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Frayeur: Une enquête de Maïa Aselyn
Frayeur: Une enquête de Maïa Aselyn
Frayeur: Une enquête de Maïa Aselyn
Livre électronique255 pages

Frayeur: Une enquête de Maïa Aselyn

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FrayeurUne enquête de Maïa Aselyn


Roussy, une multinationale québécoise spécialisée dans les chenilles en caoutchouc pour chars militaires, opte pour la délocalisation de sa production de la Chine vers Singapour, en ré

LangueFrançais
Date de sortie3 déc. 2023
ISBN9782982218116
Frayeur: Une enquête de Maïa Aselyn
Auteur

Roger Delisle

Le goût de la lecture qu'il cultive depuis son enfance, l'a conduit à vouloir écrire ses propres récits. Sa vie professionnelle dans l'administration, où il a gravi tous les échelons, ne lui a pas enlevé ses rêves ni sa flamme littéraire.Depuis quelques années, après une carrière fructueuse et souvent essoufflante dans le monde des affaires, il a ralenti ses activités et consacre plus de temps à sa passion, la littérature. Frayeur est son neuvième roman.

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    Aperçu du livre

    Frayeur - Roger Delisle

    Roger DELISLE

    FRAYEUR

    © Roger Delisle, 2023

    DU MÊME AUTEUR

    Rancœur (2020)

    Contrecoups (2015)

    La Saga oubliée (2009)

    La Sanction (2008)

    Le PDG (2000)

    Le Dernier mandat (1998)

    Jake, l’envol du robot (1992)

    Le Mercenaire de LG2 (1987)

    À Celle et Celui qui, comme promis,

    m’ont guidé et inspiré tout au long de ce récit.

    Ce roman vous est dédié.

    Avertissement : toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existés serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une coïncidence.

    CHAPITRE 1

    Le premier projectile griffa le triceps gauche de Maïa Aselyn au moment où elle se penchait vers la vitrine de la boutique Sports Experts à Boucherville, au Québec, afin d’examiner de plus près les nouvelles espadrilles proposées à rabais pour la journée.

    La deuxième balle fracassa la vitrine, engendrant une pagaille et un chaos indescriptible tout autour. Certains criaient, d’autres couraient, mais la plupart se jetaient au sol pour échapper aux rafales de balles qui crépitaient toujours. Il n’était que 9 heures du matin et l’aire de stationnement autour du magasin était bondée de clients qui venaient profiter des offres spéciales de la journée.

    L’arme était probablement munie d’un silencieux efficace, car les seuls bruits de la rafale provenaient du fracas des vitrines brisées. Les réflexes d’ex-policière de Maïa se réveillèrent aussitôt. Elle se plaqua contre le trottoir extérieur du bâtiment cherchant une échappatoire au tireur fou qui semblait jouer au terroriste fanatique. Pourtant, se dit-elle, les tirs semblaient se concentrer autour d’elle et de la porte d’entrée du magasin. Une illusion probablement.

    À terre, elle roula sur elle-même tout en examinant les alentours afin de trouver un abri salutaire. Son œil repéra l’endroit où l’on remisait les poubelles pour le recyclage et les déchets, le long du bâtiment. Elle rampa vers cet espace de stockage, situé à peine à quinze mètres de sa position. Se traînant sur les coudes et les jambes, elle atteignit enfin l’endroit en question. Elle se glissa derrière un bac de recyclage et le prit à bras-le-corps, espérant ainsi ralentir le rythme endiablé de son cœur qui semblait vouloir jaillir de sa cage thoracique. Sa vessie n’avait pas résisté à la terreur qui l’avait envahie et elle se sentait flotter dans l’urine. Elle serra plus fort son nouveau « copain le bac » pour calmer les tremblements nerveux qui balayaient son corps. Le tireur poursuivait ses rafales, perforant les conteneurs, sans toutefois atteindre Maïa, qui s’efforçait de calmer sa respiration et d’apaiser le reflux farouche qui montait de son estomac fragilisé.

    Puis, un calme pesant s’installa, interrompu seulement par quelques cris paniqués de clients tapis, ici et là autour du magasin.

