ce livre contient des réponses franches et inédites à toutes nos questions brûlantes sur Dieu. Autrement dit, SA VERSION DE L'HISTOIRE, et c'est une lecture indispensable pour quiconque est curieux ou en colère face aux méthodes irrationnelles de Dieu pour gérer la Terre sans plonger dans la spiritualité traditionnelle.

Même Dieu voudrait en posséder un exemplaire.

• Langue: Français
• Éditeur: Thejendra Sreenivas
• Date de sortie: 26 janv. 2025
• ISBN: 9798230563143

Thejendra Sreenivas

Good day. My name is Thejendra Sreenivas. I was a Technology Manager in the IT industry for nearly 30 years. I have written and self-published 35+ books on various subjects. All my books are available in both Paperback and eBook on all major book retailers. I am also the Editor and Publisher of Personal Development Magazine which contains articles on various life skills, writing, and publishing. I am now a Book Publishing Coach and offer services like Assisted Self-Publishing and Manuscript Formatting. formats Please visit my web cave - www.thejendra.com or www.author-world.com for details of my books, magazine, and coaching information.,

Aperçu du livre

Copyright © 2026 Thejendra Sreenivas

Quatrième édition cosmique : 2026

Tous droits réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ni par quelque moyen que ce soit, y compris la photocopie, l'enregistrement ou d'autres méthodes électroniques ou mécaniques, sans l'autorisation écrite préalable de l'éditeur, sauf dans le cas de brèves citations incorporées dans des critiques et certains autres usages non commerciaux autorisés par la loi sur le droit d'auteur. Pour toute demande d'autorisation, écrire à [e-mail] ou [e-mail]

Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, personnages, entreprises, lieux, événements, localités et incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, ou des événements réels, est purement fortuite.

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Avant de plonger dedans

As-tu déjà sérieusement réfléchi à la raison pour laquelle notre planète dégouline littéralement de maladies, de terrorisme, de racisme, de guerres, de criminalité, de politique, de migraines économiques et de mille et un autres problèmes ? Ou as-tu déjà été stupéfait de voir des entreprises célèbres plonger soudainement des sommets de la richesse jusqu’à la misère ? Ou encore dérouté par le silence collectif inexpliqué des dieux bienveillants de toutes nos religions rivales ? Si c’est un grand OUI, alors ne perds pas ton temps à chercher des réponses auprès de quelque expert réputé, professeur éclairé ou économiste de premier plan, ni en lisant leurs best-sellers flamboyants. Évite aussi ces éminents lauréats du prix Nobel, du prix Pulitzer, ces économistes en vue, ces politiciens éloquents ou ces dirigeants mondiaux influents, au cas où tu tomberais accidentellement sur eux. Ils ne feront qu’aggraver tes doutes avec leurs théories ensorcelantes. En revanche, si tu es désespéré de vouloir éclaircir tes doutes persistants, alors tu devrais t’adresser à L’Inventeur de Rien, car :

Il est le seul esprit brillant de tout l’univers qui connaît les véritables raisons du chaos et des problèmes sur Terre, ainsi que la raison pour laquelle les faiseurs de rois et les puissants de ce monde ne peuvent absolument rien y faire.

Il est le professeur de rêve que tu attendais depuis ton enfance, celui qui peut t’expliquer sans effort pourquoi l’enfant le plus nul de ta maternelle est aujourd’hui un millionnaire à succès, tandis que l’enfant le plus intelligent croupit en prison.

Il a aussi griffonné quelques livres, dont aucun n’a remporté de prix littéraire prestigieux. Et sans même avoir de site web, de blog ou d’adresse e-mail, il compte plus de fans, d’amis et de fidèles que tous les blogueurs du World Wide Web réunis.

Il est le seul à pouvoir t’éclairer sur les justifications techniques, politiques et économiques de l’éternelle danse du festin et de la famine, du bonheur et du chaos, du bien et du mal, de la paix et du désordre, de la richesse et de la pauvreté, etc., tout autour de nous.

Enfin, sans même disposer de la moindre autorité officielle, il peut mettre quiconque à genoux, quels que soient les frontières géographiques, l’influence politique, l’immunité diplomatique ou la force musculaire.

Tu veux savoir qui est cet être prodigieux ? Tourne simplement la page.

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Avertissements de contenu

Ce livre est une œuvre de fiction et contient une quantité massive d’absurdités et d’opinions farfelues. La lecture de ce livre peut nuire ou porter atteinte à votre logique, à vos croyances, à vos sentiments, et pourrait même faire grimper votre tension artérielle. Par conséquent, la prudence et l’incrédulité du lecteur sont vivement recommandées. Toutes les opinions, idées et suggestions exprimées sont entièrement les miennes et ne représentent pas nécessairement celles d’une organisation ou d’une personne, y compris mon employeur, mon éditeur ou leurs agents. Les chapitres sont purement imaginaires et doivent être pris avec une pincée de sel, même si le papier utilisé n’est probablement pas comestible. Toute ressemblance avec des événements, lieux, organisations ou personnes réelles, vivantes ou décédées, est entièrement fortuite et involontaire.

L’auteur ne fait aucune déclaration ni ne donne aucune garantie quant à l’exactitude, l’utilité ou l’applicabilité du contenu. Les noms, personnages, lieux et incidents relèvent de l’imagination débridée de l’auteur ou sont utilisés de manière fictive et ne doivent pas être interprétés comme réels. Ni l’éditeur, ni l’auteur, ni aucun de leurs agents n’assumeront la moindre responsabilité en cas de perte ou de dommage résultant de l’utilisation, du mésusage ou de la mauvaise interprétation du contenu de ce livre, de quelque manière que ce soit. Vous êtes responsable de vos propres choix et de leurs conséquences.

