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Traquenard festif
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Livre électronique340 pages4 heures

Traquenard festif

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À propos de ce livre électronique

Un patron impitoyable, une copine superficielle et matérialiste, une bureaucratie omniprésente, des collègues conformistes allant jusqu’au masochisme… Mettez donc un coup de pied à tout ça et découvrez Traquenard festif, une satire qui retrace le parcours de Vlad, un analyste financier célibataire et frivole.

«Alcool, casino, sexe… j’ai pris l’autoroute directe pour l’enfer !» Voici la tout sauf Sainte Trinité de ce trentenaire, pris en sandwich entre son travail, ses amis, les femmes fatales et le heavy metal.

Suivez ses aventures entre début mars et fin novembre 2020 à travers un enterrement de vie de garçon des plus déjantés, suivi d’un confinement asservissant marqué par la sphère cannibalisante de son boulot et ponctué par le retour de son ex-copine qui chamboulera sa vie pour toujours.

Embarquez pour une épopée sans politiquement correct, sans limites et sans freins, pleine d’humour et de punchlines, qui vous fera également réfléchir aux dysfonctionnements des sociétés occidentales, aux relations conjugales, à l’amitié, à la vie, à la mort, au point de choquer, amuser, attendrir, bousculer… Vous n’en ressortirez pas pareil !




LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie6 juin 2024
ISBN9782386252792
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    Aperçu du livre

    Traquenard festif - Mitritch Milqart

    Préface

    L’œuvre que vous êtes sur le point de découvrir est une satire de la société du début du XXIe siècle, un cocktail explosif inspiré de faits réels, se déroulant aux quatre coins du globe, mêlant le délire, le rock’n’roll, les aventures rocambolesques et les femmes fatales. Suivez notre héros, Vlad, un Russo-Tunisien travaillant comme analyste financier à Zürich, ainsi que ses amis issus de différents horizons, dans un parcours semé de multiples dérapages et tentations. Ces gentlemen vous feront voyager de Tokyo à Chicago, en passant par Prague, la Suisse, l’Andalousie et la Colombie, le tout orchestré par des scènes loufoques, improbables, grivoises par moments, un brin cyniques parfois et des personnages manipulateurs qui auront un impact irréversible sur notre protagoniste.

    Ce livre ne doit pas être perçu comme un énième recueil de psychanalyse à vous faire bayer aux corneilles. Bien au contraire, le but de la présente œuvre est avant tout le divertissement et l’action teintés de réflexions sur des sujets intemporels, tels que les relations homme-femme, les mirages et l’hypocrisie du monde du travail, les valeurs familiales, l’amitié et les tentations auxquelles un trentenaire célibataire pourrait être soumis à un certain moment de sa vie.

    L’écriture de cet ouvrage a commencé quelques mois avant le début de la pandémie du Covid 19, encloîtrant l’ensemble de l’humanité dans une routine morose et liberticide. Nous, Mitritch et Milqart, auteurs, avons consacré notre temps libre à la réalisation de notre premier roman satirique, principalement écrit sur les rives du lac de Zürich, parfois à Genève, Zermatt ou dans les Alpes françaises. Le contexte dans lequel ce livre a été conçu est à la fois personnel et universel, inspiré par notre mode de vie déjanté pré-Covid, les interactions avec nos collègues du monde de la finance ainsi que nos réflexions sur la nature humaine et des fous furieux que nous avons pu côtoyer.

    Toutefois, nous tenons à préciser que tous les personnages et toutes les entreprises de cet ouvrage sont purement fictifs. Toute ressemblance avec une personne ayant réellement existé n’est que fortuite.

    La présente œuvre est structurée en trois chapitres : le premier se caractérise par une tonalité festive, le second adopte une approche plus critique des relations professionnelles et amoureuses, tandis que le troisième explore des thématiques psychologiques et intimes en profondeur.

    Nous vous invitons également à consulter le site internet https://www.festivetrap.com dans lequel vous trouverez un lien vers une collection d’illustrations NFT représentant des scènes du récit, sélectionnées avec le plus grand soin, auxquelles nous avons ajouté une note de bas de page renvoyant au titre du dessin correspondant dans la galerie sur https://opensea.io/collection/festive-trap

    Aux âmes les plus sensibles, nous vous conseillons de vous préparer à une satire bien crue dont le contenu risque de choquer et nous vous prions de ne pas oublier la fameuse tirade de Kafka : «  Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? »

    Sur ces paroles pleines de sagesse, nous vous souhaitons une rafraîchissante et divertissante lecture.