    Reprenant son souffle, Maïa tenta de se relever. C’est à ce moment-là qu’elle ressentit toute la douleur qui émanait de son bras maculé de sang.

    * * * *

    CHAPITRE 2

    À l’intérieur de sa fourgonnette de camping, l’homme, un léger sourire sur les lèvres, contemplait son œuvre avec une certaine fierté, satisfait du chaos qu’il avait déclenché. Il camoufla son arme M16 sous le lit, au deuxième étage de son véhicule, un lieu idéal pour remiser une arme aussi volumineuse. Ce M16, acquis chez un contact précieux à Akwesasne, avait exécuté un travail exemplaire. Avec sa portée de 800 mètres, ce fusil d’assaut muni du silencieux Wall Decal avait répondu à ses attentes. Pas parfait, mais satisfaisant. Le message était maintenant lancé. Clair ! Il l’espérait.

    Assuré de passer inaperçu dans ce brouhaha matinal, l’homme sortit de son véhicule et se mêla à la foule, en questionnant les badauds qui se regroupaient autour des véhicules de police et des ambulances.

    Puis, il identifia l’endroit où se tenait Maïa. Toujours aussi belle ! Plus magnifique encore que sur les photos qu’il avait consultées. Malgré la peur qui crispait ses traits délicats, malgré son bras droit ensanglanté vers lequel les paramédicaux se précipitaient. Pourtant, elle semblait étrangement calme. Il en conclut que ses années dans l’uniforme de la police de Montréal l’avaient sûrement préparé à ce genre de calamités.

    L’officier paramédic¹ releva la manche de sa blouse dans le but de connaître l’étendu des blessures qui la faisait tant souffrir.

    – Je ne crois pas que ce soit grave, dit-elle à l’ambulancier. Ça chauffe et ça saigne un peu, mais je n’ai pas l’impression que la balle a pénétré le muscle.

    – Laissez-moi regarder, répondit-il.

    – Il faudrait que j’appelle mon mari, répliqua-t-elle. Si jamais, il voit ce carnage à la TV, il va paniquer inutilement. Il savait que je devais me rendre ici, ce matin.

    – Bien. On va communiquer avec lui dès que votre plaie aura été examinée.

    – Merci, mais, dites-moi, demanda-t-elle, à part quelques blessés, y a-t-il des victimes plus graves… comme des morts ?

    – Non. On a des vitres éclatées et quelques coupures, ici et là, et… vous.

    – Tant mieux, maugréa-t-elle. Dans ce genre d’agressions, on ne sait jamais, hein ?

    – Ouais ! répliqua-t-il en tâtant le muscle endolori de Maïa.

    La douleur la fit grimacer aussitôt.

    – Hum. Madame, je pense que l’on va devoir vous conduire à l’hôpital. Il vaut mieux prendre des précautions, car votre triceps nécessite des traitements plus poussés que ceux dispensés ici, dans l’ambulance. Vous perdez beaucoup de sang et il faut stopper ça.

    – Merde ! s’écria-t-elle. Est-ce vraiment nécessaire ? J’ai promis à mon patron d’être de retour à dix heures et il est déjà 9 h 45. Et puis, il y a mon mari…

    – Ne vous inquiétez pas, je vais contacter votre époux. Donnez-moi ses coordonnées et je l’informerai de votre état et de l’hôpital où je vais vous conduire. Je lui demanderai de parler avec votre patron, par la même occasion. D’accord ?

    – Pffff

    – De toute façon, vous serez probablement sortie avant la fin de la journée.

    – Si vous le dites !

    * * * *


    ¹ Au Québec, les officiers paramédics sont des professionnels de la santé qui travaillent dans les services préhospitaliers d’urgence (SPU). Leur rôle est de gérer les situations d’urgence et de coordonner les équipes de premiers intervenants.

    CHAPITRE 3

    À l’hôpital Pierre-Boucher de Longueuil, en banlieue de Montréal, dès son arrivée au service des urgences, on conduisit Maïa chez un jeune orthopédiste qui l’examina. Puis, chez un gynécologue.