Cependant, pour apprécier pleinement ce livre, un méga changement dans votre façon de penser sera nécessaire, et vous ne devriez pas juger, débattre ou comparer son contenu à quelque concept que ce soit de rectitude politique moderne, de raisonnement scientifique ou juridique, de wokeness, de justice sociale, de droits de l’homme, de cancel culture, de doctrines religieuses populaires ou de lois nationales. Je recommande également de lire (et relire) ce livre lentement afin d’absorber pleinement les concepts doux et fous qui y sont abordés.

Toutefois, je présente mes excuses anticipées à toute personne qui aurait l’intention d’être offensée, pour une raison quelconque, par le contenu de ce livre. Tous les éloges ou condamnations peuvent m’être adressés à [e-mail] ou [e-mail]. Veuillez visiter ma caverne web www.thejendra.com pour découvrir mes autres livres doux et fous.

Remerciements

Toni Morrison, célèbre auteure américaine et récipiendaire d’innombrables distinctions, dont le prix Nobel et le prix Pulitzer, a un jour déclaré : « S’il existe un livre que vous avez envie de lire, mais qu’il n’a pas encore été écrit, alors vous devez l’écrire vous-même. » M’inspirant de cette magnifique citation, et depuis sa conception initiale en 2008, il m’a fallu plusieurs années pour griffonner, éditer, actualiser et polir ce chef-d’œuvre dénué de sens. Cependant, contrairement à l’usage habituel, ce livre ne mentionne pas les noms d’une quinzaine ou d’une vingtaine de personnes formidables qui m’auraient aidé à l’écrire. Tu pourrais donc soupçonner que j’ai dû être un ermite solitaire vivant dans une grotte ou échoué sur une île déserte, loin de toute civilisation, en écrivant ce livre. Mais tu peux cesser de me soupçonner, car j’errais bel et bien ici, en plein cœur de la civilisation.

Pourtant, gribouiller ce livre a impliqué d’entrelacer des bribes d’illumination glanées au fil des années en côtoyant d’innombrables personnes, en ouvrant tous les robinets mentaux, mes expériences personnelles et celles auxquelles j’ai assisté, mes rencontres agréables et désagréables, mes pensées rationnelles et irrationnelles dans la solitude, mes appels au réveil, des citations célèbres, et surtout ces idées bizarres mystérieusement insufflées dans mon cerveau par une puissance supérieure espiègle. Ainsi, beaucoup d’êtres terrestres et cosmiques ont directement ou indirectement contribué au flot de pensées présenté dans ce livre.

De plus, aucune recherche académique formelle n’a été effectuée pour griffonner ce livre. Il est donc difficile de nommer qui que ce soit précisément, car chacun aurait contribué d’une façon spéciale. Toutefois, un grand merci à chacun d’entre eux. Et j’adresse un remerciement tout particulier à mes membres de famille, mes voisins et mes proches pour m’avoir permis de réaliser cet exploit littéraire en m’ignorant complètement durant d’innombrables week-ends, tandis que je martelais mon clavier avec des idées folles mettant le feu à ma tête.

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Préface

Dieu… Rien qu’à la mention de ce mot, il se déchaîne dans le cœur de nombreux mortels des sentiments mêlés d’admiration, de respect, de joie, de confiance, de cynisme, de mystère et même de terreur. Pourtant, presque tout le monde pense qu’être un dieu, c’est fabuleux. Pourquoi ? Parce que nous, Terriens, grandissons nourris de récits ensorcelants sur ses grands miracles, sa bienveillance, ses pouvoirs magiques, etc. Chaque croyant affirme avec véhémence que Dieu possède un pouvoir infini, une richesse illimitée et qu’il peut tout faire. Après tout, avec de tels pouvoirs suprêmes et l’immortalité, tout devrait être facile, n’est-ce pas ? Mais est-ce vraiment le cas ? Être Dieu est-il un métier si fascinant ?

S’il est une telle superstar, alors pourquoi ne résout-il pas tous les problèmes et tout le chaos du monde ? Pourquoi les mauvais gagnent-ils et les bons perdent-ils ? Pourquoi reste-t-il assis tranquillement, sans jamais répondre à nos supplications pitoyables ? Qu’est-ce qui l’empêche de démêler ce désordre planétaire ? Pourquoi ne vivons-nous pas au quotidien de grands prodiges divins ? Pourquoi ne semble-t-il pas se soucier des rationalistes de choc, des scientifiques et des athées qui montent dans les aigus avec leurs discours épuisants sur les raisons d’attaquer et d’interdire Dieu ? Nos questions brûlantes peuvent être infinies. Cependant, toutes nos interrogations et arguments sophistiqués sont à sens unique, car nous n’entendons jamais sa version de l’histoire.

Imagine maintenant rencontrer un Dieu franc et branché, qui t’explique ses immenses difficultés et ses dilemmes pour faire tourner notre univers complexe. Et s’il te révélait pourquoi il fait ce qu’il fait ? Ne serait-ce pas palpitant ? Dans ce livre résolument hors norme, un écrivain désabusé tombe par hasard sur un Dieu jovial et entame avec lui une conversation débridée, sans tabous. Démarrant par une discussion anodine, ponctuée de chamailleries amicales, de réponses illogiques et de comparaisons farfelues, le dialogue atteint bientôt un point de fièvre : Dieu y soutient que la Terre ne peut être mieux gérée qu’elle ne l’est actuellement et qu’il n’est ni un ange ni un salaud.

