La Fille du Roi de la vase

Par H.C. Andersen

De génération en génération les cigognes se racontent et se transmettent des histoires. Il y en a deux qui reviennent plus souvent que les autres : la première est celle de Moïse, que beaucoup d'entre nous connaissent, la seconde est plutôt méconnue. Cette histoire-là remonte à il y a très longtemps, lorsqu'un papa cigogne rejoignit maman cigogne pour lui raconter la scène épouvantable dont il avait été témoin dans le marais…

• Langue: Français
• Éditeur: SAGA Egmont
• Date de sortie: 12 févr. 2021
• ISBN: 9788726239447

Aperçu du livre

La Fille du Roi de la vase

Traduit par P. G. la Chasnais

Titre Original Dyndkongens datter

Langue Originale: Danois

Image de couverture: Shutterstock

Copyright © 1858, 2021 Hans Christian Andersen et SAGA Egmont

Cet ouvrage est republié en tant que document historique. Il contient une utilisation contemporaine de la langue.

ISBN: 9788726239447

1ère edition ebook

Format: EPUB 3.0

Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée/archivée dans un système de récupération, ou transmise, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, sans l'accord écrit préalable de l'éditeur, ni être autrement diffusée sous une forme de reliure ou de couverture autre que dans laquelle il est publié et sans qu'une condition similaire ne soit imposée à l'acheteur ultérieur.

www.sagaegmont.com

Saga Egmont - une partie d'Egmont, www.egmont.com

LA FILLE DU ROI DE LA VASE

Les cigognes racontent à leurs petits quantité de contes, tous sur les marais et les étangs; ils sont habituellement appropriés à l’âge et à la compréhension; les plus jeunes sont satisfaits si on leur dit: patati, patata, boum! Ils trouvent cela magnifique, mais les aînés veulent qu’il y ait un sens plus profond, ou du moins quelque récit sur leur famille. Nous connaissons tous l’un des deux contes les plus longs et les plus anciens qui se soient conservés chez les cigognes: celui qui parle de Moïse, exposé sur les eaux du Nil, et trouvé par la fille du roi; il reçut une bonne éducation, devint un grand homme et on ne sait où il fut enterré! C’est tout à fait ordinaire!

L’autre conte n’est pas encore connu, peut-être parce qu’il est presque de chez nous. Depuis les centaines d’années que les mères cigognes se le transmettent et que chacune l’améliore, c’est maintenant une histoire parfaite que nous pouvons vous raconter.

Le premier couple de cigognes qui narra cette histoire et y prit part avait sa résidence d’été sur la maison en rondins du viking en haut de la lande marécageuse de Vendsyssel; c’est dans le département de Hjöring, non loin de Skagen, dans le Jylland, s’il faut parler en savant; c’est encore un immense marais, comme on peut le lire dans la description du département. La mer venait jusque-là, mais le fond s’est élevé, dit-on: le marais s’étend sur des lieues, entouré de tous côté par des prés humides et des terrains fangeux avec des tourbières, des mûres sauvages et des arbres rabougris; presque toujours un brouillard flotte au-dessus, et voilà soixante-dix ans on y trouvait encore des loups; on peut bien parler de « la lande marécageuse», et l’on peut imaginer ce que c’était il y a mille ans, combien de lacs et de marais il y avait là! oh, dans le détail on y voyait alors ce que l’on voit encore: les joncs avaient la même hauteur, les mêmes larges feuilles et les fleurs empennées brun violet qu’ils portent toujours; le bouleau se dressait avec son écorce blanche et ses fines feuilles tombantes comme aujourd’hui, et quant aux êtres vivants, le manteau de gaze de la mouche était taillé comme aujourd’hui, les couleurs de la cigogne étaient le blanc mêlé de noir avec des bas rouges; en revanche, les humains avaient alors des costumes d’une autre coupe que maintenant, mais tous, qu’ils soient esclaves ou chasseurs, s’ils marchaient dans les fondrières, il y a mille ans comme aujourd’hui, s’affaissaient et s’enfonçaient chez le roi de la vase, comme on l’appelait, qui régnait en bas, dans le grand royaume du marais. On l’appelait aussi le roi des fondrières, mais il nous paraît mieux de dire le roi de la vase, et c’est aussi le nom que lui donnaient les cigognes. On sait peu de chose sur son gouvernement, mais c’est peut-être préférable.

Près de la lande, tout au bord du Liimfjord, était la maison en rondins du viking, sur une cave empierrée, avec une tour et deux étages; tout en haut du toit la cigogne avait bâti son nid. La mère cigogne couvait des œufs, elle était sûre qu’ils réussiraient.

Un soir, le père cigogne resta longtemps absent, et lorsqu’il revint chez lui, il avait l’air tout ébouriffé et pressé.

— J’ai une histoire effrayante à te raconter! dit-il à là