    – Vous me croyez enceinte ? lui demanda-t-elle.

    – C’était une possibilité. Vous êtes toujours en âge pour ça.

    – En effet, mais pourquoi ?

    – On a décelé des traces de sang dans votre analyse d’urine. Mais, ce sang, de toute évidence, provient de meurtrissures au niveau du vagin lors de vos exercices matinaux forcés…

    – Je vois.

    Elle compléta sa série d’examens par un scan, en salle d’IRM¹.

    À sa sortie, Matt l’attendait. Impatient. Nerveux.

    – Veuillez laisser votre vêtement dans le vestiaire, s’il vous plaît. Ensuite, merci de retourner aux urgences pour réviser vos examens avec le médecin de garde. Il y a quelques points de suture à faire avant votre départ, lui dit la responsable de la salle IRM.

    Tout se passa rapidement. Ses examens ne dénotaient aucune anomalie et le muscle griffé devrait se cicatriser dans les prochains jours. Ils sortirent soulagés, mais Maïa sentait le regard de Matt sur elle, en permanence.

    – Raconte, dit-il, à la minute où les portières de l’auto se refermèrent.

    – Que veux-tu que je te dise, Matt ? Mauvais endroit au mauvais moment. Un simple attentat comme on en voit partout dans le monde.

    Matt Wilson arrêta son véhicule le long du Chemin Tremblay et fixa Maïa un moment.

    – Tu sais à qui tu parles, reprit-il. Je ne suis pas le curé de la paroisse, hein ! Je suis un ex-professionnel de l’espionnage international, recyclé dans le système d’enquêtes des crimes majeurs du Québec. Alors, cesse de me pendre pour un idiot !

    – Mais, je ne te prends surtout pas pour un idiot. Pourquoi ce commentaire ?

    Matt Wilson secoua la tête, la considérant fixement.

    – Quand j’ai su ce qui t’était arrivé, j’ai accouru à l’hôpital et durant cette longue période d’attente, j’ai pu parler avec ton ami, le Capitaine Goulet.

    – Et ?

    – Pour lui, ça rien à voir avec un attentat terroriste.

    – Comment peut-il dire ça ? Contrairement à moi, André n’était pas sur place.

    – Justement, Maïa. Selon les divers rapports des policiers, tout semble indiquer que tu étais la seule visée par cet attentat. Toi, les vitres du Sports Experts et quelques bacs de récupération.

    – Alors, demanda Maïa ? Qu’en dit André ?

    – Il m’a simplement suggéré de discuter avec Frédérick Nolt, ton patron.

    Maïa se retourna vers lui, contrariée.

    – Je vois, maugréa-t-elle simplement.

    – Alors, répliqua Matt. Faut-il que je demande une entrevue avec Frédérick ou peut-on en discuter tous les deux ? À moins que tu me croies trop stupide pour comprendre. Quoiqu’il en soit, je ne laisserai pas, une seconde de plus, la femme de ma vie risquer de se faire agresser. Certes, le tireur t’a manquée cette fois-ci, mais je suis convaincu qu’il va récidiver. Qu’en penses-tu ? Tu m’en parles ?

    – Hum… OK. Je pense avoir l’autorisation de t’informer… Tu sais que le Groupe Roussy fabrique des chenilles militaires à Shanghai.

    – Évidemment !

    – Donc, expliqua Maïa, la semaine dernière, en raison de menaces exercées sur les employés chinois au Québec et en Chine, Frédérick a décidé d’informer la Chine que le groupe fermait son usine dans leur pays pour transférer ses opérations à Singapour.

    – Quel genre de menaces ?

    – Comme pour les députés d’origine chinoise au Canada, on les aurait forcés à effectuer des activités d’espionnage, faute de quoi les membres de leur famille résidant toujours en Chine en auraient subi les conséquences.

    – Je comprends. J’imagine, poursuivit Matt, que la décision de la compagnie n’a pas plu à Xi Jinping, le président du parti communiste. Surtout qu’au Québec, tu as mis en place d’importantes mesures de contrôle pour éviter de tels actes déloyaux de la part des employés chinois.