Rempli de mensonges crédibles, de sagesse intemporelle et de réponses percutantes, ce livre fascinant explique pourquoi les actions de Dieu échappent à la logique et à la rationalité humaines, quelle que soit la religion que suivent les hommes ; pourquoi la Terre est déjà parfaite d’une manière imparfaite ; pourquoi il s’adonne à des méthodes machiavéliques ; pourquoi il n’hésite pas à écraser des géants de l’industrie tout en aidant des individus ; et pourquoi il aime les athées malgré leurs provocations… le tout d’une façon drôle, sérieuse et qui pousse à réfléchir.

Ce livre transformera complètement ta manière de voir le monde, car il t’éclairera sur les justifications techniques, politiques et économiques de l’éternelle danse du festin et de la famine, de la joie et du chaos, du bien et du mal, de la paix et du désordre, de la richesse et de la pauvreté, etc., qui nous entourent. Enfin, il te permettra de mieux comprendre les manières douces et folles de nos semblables – présidents, premiers ministres, politiciens, trafiquants d’armes, va-t-en-guerre, détectives, agences antiterroristes, athées, rationalistes, scientifiques, terroristes, parrains de la mafia, etc. – et aussi de saisir qui les pousse à faire ce qu’ils font.

En résumé, ce livre contient des réponses franches et inédites à toutes nos questions brûlantes sur Dieu. Autrement dit, SA VERSION DE L’HISTOIRE, et c’est une lecture indispensable pour quiconque est curieux ou en colère face aux méthodes irrationnelles de Dieu pour gérer la Terre sans plonger dans la spiritualité traditionnelle.

Même Dieu voudrait en posséder un exemplaire.

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Table des matières

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La carte de visite divine

Je balade tout le monde

Quelqu’un a dit un jour : « Si tu veux quelque chose très fort, laisse-le d’abord partir. S’il revient à toi, alors il est à toi pour toujours. S’il ne revient pas, c’est qu’il n’a jamais été à toi. » Voilà exactement ce que j’ai dû faire, tandis qu’idée après idée s’évanouissait, jour après jour, sous mes yeux fixés sur l’écran de mon ordinateur, espérant griffonner un nouveau livre. Finalement, mon cerveau droit refusa de supporter plus longtemps les souffrances de mon cerveau gauche. J’ai donc décidé de libérer mon esprit surchauffé et de m’en aller quelque part, loin, pour le refroidir un peu. De toute façon, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas pris l’un de ces horribles trajets en bus de vingt heures vers Tombouctou. Tu penses sans doute que je suis idiot de m’imposer un voyage aussi tortueux et de risquer une thrombose veineuse — ces vilains caillots dans les jambes — alors qu’il existe des moyens de transport plus rapides et confortables. Et pourtant, j’ai décidé d’entreprendre un voyage sans but vers un lieu inconnu, dans l’espoir de glaner quelques idées utiles pour ce livre encore sans nom.

Ainsi, armé de mes gadgets électroniques, de mon matériel d’écriture et de quelques biens terrestres rangés dans mon sac, j’ai décidé de prendre le premier bus parcourant la plus longue distance possible. Le sourire amusé du guichetier trahissait qu’il me prenait pour un original lorsque je lui ai demandé un billet pour n’importe quelle destination, du moment qu’elle soit éloignée de la civilisation. Mais comment ce pauvre ignorant aurait-il pu savoir que nous, les auteurs, faisons parfois des choses insensées pour vaincre le syndrome de la page blanche, cette misérable fatigue mentale qui adore nous rendre visite tous les deux jours ?

La gare routière, faiblement éclairée — parfaite pour un film d’horreur —, était presque déserte, à l’exception d’un chien errant qui semblait agiter la queue et aboyer doucement vers quelqu’un. Il n’y avait pourtant personne en vue, mais j’eus la nette impression qu’il s’adressait à quelqu’un d’invisible… peut-être un fantôme. Ma grand-mère disait toujours que les chiens peuvent parler aux dieux et aux esprits, alors que nous, humains bavards, en sommes incapables. Quoi qu’il en soit, je n’eus pas à attendre bien longtemps à observer ce drôle de chien : mon bus arriva à l’heure, tous les passagers en descendirent en un éclair et je grimpai aussitôt à bord.

L’intérieur du bus était remarquablement bien éclairé, baigné d’une atmosphère agréablement vive et électrique — chose rare pour un bus de village, souvent rempli de bétail plutôt que de passagers humains. Étant allergique au vent qui me fouette le visage, je choisis un siège confortable côté couloir, puis je jetai un œil à ma montre quand une voix claire me lança un « bonsoir » à ma droite. En me tournant vers la voix, je fus stupéfait de voir un homme âgé, bien bâti, déjà assis à côté de moi, côté fenêtre. La surprise fut totale, car je savais pertinemment que les deux sièges étaient vides quand je m’étais installé. Et puis, comment un homme d’une telle carrure aurait-il pu se glisser dans ce siège sans faire le moindre bruit, ni frôler mes jambes ? D’ailleurs, j’étais persuadé être le seul à être monté dans ce bus.

« Désolé, je ne vous ai pas vu vous asseoir à côté de moi. Vous êtes apparu comme par magie. »

« Oui, exactement. J’étais invisible jusqu’à maintenant et je viens juste de me manifester pour vous. Pouf, comme ça ! » répondit-il en claquant des doigts, une lueur espiègle dans le regard.

« Ha ! Ha ! Ravi de vous rencontrer, Monsieur Magie », lançai-je, incapable de détacher mes yeux de lui.

« Où allez-vous ? » demanda-t-il.

« Nulle part en particulier », répondis-je.

« Quelle coïncidence ! Moi aussi je ne vais nulle part », dit-il, puis il demanda : « Et que faites-vous dans la vie ? »

« Je suis écrivain, et vous êtes… ? » demandai-je.

