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Du seul Mikado, il existe une cinquantaine de versions enregistrées et filmées, dont Der Mikado, Jazz Mikado, El Mikado (espagnol et catalan), Yiddisher Mikado, Black Mikado, A Mikádó (TV Hongroise, 1974). Comment un « canon » aussi drôle et musicalement somptueux a-t-il échappé à l’attention française ?
Présentant l’article que Bernard Shaw consacrait à Sullivan¹, Georges Liébert attribue cette étourderie à l’absence d’un « un bon traducteur adaptateur » capable d’« acclimater » ces œuvres « dans la patrie d’adoption d’Offenbach dont elles constituent la descendance la plus réussie »². Hypothèse, hélas ! plausible.
Les quatorze opéras-comiques des « G&S » (ainsi nomme-t-on l’illustre duo) sont le fruit d’une alliance improbable entre deux esprits singuliers. Avant de croiser son partenaire, Sir William Schwenck Gilbert signe des « burlesques » et autres « extravaganzas » théâtrales, tout en commettant par douzaines de petits poèmes facétieux (Bab Ballads), tirelire de ses futurs livrets.
Sir Arthur Seymour Sullivan compose l’hymne « » et tient toute sa vie (très active) le rôle du « grand espoir de la musique britannique », destiné au Royal Albert Hall plutôt qu’au musichall. Point faits pour l’amitié pour cause de tempéraments incompatibles, tous deux auront vécu un ardent « amour professionnel » sous la bénédiction de l’habile imprésario Richard D’Oyly Carte. Outre l’instinct théâtral, qu’ils partagent, chacun apporte à cette union des vertus propres à l’autre : Sullivan, humour et imagination; Gilbert, intuition musicale et souplesse métrique, ce qui en fait un parolier de rêve. Chaque strophe que Gilbert envoie à Sullivan semble un message codé que le compositeur déchiffre au premier regard avant d’y verser son génie mélodique – mais aussi la science acquise à la Royal Academy et au »