    – En effet, il a fait savoir que notre décision aurait des conséquences importantes sur les relations politiques entre le Canada et la Chine.

    – Et tu crois, demanda Matt, que l’attentat de ce matin est la résultante de ces conséquences mentionnées par Xi Jinping ?

    – Ça y ressemble, mais qui sait ?

    – Ce qui est certain, Maïa, c’est qu’avec tous les contrôles que tu as implantés, tant en Chine qu’au Québec, tu es directement visée… Mais j’aimerais en discuter avec Frédérick. Après tout, il s’agit de la vie de ma femme, bon sang ! Cette décision de fermer l’usine en Chine doit contrarier sacrément Jinping dans son ambitieux programme de contrôle mondial. J’aimerais rencontrer André Goulet, demain matin pour avoir les dernières informations sur cet attentat. Nous pourrions rencontrer Frédérick, disons en début d’après-midi, pour faire le point. Qu’en dis-tu ? Tu crois que tu seras assez en forme pour ce rendez-vous ?

    – Évidemment. Une simple crise temporaire de frayeur. J’ai vu bien pire dans ma carrière de policière.

    – Je n’en doute pas, répliqua Matt avec un petit sourire narquois. Cependant, tu n’avais pas le même âge…

    – Salaud ! lança-t-elle.

    * * * *


    ¹ IRM : imagerie par résonnances magnétiques.

    CHAPITRE 4

    André Goulet se leva et serra chaleureusement la main de son enquêteur. D’origine américaine, Matt Wilson avait rejoint la Sûreté du Québec, section des crimes majeurs, quelques mois plus tôt, après être tombé amoureux de Maïa Aselyn. Ancien membre des Navy SEALs¹ de l’armée américaine et officier de la Drug Enforcement Administration (DEA), il travaillait désormais sous la direction d’André Goulet, apportant au groupe son expertise précieuse. Il se plaisait au sein de l’équipe et améliorait son français de jour en jour. Par ailleurs, avec Maïa, il formait un couple parfaitement complémentaire.

    – Bonjour Matt, dit Goulet. Comment va Maïa ?

    – Elle semble s’être rapidement rétablie après cette mauvaise expérience.

    – Aucune blessure ? s’informa Goulet

    – Non. Toutes les analyses médicales montrent qu’elle est en très bonne santé. La seule séquelle demeure sa plaie au bras.

    – Sans parler du stress qu’elle a subi, commenta Goulet. Mais Maïa est forte.

    – Vous avez raison, répliqua Matt. Mais nous vieillissons tous et Maïa n’échappe pas à la règle. Depuis quelques jours, je perçois sa nervosité, voire son inquiétude. Ce n’est pas dans ses habitudes.

    – Peut-être que la décision de la Compagnie de fermer l’usine à Shanghai la met mal à l’aise. Toutes ces menaces chinoises…

    – Ouais ! murmura Matt. Vous avez peut-être raison. Mais j’en doute.

    – Vraiment ? Qu’est-ce qui vous chiffonne, alors ?

    – Je ne sais pas trop. Elle est en permanence sur le qui-vive, comme si elle se sentait épiée, surveillée… Mais ce n’est peut-être qu’une impression. Elle m’assure être en pleine forme. Disons que cet attentat arrive à un bien mauvais moment, ce qui risque de l’angoisser davantage.

    – Je vois, dit Goulet. Je vous demande de faire bien attention à elle. Vous savez toute l’affection que j’ai pour votre femme, n’est-ce pas ?

    – Dites-moi, Capitaine, avez-vous obtenu d’autres indices sur le tireur ?

    – Non. Pas pour l’instant. Mais les policiers étudient toutes les caméras de surveillance disponibles sur le site et dans les magasins des alentours.

    – Vous me tiendrez au courant ?

    – Évidemment.

    – Un dernier commentaire, Capitaine. Entre vous et moi, je doute que cet attentat soit le fruit de la dispute avec les Chinois.

    – Vraiment ? s’étonna Goulet.