« Un passant cosmique », répondit-il.

« Passant cosmique ? C’est une description amusante. Mais quel est votre vrai nom ? »

« On me connaît sous de nombreux noms. »

« Vraiment ? D’accord, citez-moi l’un de vos nombreux noms. »

« Eh bien, laissez-moi vous donner ma carte de visite. Mon nom préféré y figure », répondit-il en me tendant sa carte.

Je souris et pris la carte à contrecœur, espérant échanger rapidement quelques banalités, grommeler sur l’état du monde et retourner aussitôt faire semblant d’être occupé sur mon smartphone… jusqu’à ce que je voie ce qui y était imprimé – et là, ce fut le choc !

Désormais, pas même des chevaux sauvages n’auraient pu m’arracher à la conversation avec ce mystérieux gentleman que chaque être humain rêverait de rencontrer. Si vous vous êtes déjà demandé qui est exactement responsable de jeter de l’eau froide sur vos rêves de vie et de carrière, pourquoi les méchants gagnent et les gentils perdent, qui a créé ces affreux terroristes et ces maladies, pourquoi vous n’obtenez pas ce que vous voulez, pourquoi les magazines fous ont du succès alors que les magazines du succès font faillite, pourquoi les « meilleures pratiques » ne donnent pas les meilleurs résultats, pourquoi nous sommes entourés de tonnes de médiocrité, pourquoi vos résolutions du Nouvel An échouent, pourquoi les grandes entreprises s’effondrent mystérieusement, et bien d’autres questions encore… ne cherchez plus. Le vilain responsable de tous ces problèmes était assis juste à côté de moi et je tenais dans mes mains sa carte de visite scintillante sur laquelle on pouvait lire :

« Waouh, c’est un nom et un titre fantastiques ! Je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un qui s’appelle Dieu. »

« Tu ne connais pas Dieu ? Honte à toi ! »

« Non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Je ne savais pas que des gens portaient un nom aussi inhabituel. J’espère que vous ne plaisantez pas. »

« Non, je ne plaisante pas », répondit-il d’une voix calme.

« Mais votre carte n’a aucun contact, pas d’adresse, pas de téléphone, pas d’e-mail ni de site web. C’est une carte extrêmement inhabituelle et un peu loufoque, si je puis dire. »

« Oui, elle n’a pas de coordonnées parce que je ne réside pas sur Terre, et l’idée de cette carte loufoque m’est venue de vos célébrités célèbres. »

« Quelle idée ? »

« Être connu de tous mais ne révéler ses coordonnées personnelles à personne, sauf à un cercle très restreint. »

« Pourquoi veux-tu rester secret ? »

« Pour préserver ma vie privée. C’est comme vos super célébrités qui ne publient pas leur adresse ou leurs contacts en ligne. »

« Hmm, êtes-vous vraiment un dieu ? Je pense que vous plaisantez. »

« Oui, je suis un vrai dieu et je ne plaisante pas », répondit-il calmement.

« Mais vous avez l’air très ordinaire et n’avez aucun effet waouh. »

« Eh bien, les célébrités sans maquillage sont toujours difficiles à reconnaître. »

« Peut-être, mais vous ne ressemblez vraiment pas à un dieu. »

« Comment peux-tu être sûr que je ne suis pas un dieu ? As-tu déjà vu un dieu ? »

« Eh bien, non. »

« En tout cas, je suis réellement un dieu, même si tu n’y crois pas », répondit-il avec la même assurance.

« Mais vous ressemblez à un humain normal ! » répliquai-je, irrité par son entêtement.

« Oui, c’est vrai. Les apparences peuvent être trompeuses. Je suis venu sous la forme d’un humain ordinaire parce que c’est le seul moyen de te parler, ainsi qu’aux autres humains, sans effrayer personne. Suppose que je sois venu sous la forme de Godzilla, est-ce que tu serais assis à côté de moi, mon ami ? »

« Eh bien non, et en plus vous n’avez pas cette grande voix de Dieu. »

« Quelle voix de Dieu ? »

« Cette voix robotique et accentuée que tous les dieux ont d’habitude. »

« Où as-tu entendu ma voix avant ? Je ne t’ai jamais parlé. »

« Habituellement dans de nombreux films. »

« Ah, ma voix douce comme le tonnerre. Je ne peux pas parler comme ça longtemps, ça me donne un vilain mal de gorge. »

« Hmm, au fait, en quel matériau est faite cette carte ? Ce n’est pas du papier. Elle est superbe, on dirait quelque chose d’illuminé en trois dimensions. Je n’ai jamais rien vu de tel. »

« Ce n’est pas un matériau terrestre. C’est un papier spécial indestructible que nous, les dieux, utilisons au paradis. »

« Ah bon ? » murmurai-je, pensant que ce vieux bonhomme loufoque avait dû s’échapper d’un hôpital psychiatrique, et me demandant s’il n’était pas trop tard pour changer de siège au cas où il deviendrait grincheux.

« Oui, ce n’est pas un matériau terrestre et je ne suis pas un vieux fou d’un hôpital psychiatrique comme tu viens de le penser. Et ne t’inquiète pas pour changer de siège, je ne deviendrai pas grincheux », répondit-il calmement.