    Chapitre I : Eudémonisme

    1Eudémonisme

    1.1Embarquez-le !!!

    Cinq heures du matin. Alors que le soleil n’avait pas encore chassé Dame Nuit au large du lac de Zürich, une alarme vint brusquement briser le silence de plomb qui régnait dans mon appartement en ce vendredi 6 mars 2020. «  Steh auf ! Steh wieder auf ! »¹, martelait ce bourrin de Till Lindemann.

    Les puissants riffs de guitare électrique émanant du poste m’aidèrent à m’extirper péniblement du lit après quelques petites heures de sommeil qui ne purent remédier à une gueule de bois bien prononcée. Mon corps me paraissait être une enclume que je tirais à chacun de mes pas titubants.

    En sortant de ma chambre, je faisais face à de violents maux de tête accompagnés de vertiges nauséabonds. Plus je m’approchais de la sono afin d’éteindre le réveil, plus la musique accentuait mon mal de crâne. La vision brouillée et l’esprit encore somnolent, je finis par trébucher sur le corps inerte d’un homme affalé sur la moquette du salon.

    Malgré le fracas de ma chute, l’épave ruminante ne se contenta que d’un bref gémissement quasiment inaudible avant de reprendre son ronflement de phacochère.

    À peine le réveil éteint, j’aperçus l’horloge et réalisai avec effroi que nous étions à court de temps. Je me mis donc à secouer mon invité baignant dans une léthargie profonde.

    – Vlad, c’est quoi ce bordel ?! Fous-moi la paix ! grogna Hervé d’une voix caverneuse.

    – Mec, lève-toi ! On est limite en retard ! Tu te rappelles ? On a un avion à prendre !

    – Putain, c’est Taïwan dans ma tête… On a bu comme des trous. Les cocktails Zombies m’ont fracassé… Et tu ne m’as toujours pas dit où on va ?! beugla Hervé tout en luttant pour sortir de son coma.

    – Décidément, tu ne tiens vraiment pas l’alcool ! Tu ne te rappelles donc pas du billet que je t’ai filé ?

    * * * * *

    La veille, je me retrouvai face à la porte d’entrée du domicile de Hervé au beau milieu de la station iconique de Zermatt.

    Avec la complicité de sa copine Nelly, j’entrai accompagné de mes frères d’armes, Andreas et Jean, tout euphoriques à l’idée d’accomplir notre mission. De son côté, Hervé n’était au courant de rien et se préparait à rentrer chez lui tranquillement.

    Andreas, Jean et moi-même étions chacun munis d’un petit bout de papier sur lequel nous apposâmes une instruction avant d’insérer les tickets gagnants dans nos caleçons.

    Ayant pris soin d’éteindre toutes les lumières, nous attendions impatiemment la venue de Hervé. Lorsque ce dernier entra, il remarqua l’obscurité inhabituelle qui plombait l’appartement et appela Nelly. Sans réponse, et quelque peu désemparé, il se dirigea vers le salon et tomba sur notre trio en caleçon, seul vêtement que nous portions au moment de l’accueillir.

    – Putain, mais qu’est-ce que vous foutez ici ?! s’exclama-t-il.

    – Bienvenue à la fête, camarade ! rétorquai-je devant Andreas et Jean, complètement hilares.

    – Mais quelle fête ?

    – On t’embarque pour ton enterrement de vie de garçon.

    – Mais attendez, Nelly n’est pas au courant…

    – Si, si, ils ont réussi à me convaincre de leur donner mon feu vert, répondit Nelly, tout sourire.

    – Quoi ?! Tu es aussi dans le coup, ma chérie ? Est-ce que tu te rends compte de la bourde que tu as faite ?! Tu n’as aucune idée de quoi ils sont vraiment capables…

    – T’inquiète, on lui a promis de te ramener en un seul morceau avec un mal de crâne, certes, mais fidèle et sans gros écart de conduite, nuançai-je avec un semblant de sérieux malgré un sourire qui me trahissait.

