lors que le Génie s’affaire à contrer les effets foudroyants de la mélinite, Eugène Turpin tente de tirer profit de son invention. En effet, s’il a vendu l’exploitation de son brevet à la France, il ne s’est engagé à garder le. Son pourvoi en cassation rejeté, Turpin est incarcéré… tandis que le gouvernement est accusé de ne pas protéger les secrets militaires. Par patriotisme, et aussi contre le gouvernement républicain, les milieux nationalistes apportent leur soutien au prisonnier, faisant basculer l’opinion publique. Le 11 avril 1893, grâce à l’entrée en fonction d’un nouveau gouvernement, Eugène Turpin est gracié par le président de la République. Mais ses aventures judiciaires ne sont pas finies! S’inspirant de l’affaire, Jules Verne élabore en 1896 un personnage peu flatteur pour son roman . Vexé, Turpin traîne l’écrivain et son éditeur en justice pour diffamation. Le procès qui s’ouvre à la fin de l’automne 1896 fait la joie des journalistes, d’autant que les deux hommes sont au faîte de leur célébrité et que le romancier est défendu par l’avocat Raymond Poincaré qui, à 36 ans, est en pleine ascension politique. Mais si les juges reconnaissent que Verne s’est inspiré de la personnalité et des actes de Turpin, ils ne constatent aucune intention de nuire… Turpin s’acharne, perd encore, puis renonce — laissant Émile Zola s’inspirer à son tour de son histoire pour , en 1898. Le chimiste se consolera en 1914, quand il sera porté au rang de héros national pour avoir offert la mélinite à la France.
