Mâchoires serrées, le général Benoît Puga ne décolère pas. Ses filles jumelles (il a 11 enfants) harcelées par des journalistes, les noms de trois de ses fils cités dans la presse et son téléphone qu’il suppose sur écoute – un comble pour celui qui fut, entre autres prestigieuses fonctions, le directeur du renseignement militaire et le chef de l’état-major particulier des présidents Nicolas Sarkozy puis François Hollande. En avril, le retraité, 71 ans, a choisi de démissionner de sa mission de déontologue – deux jours par semaine – au sein du groupe AG2R La Mondiale ; comment assurer ce travail, entamé voici quatorze mois ? Intenable, quand un vent soupçonneux bruisse autour de soi. Le général cinq étoiles, grand-croix de la Légion d’honneur, 16e personnage de l’Etat, est blessé. Il gronde que les doutes sur sa probité relèvent de la calomnie, une cabale dont il assure sortir, demain, bientôt, tête haute et honneur immaculé. En attendant, ces soupçons corrodent l’institution créée par Napoléon. Jamais un grand chancelier ne fut le sujet d’une enquête préliminaire, comme celle ouverte ce printemps par le Parquet national financier pour des chefs de « corruption », de « trafic d’influence » et de « prise illégale d’intérêts » ; jamais un grand chancelier ne vit son domicile perquisitionné, ses archives saisies, ses vacances scrutées et les jobs de ses en fants décortiqués.
Tout démarre à l’automne sur le site Mediapart, qui pointe « la pluie de décorations » dont auraient bénéficié, entre 2016 et 2023, douze proches d’un chef d’entreprise, Jean-Pierre Ban sard, dont six dans le contingent du général. Le site débusque en outre une mission conduite par un fils Puga sur un chantier du