    – Allez, fais pas ton timide et viens récupérer tes billets ! lança Andreas en pointant du doigt son calebar.

    – Non, non, non ! Je vais pas piocher dans votre sac à bazar ! hurla Hervé, pendant que nous l’encerclions.

    Pris au piège, il exécuta sa tâche en commençant par trifouiller les parties d’Andreas et tira le premier ticket : «  Finis la bouteille de Jägermeister. »

    – Bon, ça commence bien !

    – Allez, espèce de petite nature, on va t’aider et prendre chacun un verre avec toi ! répondit Andreas.

    Hervé réussit péniblement et continua avec le ticket de Jean : «  Fais 10 pompes. »

    – C’est comment de faire des pompes après le Jägermeister ? le taquina Jean.

    – Continue à faire le malin… Si je gerbe, ça sera sur toi ! rétorqua Hervé en se relevant après avoir terminé ses pompes.

    – Et maintenant, le meilleur pour la fin ! m’exclamai-je à bras ouverts.

    – Ta gueule, Vlad ! Mais putain, t’es vraiment un enculé… Tu l’as foutu où ?! se lamenta-t-il tout en peinant à trouver le ticket que j’avais pris soin de rendre un «  poil » plus difficile d’accès.

    Enfin, il tira le dernier ticket : «  Tu as 10 minutes top chrono pour te changer, ranger tes affaires et nous suivre. »

    – Mais on va où ? Amsterdam ?! Nelly, tu le sais ?

    – Et non ! Elle ne te dira rien, mon cher, lui dis-je, alors que Nelly se marrait.

    – D’Oslo à Abidjan, tu as tout un choix ! lui répondit Jean.

    – Et pourquoi pas Hawaï, pendant qu’on y est ?! s’exclama Hervé.

    Il mit exactement 6 minutes et 9 secondes pour se préparer et nous prîmes ainsi la route vers Zürich en arrosant notre voyage en train avec une généreuse cargaison de bières autour du jeu de cartes Cards Against Humanity.

    Arrivés à Zürich, nous sautâmes dans le premier tram en direction du Mata Hari, un bar fort sympathique reposant sur un décor hawaïen que j’avais l’habitude de fréquenter autant pour sa musique rock’n’roll que pour les cocktails Tiki servis dans des reliques amérindiennes, dont le fameux Punani, un breuvage baignant dans un récipient à mi-chemin entre un coquillage et une vulve, ou encore le Zombie, servi avec de la pyrotechnie dans une tête de mort-vivant ouverte sur le haut et contenant un mélange explosif de divers rhums.

    Laissant mes amis à la table, je me dirigeai vers le comptoir :

    – Hé Mario ! Tout baigne le taulier ?

    – Comment va mon petit Vlad ? Pas de Punani aujourd’hui ?

    – Nein, j’ai eu celui de Melissa la semaine dernière. Quatre Zombies bien chargés, s’il te plaît.

    – Carrément quatre ?

    – Oui, on fête l’enterrement de vie de garçon de mon ami Hervé. Demain matin on décolle et il ne sait toujours pas où on va…

    – Super ça ! Mais tu peux me le dire, à moi !

    – Même pas en rêve, Mario ! Tout le monde sait que tu n’arrives pas à garder un secret. Toi, tu n’as pas besoin de Punani pour avoir la langue bien pendue.

    – Allez, Vlad, arrête tes conneries ! C’est bien parce que c’est l’EVG que je vous offre la tournée…

    De quelques gestes habiles, Mario déversa les mélanges de rhums avant de saupoudrer le tout d’une fine couche de cannelle et d’allumer la potion magique au chalumeau, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention du futur marié et de mes compagnons d’armes qui accoururent pour prendre les verres. S’ensuivit un enchaînement de cocktails et de bières jusqu’à pas d’heure avant que je ne fasse lever Andreas et Jean pour prononcer un toast en l’honneur de notre futur marié.

    Sous les regards intrigués de quelques clients, nous nous dressâmes sur la table et entonnâmes avec joie :

    À notre Hervé qui va bientôt se marier

    Et à qui Anca va manquer

    Nous célébrons notre amitié et marquons un tournant de ta vie

    Avant qu’à ta belle, tu ne dises oui,

    Alors levons nos verres !!