« Waouh, vous êtes aussi un bon lecteur de pensées ! Désolé pour mes pensées impolies. »

« Je t’ai dit que je suis un dieu. Pas besoin d’être désolé. Les surnoms bizarres et les insultes, j’y suis habitué. »

« Merci. Alors, de quelle religion êtes-vous le dieu ? »

« Je te dirai ma religion plus tard. »

« D’accord, alors que faites-vous sur Terre, Monsieur Dieu ? »

« Je m’ennuyais, alors j’ai décidé de visiter la Terre pour voir mes enfants et leur parler. C’est comme de petites vacances divines pour recharger mes batteries. Et puis, je devais aussi voir ma chère mère. »

« Quelle mère ? »

« La Terre Mère. Elle est en colère parce que je ne lui ai pas rendu visite depuis longtemps. »

« Combien de temps comptez-vous rester sur Terre ? »

« Seulement quatre heures. »

« Quatre heures seulement ? Pourquoi ? »

« Je n’ai droit qu’à quatre heures de vacances tous les quatre ans (soupir !). »

« Quatre heures seulement ? Vous plaisantez ? »

« Non, en tant que dieu, je suis extrêmement occupé tout le temps. Je dois planifier mes destinations de vacances de nombreuses années à l’avance. »

« Comme c’est triste ! Mais avez-vous acheté un billet ? Je ne vous ai pas vu au guichet. Et si le contrôleur du bus vient ici ? »

« Ne t’inquiète pas. Personne ne viendra à ce siège, et crois-tu qu’il me soit difficile d’obtenir un simple billet de bus, mon ami ? »

« Bien sûr, comme je suis bête ! Mais qu’est-il arrivé à votre char divin ? Pourquoi voyagez-vous dans un bus ordinaire ? » demandai-je.

« Eh bien, entre toi et moi, je ne peux pas être vu en train de voler avec mon char doré. Les humains le fixeraient et prendraient peur. De plus, tous les policiers de la circulation me tomberaient dessus si je me baladais dans un engin étrange sans permis de pilote d’aéronef. »

« Vous plaisantez bien, Monsieur Dieu. »

« Oui, je peux être sérieusement humoristique parfois. »

« Maintenant, où ai-je mis mes lunettes de lecture ? » murmurai-je en fouillant dans mon sac.

« Elles sont dans la poche gauche de ton manteau », répondit Dieu sans même tourner la tête.

« Mais comment diable avez-vous su ça ? » demandai-je, surpris par sa réponse sûre d’elle.

« Combien de fois dois-je te dire que je suis un dieu ? Je sais presque tout et c’est pour ça que je ne t’ai pas demandé ton nom. Maintenant que tu portes tes lunettes, peux-tu me voir clairement ? Regarde cette lueur autour de moi. »

« Waouh, vous êtes éblouissant avec cette lumière bleue autour de vous ! Peut-être que vous êtes vraiment un dieu ou un grand magicien. Très intéressant ! »

« Cette lueur s’appelle une aura et je peux même devenir complètement invisible. Regarde, tu ne me vois plus. »

« Waouh, c’est génial, juste comme Mandrake le magicien. J’aimerais avoir un appareil magique comme ça pour devenir invisible. Où puis-je en acheter un ? »

« Tu ne peux pas en acheter. Ce n’est pas à vendre. Mais que ferais-tu en devenant invisible, Monsieur Humain ? »

« Peut-être, braquer quelques banques, ha, ha ! »

« Braquer des banques ? Tu es trop tard pour ça, mon ami. Peut-être pourrais-tu braquer l’argent du sauvetage financier avant qu’il ne soit distribué en primes. »

« Hein ? Désolé, je plaisantais. J’ai de la chance de vous rencontrer, Monsieur Dieu, et c’est un grand privilège de parler à un vrai. Je sens que je vais apprécier ce voyage. Donc, vous êtes bien le Saint dont tant de gens deviennent hystériques. Au fait, je vois d’autres passagers monter. Peut-être devrions-nous parler doucement et vous ne devriez pas faire de magie devant eux. »

« Ne t’inquiète pas pour eux », dit Dieu.

« Pourquoi pas ? »

« Je suis en fait invisible et ils ne peuvent ni me voir ni m’entendre. »

« Génial ! Mais alors je vais avoir l’air d’un fou si je parle dans le vide. »

« Eh bien, eux non plus ne peuvent te voir ni t’entendre. »

« Pourquoi ? »

« Parce qu’ils ne te voient pas me parler. »

« Mais je te parle. Ou est-ce un rêve extravagant ? »

« Un peu. Je t’ai tiré dans une dimension différente pour que nous puissions parler librement. »

« Waouh, une dimension différente ! Mais tout a l’air pareil. Comment cela peut-il être une dimension différente ? »

« Laisse-moi te le prouver », dit Dieu et il hurla soudain : « IL Y A UNE BOMBE DANS CE BUS !!! » en me glaçant le sang. Mais, chose étonnante, aucun passager ni agent de sécurité ne se retourna vers nous. C’était comme si personne n’avait entendu ce cri assourdissant.

« Maintenant tu me crois ? » demanda Dieu.

« Hé, c’est super, Monsieur Dieu ! Je vous crois maintenant. Waouh, nous sommes vraiment dans une autre dimension ! Alors, je suppose que nous pouvons parler librement. Je peux même me disputer avec vous et personne ne remarquera ? »

« Ne t’inquiète pas. Personne ne nous remarquera. Je te le promets. »

« Génial ! Hé, puis-je vous serrer la main ? J’ai toujours voulu toucher un dieu. »

« Bien sûr. Tiens, serre-la », dit-il en tendant la main.