    – Oui. Selon mon expérience, ce n’est pas leur style. Vous connaissez les principes de Sun Tzu ? Gagner la guerre sans tirer un coup de feu. Après toutes ces années, les Chinois respectent toujours les principes de Mao : agir de façon sournoise et sans éclat visible.

    – Ça viendrait de qui, alors ?

    – Je n’en sais absolument rien et c’est justement ça qui me turlupine le plus.

    * * *

    Quand Matt revint de sa visite chez le Capitaine Goulet, Maïa l’attendait sur le balcon de son condo² du boulevard de Montarville. Allongée sur une chaise longue, elle se faisait dorer au soleil. Derrière ses yeux clos, elle revoyait les évènements de l’attentat du Sports Experts. Quelque chose la tracassait dans cette séquence, mais quoi ? Elle avait beau tourner toutes les phases dans sa tête, il semblait toujours manquer une pièce au puzzle. Pourquoi cet attentat n’avait-il fait aucune victime ? Était-elle spécifiquement visée ? Mais pourquoi elle ? Peut-être la vendetta d’un ancien criminel tout juste libéré de prison qui cherchait à lui faire payer son emprisonnement. Ou des membres de gangs de rue qu’elle avait jadis perturbés et qui cherchaient encore à se venger ? Possible. Pourtant, elle n’arrivait pas à s’en convaincre. Le guet-apens chez Sports Experts était trop bien orchestré. Quelque chose lui échappait, mais quoi ?

    Par ailleurs, était-il possible que les Chinois aient pris le risque de perpétrer une telle agression ? Selon elle, cela semblait davantage relever de gangs de rue que d’un complot impliquant un état communiste comme la Chine. S’agissait-il d’une stratégie de frayeur de la part d’un sacré bon tireur, d’un message destiné à créer de la peur ? Mais de la part de qui ?

    Elle se promit d’en discuter avec le Capitaine Goulet et avec Matt, car les possibilités étaient innombrables. Mais d’après son expérience, cela ressemblait à une vengeance personnelle.

    Quand le klaxon du véhicule de Matt se fit entendre, elle se leva et rejoignit son mari pour leur visite chez Frédérick Nolt.

    * * *

    – Dites-moi, Frédérick s’enquit Matt Wilson, pourquoi avez-vous décidé de transférer vos activités chinoises à Singapour ?

    – Le militantisme du Parti était devenu insupportable. J’étais lassé d’entendre le Président vanter les prouesses du Parti : « Le Parti travaille pour le peuple ; seul le Parti peut apporter la paix aux Chinois ; etc. » Les contrôles étaient devenus harassants et nos employés se sentaient continuellement épiés, contrôlés. On avait l’impression d’avoir perdu toute notre liberté d’action. En plus de tout cela, il y avait les souffrances endurées par les Ouïghours, à prendre en considération. Ils étaient nombreux à travailler chez nous. Il était temps, je crois, de déguerpir de Chine.

    – J’imagine que ça n’a pas enchanté Xi Jinping.

    – Évidemment. Ainsi, après cette décision, nos employés tant en Chine qu’ici au Québec, ont commencé à recevoir des menaces. Ce qui nous a forcés à doubler nos contrôles afin d’éliminer ces dernières. Maïa a fait un travail formidable pour calmer le stress de nos employés chinois. Mais, je suis convaincu que les pressions n’ont pas vraiment cessé et certains employés craignent toujours pour leurs parents vivant en Chine.

    – Je vois. Qu’avez-vous l’intention de faire ?

    – Rien. Nous avons érigé des murs de protection pour pallier les ingérences, mais nous ne pouvions pas suivre nos employés jusqu’à l’intérieur de leur demeure. Le seul remède était de partir ailleurs. Voilà pourquoi nous nous sommes tournés vers Singapour.

    Le silence s’écrasa sur la salle de conférence donnant l’occasion à Maïa et Matt de s’éclipser.

    * * * *


    ¹ Les Navy SEALs sont une unité d’élite de la marine américaine, spécialisée dans les opérations de reconnaissance, de sabotage et de contre-terrorisme.

    ² Au Québec, un condo désigne un logement dans une résidence en copropriété.

    CHAPITRE 5

    Le lendemain

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