    Pour clôturer ce célibat de misère

    Le soleil de Zermatt dans le cœur

    Nous t’aimons et nous te souhaitons tout le meilleur !

    À notre frère !

    Les bières tendues vers le ciel, nous déversâmes brusquement le liquide doré dans nos gosiers en éclaboussant nos faces, nos bustes et tout autour, dont Hervé qui était assis, hilare et ému par notre prestation :

    – Je vous ai dit de ne plus la ramener avec Anca ! Et surtout, bouche cousue avec Nelly, c’est de l’histoire ancienne ça !

    – Arrête de flipper. On ne dira rien sur ton ancien plan cul. Tiens, on a un petit cadeau pour toi ! rétorquai-je.

    Fouillant de manière pataude dans mon veston trempé de bière, je mis la main sur un papelard humide que je m’empressai de tendre à Hervé.

    – Mais non, Vlad, Prague !!! Dans quel plan foireux vous m’embarquez encore ?!

    – Un voyage culturel…

    Guère satisfait par ma réponse, Hervé s’empressa de commander d’autres breuvages dans l’espoir de délier nos langues et d’obtenir ainsi de plus amples informations.

    Résistant à l’assaut de dix-sept bières supplémentaires, nous finîmes par nous séparer, complètement ivres, le temps de quelques heures de sommeil.


    ¹ allemand : Lève-toi ! Relève-toi à nouveau !

    1.2Les cavaliers de l’apocalypse

    Le succès d’un enterrement de vie de garçon repose sur deux éléments essentiels : un instinct de chasseur ainsi qu’une équipe hétéroclite composée de personnalités atypiques.

    Le skieur allumé

    Alsacien haut en couleur, Hervé cumule deux casquettes : physiothérapeute de métier, il s’improvise moniteur de ski durant son temps libre. Sa clientèle préférée demeure la gent féminine qu’il n’hésite pas à entraîner dans de folles descentes, afin de les épuiser et de leur proposer des séances de massage pour les remettre en jambes.

    Véritable tête brûlée, dont le combustible est l’adrénaline, cet artiste s’amuse à descendre les bières et les shots avec la même frénésie que les pistes noires vertigineuses, tout en entonnant des chants empreints de refrains provocateurs à faire rougir les filles trop précieuses et les rats de bibliothèque.

    Avant sa rencontre avec Nelly, Hervé ne se privait pas de charmer les demoiselles extraverties en leur montrant l’étendue de son talent. Lors de ses rencards sur les pistes, il n’hésitait pas à taquiner ses conquêtes alors qu’elles essayaient de reprendre leur souffle :

    – Alors, tu nous fais quoi là ? Du ski ou du tricot ?

    Promis à une carrière de haut niveau lorsqu’il avait 15 ans, il s’entraînait avec acharnement. Toutefois, son élan fut stoppé par une grave blessure à un genou qui mit fin à sa carrière de sportif. Il a tout de même gardé de beaux restes à en juger son tempo de descendeur pour faire le tombeur².

    Doctor Jekyll & Mister Hyde

    Je dois ma rencontre avec Hervé à un phénomène hors pair que j’ai eu la chance de côtoyer durant mes études universitaires : Mickaël, un savant fou travaillant comme analyste quantitatif en finance des marchés à Londres. Surnommé Docteur Jekyll & Mister Hyde, cet aigle belge s’investit sans compter dans littéralement tous les domaines qu’il entreprend.

    Son côté Docteur Jekyll transparaît à travers son acharnement et son assiduité tant au niveau académique que professionnel. Étudiant brillant et bosseur infatigable apprécié de ses pairs, il acheva avec brio son Master en mathématiques appliquées à l’ETH³. Toutefois, il ne faut pas se laisser duper par ses airs de gentleman poli. Cette personnalité ambivalente recèle un fêtard invétéré et un redoutable coureur de jupons aux dents acérées. Seuls ses meilleurs amis connaissent cette facette habilement dissimulée sous un masque que Mickaël a réussi à se forger au cours de sept longues années dans la sphère bancaire, régie par la langue de bois et la monotonie bureaucratique dénuée de tout sens de l’humour.