Je lui serrai la main et ma paume picota comme si je touchais une faible décharge électrique. Ou peut-être avais-je imaginé cela. Après tout, les dieux sont censés avoir un effet électrique sur les humains, comme je l’avais lu quelque part. Puis je demandai avec excitation :

« Hé, Monsieur Dieu, puis-je faire un selfie avec vous avec la caméra de mon téléphone ? Je pourrais le montrer à mes amis, ma famille et peut-être même le mettre sur YouTube, Facebook, Instagram, Pinterest, Twitter, etc. J’aurais des millions de vues, de fans et d’abonnés ! »

« Vas-y, mais je ne comprends pas pourquoi vous, les humains cinglés, passez autant de temps devant ces machines génératrices de fatigue. »

« Quelles machines génératrices de fatigue ? »

« Ces boîtes que vous, les humains, appelez ordinateurs et smartphones. »

« Ah, ces machines. Mais les ordinateurs, tablettes et smartphones sont indispensables aujourd’hui, Monsieur Dieu. Nous les détestons mais nous ne pouvons pas nous en passer. Sans eux, nous nous sentirions misérables et coupables de ne pas tweeter ou poster une opinion intelligente sur tout ce qui se passe. »

« Oui, je sais. Nous, les dieux, avons vu vos humains cinglés tweeter sur le fait de se gratter ou même de se curer le nez. Plus votre vie sociale virtuelle est intense, moins votre vie sociale réelle l’est. C’est pourquoi nous, les dieux, conseillons moins de Facebook et plus de manuels scolaires. Et une autre horreur des ordinateurs, c’est le canal carpien… »

Alors que Dieu bavardait, j’allumai mon appareil photo numérique et commençai à prendre des clichés de ce personnage mystérieux, mais je constatai que les images étaient vides même si l’appareil fonctionnait parfaitement.

« Hé, que se passe-t-il ? Pourquoi je ne peux pas vous photographier, Monsieur Dieu ? » demandai-je.

« C’est parce que je suis invisible. »

« Invisible ? Mais je vous vois. »

« En ce moment je suis visible et audible uniquement pour toi et pour personne d’autre. De toute façon, il n’y a aucun intérêt à prendre ma photo, mon ami. »

« Pourquoi pas ? »

« Eh bien, si tu prends une photo de moi dans ma forme actuelle, qui te croira ? Les autres humains te prendront pour un idiot si tu montres la photo d’un vieux bonhomme loufoque en prétendant que c’est Dieu, non ? » répondit-il avec un sourire malicieux.

« Oh, zut ! Vous êtes un rabat-joie, Monsieur Dieu », gémis-je.

« Oui, nous, les dieux, le sommes souvent, et laisse-moi te révéler un autre secret sur nos photos. »

« Quel secret ? »

« Même si tu prends une vraie photo de moi dans l’une de mes vraies formes, personne ne te croira. »

« Pourquoi pas ? »

« À l’ère numérique, les humains penseront que c’est une image multimédia fabriquée avec un logiciel graphique sophistiqué. Personne ne croira que tu as une vraie photo ou vidéo de Dieu. »

« Hmm, vous avez raison. Personne ne me croira. Quel dommage ! La technologie peut parfois être un vrai rabat-joie. »

Soudain une idée me traversa l’esprit et je demandai :

« Hé, Monsieur Dieu, puis-je vous poser quelques questions et prendre des notes ? Une petite interview, si cela ne vous dérange pas. Je souffre d’un grave blocage d’écrivain depuis des semaines et je n’avais aucune idée originale à griffonner. »

« Qu’essayais-tu de griffonner ? »

« J’essayais d’écrire un livre unique. »

« Quel livre unique ? »

« Un livre pour résoudre tous les problèmes du monde. »

« Résoudre tous mes problèmes du monde ? C’est merveilleux ! Je pourrais enfin me reposer un peu. »

« Eh bien, peut-être pas tous les problèmes du monde mais au moins les principaux. »

« Quels principaux problèmes ton livre va-t-il résoudre ? »

« Beaucoup de choses. C’est une sorte de livre multidisciplinaire que les dirigeants mondiaux pourraient utiliser pour gérer avec succès des peuples divers, éradiquer la pauvreté et les maladies, éradiquer les religions et les superstitions, stabiliser l’économie mondiale, créer des emplois, éliminer les guerres et le terrorisme, etc. »

« Si tu écris un livre splendide comme ça, est-ce que tous les humains du monde abandonneront volontiers leurs coutumes, traditions, cultures, valeurs, etc. ? »

« Mais cela créerait un monde nouveau et courageux fondé sur la justice, l’égalité et la liberté pour tous. N’est-ce pas bien ? »

« Waouh, justice, liberté et égalité pour tous ? Superbe ! Cela ressemble à un livre de fiction fantastique. »

« Non, c’est de la non-fiction. Ne savez-vous même pas la différence entre fiction et non-fiction, Monsieur Dieu ? »

« Non. »

« Non ? Pourquoi pas ? »

« Parce que je suis un personnage fictif. Je n’existe pas dans la réalité. »

« Arrêtez de plaisanter, Monsieur Dieu ! De toute façon, je n’avais aucune bonne idée pour mon livre. »

« Oui, je sais. C’est moi qui faisais s’évaporer tes idées pour t’éjecter de cette pièce étouffante. »

« Aha, vous étiez le vilain coupable ! Mais pourquoi avez-vous fait ça ? »

« Eh bien, nous, les dieux, promenons tout le monde chaque jour. »

« Je suis sûr que vous faites ça, Monsieur Dieu. Mais comment m’avez-vous spécifiquement choisi parmi des millions d’autres personnes ? »

« C’était simple. »

« Comment ? »

« Je cherchais un humain modeste et tu correspondais aux spécifications. Chanceux que tu es ! »

« Modeste ? Merci pour le compliment mais pourquoi cherchiez-vous un type modeste ? »

« C’est plus facile de traiter avec des humains modestes qui ont beaucoup de raisons de l’être. »

« Grr ! »

« Je plaisante, ne le prends pas mal. Quoi qu’il en soit, tu es mon élu chanceux, Monsieur Humain. Je vais t’emmener dans un voyage cosmique où aucun humain n’est jamais allé. Tu peux poser toutes tes questions. »

