« Un investisseur rationnel n’ira pas prendre de risque aujourd’hui avec la Nouvelle-Calédonie. C’est un véritable bourbier. » Alors que les soubresauts du Caillou font ressurgir les mauvais souvenirs de la quasi-guerre civile qui l’a secoué entre 1984 et 1988, nombre d’experts jettent un regard sévère sur la réalité économique calédonienne. « Ce territoire est l’illustration parfaite de la théorie sur la malédiction des matières premières », déplore le spécialiste Philippe Chalmin, coordinateur du rapport Cyclope dédié au marché des ressources naturelles utilisées dans l’industrie. Si l’archipel détient entre 20 et 30 % des réserves mondiales de nickel, il ne pointe qu’à la troisième place mondiale des plus gros producteurs, à des années-lumière de l’Indonésie et loin des Philippines. Une place qu’il échange régulièrement avec la Russie et le Canada.
A l’image du Venezuela, de l’Algérie, de la Libye et du Congo, tous richement dotés en matières premières, le territoire peine à créer les conditions de la prospérité. En témoignent les difficultés rencontrées par les trois grandes usines de transformation sur l’île : la Société Le Nickel (SLN) localisée à Nouméa, dont l’actionnaire majoritaire est Eramet, Koniambo Nickel SAS (KNS) en province Nord et Prony Resources Nouvelle-Calédonie (PRNC), située vers la pointe sud. Sortir de l’ornière ne sera pas simple. La doctrine locale s’oppose aux désirs d’exportations des industriels.