    Les quelques fois où Mister Hyde se manifesta, il faillit perdre sa jambe droite à moitié sectionnée par sa planche de surf lors d’une session maladroite sous les tropiques indonésiens. Ce fut lors de la petite année sabbatique qu’il prit après la réussite de ses études, afin de profiter du soleil et des étreintes chaleureuses de Balinettes cendrées. Cette mésaventure n’arrêta pas le baroudeur pour autant. Il décida de reprendre pied et se lança dans des petits boulots tous plus insolites les uns que les autres : un travail de maçon au noir ou encore de gestionnaire de location de scooters qui a failli lui coûter la vie après s’être frotté au gang des machettes de Lombok qui n’appréciait pas qu’un Blanc pique le business des locaux.

    De retour en Suisse, il s’improvisa moniteur de snowboard à Zermatt, les quatre premiers mois de 2013, où il fit la connaissance de notre vieille canaille alsacienne de Hervé.

    Lors de notre atterrissage à Prague, Mickaël nous fit remarquer :

    – Messieurs, je ne suis pas le seul à vous rejoindre. Le convoi asiatique arrive tout bientôt !

    – Vous ramenez des geishas pour le coup ?

    – Celles-là sont à moustaches !

    – Comment ça ? lui demanda Hervé.

    – On a convaincu Farhad, Ismail et Francky de venir !

    Le prince du désert

    Marocain bien rangé, Farhad est un ami de Hervé qu’il a connu au lycée. Il entreprit par la suite des études d’ingénierie électrique à l’EPFL⁴ avant de migrer vers l’ingénierie financière. Son tempérament est à l’image de celui d’un faux calme : tel le désert avec sa lise et ses tempêtes de sable passagères.

    Très déconneur et fêtard durant ses études, il aimait danser la salsa. Farhad avait une technique infaillible qui attirait la convoitise des demoiselles qui n’attendaient qu’une chose : pouvoir goûter à son déhanché ravageur ! Ce qui ne laissa pas indifférente, dans cet océan de candidates, celle qui deviendra quelques années plus tard sa petite femme, une princesse du désert nommée Sarah, avec qui il se rangea en emménageant avec elle à Singapour.

    Polyglotte, Farhad s’adapte facilement aux différents endroits où il voyage. De nature très ouverte, il sait toutefois repérer les coups bas à l’emporte-pièce et ne se laisse pas du tout duper par des margoulins malintentionnés. Farhad est un élément solide et sage qui contraste fortement avec les deux oiseaux rares que sont Ismail et Francky avec qui j’ai eu le privilège d’étudier durant mon Master à l’ETH.

    Le Don Juan

    Ce tombeur d’Afrique du Nord est un Berbère d’origine tunisienne du nom d’Ismail que j’ai connu lors de mes études à Zürich, une ville qu’il aimait beaucoup, mais qu’il quitta tout de même pour Singapour, afin de booster sa carrière professionnelle en travaillant comme analyste quantitatif pour un fonds d’investissement renommé.

    Mince et élancé, il avait une certaine élégance et éloquence. Jouant de son charme et de son beau phrasé pour amuser les salons, il nous impressionnait tous par ses talents de dragueur hors du commun. À le voir faire, cela semblait si naturel et si facile ! Un vrai pirate sévissant en haute mer à grands coups de filet ramassant tout sur son passage : du thon à la truite jusqu’aux légendaires sirènes⁵. Il avait un penchant très marqué pour les fortes poitrines qui, selon ses propres termes, biaisaient sa perception de la beauté féminine.

    Dénué de toute timidité, il fonçait tête baissée sur la moindre demoiselle à la poitrine généreuse, indépendamment du contexte ou de l’endroit où il se trouvait. Malgré la rigidité de certaines filles, il parvenait avec une aisance déconcertante à les emballer en soirée dans les pubs ou discothèques, souvent même jusqu’au plaisir charnel sans avoir encore quitté les lieux.

    Le dragon de Hong Kong

    La mafia francophone de notre Master à Zürich a été soudée par Francky, un Antillais fort sympathique. D’apparence détendue, très soignée et professionnelle, il aimait les femmes et la danse pour les faire valser sur des mélodies café au lait en collé-serré. Il s’amusa ainsi à virevolter à travers le globe pour terminer sa course à Hong Kong.