« Merci, mais j’ai un doute. Puisque je suis dans une dimension différente ou dans un rêve fou, comment me souviendrai-je de notre discussion à mon réveil ? Si j’oublie ce rêve, toute l’interview sera perdue. »

« Pas de problème. Je t’aiderai à t’en souvenir pour la vie. Mais que vas-tu me demander que vous, les humains, ne savez pas déjà ? Vous avez déjà des tonnes d’informations sur tous les dieux. »

« Je sais que nous avons déjà énormément de livres et qu’il ne manque pas de choses à lire. Mais j’ai l’impression que tout ce qui concerne Dieu est devenu beaucoup trop mielleux-mielleux. »

« Mielleux-mielleux ? »

« Ce que je veux dire, c’est que la plupart des livres sur Dieu et de tout ce qui s’y rattache ne sont que du charabia spirituel. Trop de vent, trop de blabla superstitieux ! »

« Possible. »

« Beaucoup doutent même de ton existence réelle, Monsieur Dieu. »

« Moi aussi, il m’arrive parfois d’avoir ce doute glacial, Monsieur Humain. »

« Il y a aussi de nombreuses accusations sérieuses contre toi. »

« Des accusations sérieuses contre moi, le saint des saints, le parangon de vertu ? Bon sang, je suis le suspect habituel de tout ce qui se passe partout ! Mais 10 % de ces accusations ne sont même pas vraies. »

« Et les 90 % restants ? »

« Pas de commentaire. Mais je t’assure que mes opposants politiques cosmiques et les médias se liguent toujours pour ternir ma réputation divine. Enfin bref, raconte-moi ces charmantes accusations. »

« Je vais le faire, écoute bien, Monsieur Dieu. Beaucoup croient que tu fais un boulot lamentable, assis là-haut dans le ciel à nous regarder souffrir. Les non-croyants t’accusent souvent d’être vindicatif, sanguinaire, misogyne, raciste, impitoyable, exterminateur, obsédé du contrôle, injuste, irrationnel, mégalomane, illégal, etc. »

« Ah bon ? »

« De plus, les rationalistes disent que tous les croyants sont des fous qui devraient être internés dans des asiles psychiatriques au lieu d’errer librement dans la société en contaminant tout le monde. »

« Peut-être. »

« Mais tes croyants délirants se promènent en criant sur tous les toits que tu es un chic type prêt à nous secourir à tout moment. »

« Comme c’est gentil de leur part ! »

« Oui, mais beaucoup d’intellectuels pensent que la religion et Dieu sont un bouclier pratique pour les fanatiques, les fondamentalistes et les mercenaires afin de tuer et piller. »

« Possible. J’entends souvent ce genre d’affirmations délirantes, bâillement. »

« Hmm, tu n’as pas l’air très concerné par nos problèmes, Monsieur Dieu. Bon, coupons court à la plaisanterie et passons aux choses sérieuses ! Que dis-tu de toutes ces graves accusations ? »

« Eh bien, que veux-tu que je dise, cher humain ? »

« Je crois fermement que nous avons besoin d’une vision objective de Dieu, quelque chose qui conviendrait à l’intellectuel moderne, rationnel et scientifique. »

« Vraiment ? Tous les humains sont donc devenus modernes et rationnels ? Voilà une bonne nouvelle ! »

« Bon, peut-être pas tous, mais on y arrive. Bientôt, tu seras démodé, Monsieur Dieu, et les gens du XXIᵉ siècle n’auront plus besoin de toi. Nous avons la science et la technologie modernes pour nous guider. Nous pouvons facilement nous débrouiller seuls maintenant, sans dépendre aveuglément de toi. »

« Vraiment ? Ah, je peux donc prendre ma retraite ! Merci de me libérer de mes gigantesques obligations. Mais je vais regretter d’interagir avec vous, mes chéris. J’espère tout de même que vous, humains, ne me larguerez pas brutalement avant que je trouve un autre emploi convenable. Alors, qu’as-tu prévu de me demander et d’écrire sur moi ? »

« Je veux entendre quelque chose de différent de ta part, Monsieur Dieu. »

« Qu’est-ce que tu veux dire par différent ? »

« Je veux connaître les vraies raisons de toutes les choses absurdes que vous, les dieux, faites chaque jour, et n’essaie pas de me ressortir le même baratin mystique et irrationnel qu’on nous sert depuis des siècles. Vous nous avez baladés bien trop longtemps ! L’homme moderne a besoin aujourd’hui de raisons légalement justifiables pour tout le chaos que tu crées ou permets chaque jour. »

« Eh bien, eh bien ! Tu es bien échauffé aujourd’hui, Monsieur Humain. »

« Oui, je suis en colère contre beaucoup de choses à propos de Dieu ! Nous voulons de vraies réponses aujourd’hui et ne sommes plus convaincus par la bouillie spirituelle que nos ancêtres superstitieux ont prêchée et avalée. Je veux te forcer à avouer pourquoi tu fais des choses insensées. »

« Me forcer ? Ciel, un interrogatoire par un humain ! »

« En quelque sorte. »

« Mais j’ai entendu dire que vous, les humains, pouviez être terriblement cruels, mon vieux. »

« Certains le sont, mais pas moi. Le mien sera une discussion paisible, sans chocs électriques ni instruments de torture. Ce serait bien si tu pouvais m’aider et répondre à toutes mes questions, Monsieur Dieu. »

« Bien sûr, vas-y et demande ce que tu veux. Voyons si je peux t’aider, même si je ne suis pas doué pour répondre à des questions sur moi-même et mes voies mystérieuses. Mais toujours heureux d’aider un autre auteur. »