    Cependant, Francky n’a pas toujours été ce viandard obsédé par l’appât du filet mignon légèrement rosé au centre, un peu doré sur l’extérieur et un chouïa saignant. Sa vision de l’idéal féminin et sa bonté naturelle lui ont joué des tours durant ses jeunes années et l’ont poussé tout droit dans un engrenage sans fin de machisme à la limite de la misogynie. Et pour cause, une relation épuisante et catastrophique avec son ancienne copine manipulatrice qui se solda par un désespoir quant à la construction d’une vie de couple saine, une vision obscurcie sur la question de l’amour et une totale aversion de l’idée du mariage qu’il qualifie d’arnaque. Dans cet élan et par dépit, il s’adonna corps et âme à une débauche sexuelle sans nom et sans limites. Son mode de vie devint plus proche de celui d’un acteur pornographique que d’un analyste financier modèle. Malgré tout, Francky restait un homme de fête d’une grande générosité et contribuait positivement à la synergie de la cavalerie apocalyptique.

    Les frères d’armes

    Ayant grandi en Suisse et comme tout bon citoyen, je ne pus échapper au service militaire obligatoire. C’est dans cet univers dénué de matière grise, abondant en exercices insensés, d’activités sportives, de virées fortement alcoolisées et de fous rires mémorables que je rencontrai mes deux frères d’armes.

    Tout commença lors de ma dixième semaine de service dans le contexte d’une simulation d’attaque sur la caserne où je patrouillais depuis trois jours quasiment sans prendre de pause. Alors que je terminais ma ronde d’un pas somnolent, fusil en main, un échange verbal d’une violence inouïe retentit entre une patrouille de garde et deux soldats en fin de service. L’un, Jean, était beaucoup trop alcoolisé pour pouvoir opposer une quelconque résistance. Alors que l’autre, Andreas, un colosse de deux mètres, réussit à s’enfuir après s’être débattu tel un taureau dans une corrida.

    Je reçus l’ordre d’escorter Jean en cellule de dégrisement. Conduisant ce drôle de criminel de guerre, je voyais le pauvre bougre vaciller, balbutier, plaisanter sur les recrues et les hauts gradés. Il n’en avait plus rien à faire.

    – T’es un soldat service-long, bordel ! Arrête de faire ta pucelle innocente ! Sois pas coincé ! Viens avec nous boire le shot du patron la prochaine fois ! hoquetait-il tout en manifestant véhémence et insouciance.

    Sa bonhomie, son courage et son franc-parler me plaisaient beaucoup et malgré son état, il avait encore la niaque dans le regard.

    Un adjudant le plaqua brusquement au sol et à peine le cachot refermé, j’entendis cet artiste vomir un bon coup. La colère du supérieur ne fut que décuplée après avoir glissé sur la galette pestilentielle qu’il n’avait pas vue en se précipitant dans la cellule.

    Au même moment, deux camarades de patrouille arrivèrent, escortant le colosse Andreas qui s’était échappé quelques instants plus tôt.

    – Comment l’avez-vous retrouvé ? leur demanda l’adjudant comme si de rien n’était, le bas du treillis taché de vomi.

    – L’évadé s’était réfugié au troisième étage de la caserne. Il a ouvert la fenêtre donnant sur la place d’appel grouillant de gardes en hurlant de toutes ses tripes : «  Vous ne m’aurez pas, bande de guignols ! »

    – Soldat Brunner, ce n’est pas très malin ! Veuillez nous suivre ! ordonna l’adjudant.

    J’ai tout de suite compris que j’allais me lier d’amitié avec ces deux trouble-fêtes. J’ai découvert par la suite que Jean était un bon vivant fribourgeois appréciant les bons cigares, les bières savoureuses, le vin exquis et les lectures diverses sur des sujets géopolitiques épineux. Il épousa Stéphanie qu’il rencontra peu avant son service militaire. Cette dernière lui donna des jumeaux qui le freinèrent dans son élan festif.

    De son côté, Andreas est un colosse zurichois maîtrisant le français, grand amateur de rock’n’roll, de hockey, de femmes, de cocktails exotiques et de

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