« Un autre auteur ? Tu es auteur toi aussi, Monsieur Dieu ? »

« Oui, je suis aussi auteur. Moi aussi, j’ai griffonné et narré quelques livres spirituels il y a des milliers d’années. Mais aucun n’a remporté de prix littéraire ni de contrat à plusieurs millions (soupir !). »

« Quels livres ? »

« Des textes religieux sacrés. Tous écrits à la main, car il n’y avait ni ordinateurs ni traitements de texte à cette époque. Tu as peut-être vu ces livres dans les lieux de culte. »

« Vraiment ? Tu veux dire que c’est toi qui as écrit tous ces livres religieux célèbres ? »

« Oui, j’ai écrit tous ces livres il y a bien longtemps. »

« Mais certains disent qu’ils ont été écrits par des gens intelligents. »

« Non, ils ont tort. Ce sont nous, les dieux, qui les avons écrits — la série à signature immaculée. Tu crois qu’un simple humain pourrait écrire de tels best-sellers, remplis de milliers de vers divins, de sagesse exquise, de conseils suprêmes, de puissance électrisante… »

« D’accord, d’accord ! Je te crois sur parole pour le moment », répondis-je en me taisant.

« Alors, que voulais-tu me demander ? » demanda-t-il après quelques secondes.

« Eh bien, en fait, mon esprit est en ébullition. Des tas de questions difficiles tournent dans ma tête. »

« Des questions difficiles ? Oh non ! Encore un humain avec une irrésistible envie de poser des questions difficiles. »

« Tu sembles avoir peur des questions difficiles, Monsieur Dieu. »

« Peut-être, mais contente-toi de poser des questions simples. Pas de questions compliquées comme vos présentateurs de talk-shows à la télévision. »

« Hé, pourquoi ne poserais-je que des questions simples ? Pourquoi pas des questions difficiles ? »

« Parce que les questions difficiles sont difficiles à répondre, mon ami. »

« Mais c’est justement là que réside le plaisir, Monsieur Dieu. Tout le monde adore une interview musclée qui fait transpirer l’invité sur son siège. Je ne peux pas poser de questions complaisantes. »

« Peut-être, mais je ne réponds normalement pas aux questions dures, intelligentes ou hostiles. »

« Pourquoi pas ? »

« Pour éviter la tentation de dire la vérité. »

« Parfait ! C’est exactement ce que je veux entendre. »

« Eh bien, la vérité peut être dangereuse et indigeste. C’est pourquoi j’évite généralement de la dire. Mais une vérité que je peux t’avouer facilement, c’est que je ne suis pas assez intelligent pour répondre à toutes les questions tordues que se posent les membres d’une espèce à moitié folle, toujours prête à argumenter et à attaquer à la moindre occasion. »

« Hé, qu’est-ce que tu veux dire par espèce à moitié folle ? »

« Eh bien, n’en fais-tu pas partie ? »

« Si nous le sommes, pourquoi as-tu mis un tel cerveau dans nos têtes ? Et comment peux-tu insulter un lièvre, qui est aussi ta création ? »

« Tu vois ? Voilà exactement ce que je voulais dire : vous, les humains, aimez argumenter et attaquer. »

« Désolé, Monsieur Dieu, je me suis emporté. Mais pourquoi as-tu peur des questions difficiles ? »

« Je n’ai pas peur des questions difficiles. Mais je préfère que tu ne les poses pas, parce que la plupart des maudits humains n’aiment pas entendre le genre de réponses que je pourrais donner. »

« Hé, doucement ! Tu ne peux pas parler comme ça, Monsieur Dieu. »

« Pourquoi pas ? »

« Parce que tu es Dieu ! Comporte-toi comme tel. »

« Et alors ? Pourquoi ne pourrais-je pas parler comme ça si je suis un dieu ? »

« Parce que j’ai lu beaucoup d’articles où les dieux parlent aux gens, et ils utilisaient toujours des mots doux comme mon enfant, mon cher, mon bien-aimé, etc. Mais toi, tu parles comme un percepteur grognon. Es-tu vraiment un vrai dieu ? »

« Oh, ces articles-là. Ce n’est que de la fiction. Les vrais dieux ne parlent pas ainsi à tout le monde, et nous ne mâchons pas nos mots ni nos actes. »

« Alors, à qui parles-tu de cette façon ? »

« Je parle gentiment uniquement aux enfants humains, mais je ne suis ni doux ni câlin avec les adultes. »

« Vraiment ? »

« Bien sûr. Que croyais-tu ? Que j’allais t’appeler mon petit chou à la crème ? Écoute, si tu ne veux pas entendre mes réponses directes, je disparais tout de suite pour trouver un autre humain digne de me parler ! » lança-t-il, furieux.

« D’accord, d’accord, tu es le patron ! Ne disparais pas, je t’en prie, Monsieur Dieu », suppliai-je, ne voulant pas manquer l’occasion du siècle.

« Calme-toi. Je voulais juste vérifier si tu savais encaisser les critiques et les insultes, en prévision des débats animés que nous allons avoir », dit-il en reprenant sa voix bienveillante.

« Ouf, quel soulagement ! Pas de souci, j’ai ces compétences. J’ai suivi un cours sur la gestion des critiques et des insultes, il y a quelque temps, avec un célèbre formateur. »

« Vraiment ? Parfait, alors je ne devrais avoir aucun problème à t’insulter librement, Monsieur Humain », dit-il en clignant de l’œil.

« D’accord, d’accord ! On commence ? » demandai-je, impatient.

« Oui, mais lis bien sur mes lèvres : pas de questions difficiles. »

« Je ne peux pas te le promettre, hé, hé ! »

«